Actualités :: Chefferie traditionnelle en pays mossi : Une “Napoaka” intronisée à (...)

“Connaissez-vous cette femme ? “Cette femme a-t-elle des relations difficiles avec les gens ? “Cette femme sait-elle tenir sa langue ? “A vue d’œil, cette femme mérite t-elle d’être intronisée ?” Telles étaient entre autres les questions que Naba Saaga, chef de Issouka, par porte-parole interposé, a posées à l’assistance massée dans l’enceinte de la cour du palais, à Koudougou, le 3 février dernier.

Les réponses à toutes ces questions étaient plutôt favorables à Mme Thérèse Kaboré, épouse Yaméogo, prétendante au tout nouveau trône des femmes créé de toutes pièces par Naba Saaga, du reste, dans son aspect intronisation.

La soixantaine, Mme Kaboré est l’épouse de M. Yabré Yameogo, originaire de Issouka. Elle est mère de 5 enfants sur 10 maternités et vit dans l’ancien quartier depuis plus de 50 années. Par cette matinée du 3 février, Mme Kaboré épouse Yaméogo s’est rendue au palais, accompagnée d’un grand groupe de femmes, avec un panier plein de soumbala, un autre d’arachides et une poule, ce sont ses présents au chef de Issouka, pour "chercher le naam" celui qui allait lui permettre de régner désormais sur les femmes de la localité. Elle s’appelle désormais Napoaka Ziiri.

Acclamée par la foule présente, portée en triomphe par un groupe de femmes, elle a officiellement accédé à ses nouvelles fonctions après qu’elle eut dit de vive voix “Oui, je le pourrai”, et cela quatre fois comme la coutume l’exige pour les femmes, qu’elle était apte à assumer le rôle de chef des femmes.

La nouvelle reine souhaite pour ses sujets, la santé des femmes, des enfants, et se déclare disponible à prodiguer ses conseils à tous. Saluant au passage les hommes, “chefs de nos ménages, sans qui, il manque quelque chose dans le foyer”, elle a demandé aux “concasseurs” de ne pas endommager ce qui vient d’être bâti.

Naba Saaga, à l’état civil Modeste Yaméogo, chargé du plaidoyer à l’UNICEF, a remis à la nouvelle reine des cadeaux symboliques : d’abord, un panier, pour y jeter tout le linge sale du royaume et assainir ainsi l’atmosphère ; ensuite, une calebasse et une louche. Avec la calebasse, elle puisera l’eau de la vie pour les enfants et toute la population, eau qui servira également à éteindre les foyers de tension. La louche, elle, devrait être utilisée pour puiser et distribuer la nourriture à tous dans la cité.

Cette intronisation riche d’émotions et de rythmes s’est déroulée devant des invités de marque, notamment, maître Benoît Sawadogo, ancien bâtonnier et président de l’Association Burkina-France et des membres de sa famille, et les différentes autorités administratives notamment le haut-commissaire de la province, les chefs traditionnels et coutumiers de la province du Boulkiemdé et la ministre des Droits humains, Mme Monique Ilboudo.

Evoquant Yennenga, la princesse qui fut à l’origine du royaume mossi, et qui est tombée ensuite dans l’oubli sans que l’on ne sache trop pourquoi, Mme la ministre a rappelé le courage et l’intrépidité de cette amazone dans sa lutte pour une vie meilleure des siens. Cela a été possible parce qu’on avait su lui accorder un certain statut.

Elle a repris un proverbe moaga qui dit en substance que le crocodile devrait s’adapter aux courbes de la rivière pour bien se mouvoir, et que l’on ne devrait pas continuer à prôner les droits de la femme, et demeurer fermé sur soi-même. “L’évolution est faite d’innovations. Parfois, nous restons figés sur notre culture en pensant qu’on ne pouvait pas changer. Nous devons adapter nos réalités à notre monde.

Cette cérémonie représente un moment historique, une première en matière de droits de la femme, et c’est la raison pour laquelle, j’ai tout fait pour être là”, a-t-elle déclaré.

Vision bien partagée ce jour à Issouka, qui a également vu l’intronisation des cinq (5) chefs de zones de ce premier quartier de Koudougou. Chacun des hommes a reçu une lance pour lutter contre la pauvreté, la maladie et l’ignorance. Ils ont promis de travailler avec l’appui de tous pour y parvenir, afin que la culture et les traditions soient aussi un bon levier pour le développement et cessent d’être vues seulement comme des pratiques rétrogrades.

Rappelons que de grands pays comme le Japon, l’Inde etc. se sont appuyés sur leur tradition et la richesse de leur culture pour être aujourd’hui des pays modèles.
Ces vaillants représentants de Naba Saaga ont été très acclamés par les habitants qui n’ont pas marchandé leur participation à toutes ces intronisations.

Intronisé lui-même en 2005 par Son Excellence, le Naba Saneem, chef de Laalé , Naba Saaga vient ainsi d’amorcer avec le soutien et la grande compréhension de sa hiérarchie, un tournant très significatif dans la vie de sa juridiction qu’il voudrait ouverte, active et participant à la promotion de la femme et à la lutte contre la pauvreté pour le bonheur de la population.

Françoise KABORE TIENDREBEOGO

Sidwaya

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