Actualités :: Evacuation sanitaire à l’extérieur du Burkina : la voie marocaine (...)
Pr Jean-Gabriel Ouango

Le conseil des ministres du 14 mars 2007 a examiné et adopté un rapport relatif à la préparation de la mise en œuvre de la convention sur les évacuations sanitaires des patients burkinabè vers les hôpitaux publics du Royaume du Maroc.

Dans cet entretien qu’il nous a accordé, le secrétaire général du ministère de la Santé, Jean-Gabriel Ouango explique entre autres, pourquoi le choix du Maroc, comment se font les évacuations et qui peut en bénéficier.

Sidwaya (S.) : Comment se font les évacuations sanitaires hors du Burkina ?

Pr. Jean Gabriel Ouango (J.G.O.) : D’abord, faisons un bref rappel de la politique des évacuations sanitaires. Les hôpitaux burkinabè avec ce qu’on a comme possibilités, restent limités dans la prise en charge des pathologies générales ou spécifiques et surtout spécialisées. Le gouvernement, depuis un certain nombre d’années, a donc fait exception à la règle de prise en charge. Et ce, depuis 1987 où il y a eu la mise en place d’un conseil national de santé chargé d’étudier et d’harmoniser les problèmes d’évacuation sanitaire.

En général, ces évacuations se font vers les pays où il y a une technologie supérieure à la nôtre. A l’époque, on évacuait à Abidjan, en France, rarement vers l’Amérique. L’évacuation sanitaire se fait sur la base d’un dossier élaboré par le médecin traitant. Le dossier est soumis au collège des médecins, puis au Conseil national de la santé.

S. : Pourquoi le choix du Maroc maintenant ?

J.G.O. : Beaucoup de nos spécialistes sont formés au Royaume du Maroc. Nous connaissons parfaitement le système médical marocain : les plateaux techniques et les spécialistes marocains sont très excellents. Les coûts d’évacuation vers le Maroc sont aussi abordables. Enfin, la coopération médicale entre le Burkina Faso et le Maroc nous a donné confiance. Ainsi, les évacuations sanitaires vers le Maroc présentent à l’évidence, des avantages au triple plan médical, financier et humain.

S. : Finies donc les évacuations vers les hôpitaux européens comme « Val de Grâce » ?

J.G.O. : Non. Le Burkina Faso continuera à évacuer vers les hôpitaux français ou américains. Nous continuerons davantage à chercher d’autres horizons pour sauver nos malades. Cependant, si une pathologie peut être soignée au Maroc où à Paris, nous nous enverrons le patient atteint de cette pathologie au Maroc.

Avant 2000, l’hôpital Yalgado n’avait pas de scanner et nous envoyions nos malades à Abidjan. De même, tant que notre neurochirurgien n’est pas débordé, nous n’enverrons pas nos malades pour des cas de neurochirurgie à Paris. La politique actuelle est de renforcer nos structures pour diminuer les évacuations. Nous sommes en train de créer un centre anti-cancer. Avec ce centre, les opérations de cancer se feront à Ouagadougou.

Les spécialistes sont en formation et pourront dans les années à venir, faire la chimiothérapie et la radiothérapie. Tout cela pour atteindre l’objectif « évacuation zéro ».

S. : Qui peut bénéficier d’une évacuation sanitaire ?

J.G.O. : Aucun dossier d’évacuation n’est fait par le ministre de la Santé, son secrétaire général, ni même le conseil général de la santé et la direction générale des hôpitaux. Le médecin traitant en face d’une pathologie estime qu’il est impossible de sauver le malade avec les plateaux techniques disponibles et formule un dossier d’évacuation. Ce dossier est soumis au collège de médecins et ensuite au conseil général de la santé pour adoption. Pour les statistiques des trois dernières années, nous avons évacué en 2004, 53 personnes, 77 personnes en 2005 et 54 en 2006. Parmi les évacués on retrouve des élèves, des fonctionnaires, des ménagères, des retraités et des enfants.

S. : Pourquoi pas des cultivateurs ?

J.G.O. : Il ya trois raisons. D’abord, ce sont les médecins spécialistes qui font les dossiers et non les infirmiers des CSPS. Généralement, ceux qui viennent aux médecins sont les populations des grandes villes. La population périphérique vient chez les médecins tardivement après de graves complications. C’est généralement ceux qui ont été à l’école ou qui sont dans les milieux urbains qui viennent tôt chez les spécialistes. Enfin, il ya une très mauvaise fréquentation des formations sanitaires par la population rurale, la moyenne nationale est de 0,32%.

Le paysan malade ne se présente pas automatiquement dans une formation sanitaire, il va tenter de se soigner par d’autres moyens. Nous ne mettons pas les paysans de côté. Personne n’est mis de côté, n’importe quel citoyen burkinabè peut bénéficier d’une évacuation. La politique du gouvernement est d’œuvrer à mettre des spécialistes à la disposition de toute la population.

S. : Quelles sont les pathologies les plus concernées par les évacuations ?

J.G.O. : En premier lieu, il y a la cardiologie et la neurochirurgie. Nous avons un spécialiste en neurochirurgie mais l’équipement performant fait défaut. Après, vient la traumatologie, surtout les prothèses de hanche. Enfin, les malades de cancer ne sont envoyés à l’étranger que pour la radiothérapie et la chimiothérapie.

S. : Quel est le budget annuel des évacuations sanitaires ?

J.G.O. : Le gouvernement met chaque année à la disposition du ministère de la Santé, un budget de 800 à 900 millions de F CFA. Mais ce budget est extensible. En fonction de certaines pathologies, le ministère de la Santé peut solliciter une extension du budget afin de couvrir les besoins. Ce qui est sûr, on dépense moins d’un milliard de F CFA.

S. : Le patient doit-il contribuer à son évacuation ?

J.G.O. : Oui. Mais la participation du patient est dérisoire. Elle est règlementée par l’arrêté interministériel n°2005/205/MS/MFB. Ainsi il y a un taux pour les commerçants, les élèves, les enfants. Pour les indigents, on ne leur réclame rien du tout. Pour la participation des agents de la Fonction publique aux frais de leur évacuation sanitaire, le précompte sur le salaire, sur une base mensuelle, se fait par retenues à la source, après émission d’un ordre de recette par le ministère chargé des Finances, à la demande du ministère de la Santé. Ce précompte est effectué dès le retour de l’évacué sanitaire. En cas de décès d’un patient évacué, les modalités de participation prévues demeurent nulles et de nul effet.

S. : Des médecins estiment que les évacuations sanitaires ne font pas leur promotion. Quel est votre avis ?

J.G.O. : Le ministre ne formule pas les dossiers d’évacuation sanitaire. Ce sont les médecins eux- mêmes qui les formulent. Cependant, nous sommes conscients qu’il faut renforcer les structures sanitaires afin de permettre à nos spécialistes de mieux travailler sur place. Dans cet objectif, il sera construit un centre hospitalier universitaire avec un équipement performant. Ce centre résoudra un tant soit peu les préoccupations des spécialistes.

Boureima SANGA

Sidwaya

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