Mme Bony a organisé une conférence de presse pour annoncer la rupture de son "jeûne", dans l’après-midi du 13 avril 2004. Cela fait suite à la demande de l’ambassadeur des Etats-Unis, M. J. Anthony Holmes, la société civile burkinabè, y compris les ONG et associations tels que le Tocsin et l’association des victimes, ayants droit des victimes et rapatriés (AVAVR/CI).
"Chez nous, en Afrique lorsque tu entreprends une action et que tout le monde te demande d’arrêter, il faut obéir. De plus, l’ambassadeur des Etats-Unis, les ONG et associations, mes consœurs et la société civile me préfèrent vivante pour mener la bataille". C’est ce que Mme Bony a confié à la presse.
Toutefois, elle a soutenu qu’elle ne baisse pas les bras. Au contraire, elle pense engager la lutte sur un autre terrain. "La lutte continuera tant que les génocidaires seront au pouvoir. Gbagbo ne peut plus assurer la transition. Par ce que ses mains baignent dans le sang".
Mme Bony a, par ailleurs, souligné qu’elle est à sa cinquième correspondance. Ma première correspondance au président américain Bush remonte au 14 mai 2003. Mais à l’issue de ma cinquième lettre, j’ai décidé de faire la grève de la faim.
Justification de la grève de la faim
"Je ne peux pas prendre des armes. J’ai crié en vain. J’ai même adressé des lettres au président Chirac et au président Bush. La grève de la faim a été le seul moyen pour moi de me faire entendre. Actuellement, je suis comblée mais la lutte continue". Mme Bony a rassuré la presse qu’elle sera informée des activités ultérieures qu’elle compte entreprendre.
Mme Bony visiblement satisfaite de la grève de la faim, a révélé que ce fut une belle occasion pour elle de compatir aux souffrances de Jésus Christ, pendant la semaine sainte. "Je l’ai suivi avec ma croix".
Le premier conseiller de l’ambassade des Etats-Unis, M. Eric Benjaminson a dit être très heureux du fait que Mme Bony ait mis fin à sa grève. Il a aussi affirmé que les Etats-Unis accepte la responsabilité de prendre soin de la Côte d’Ivoire tout en insistant que : "Notre politique est de soutenir les accords de Linas-Marcoussis tant du côté de Gbagbo que des Forces nouvelles".
Aimée Florentine KABORE (Kaborette@yahoo.fr)
Lettre de l’ambassadeur des Etats-Unis au Burkina à Mme Bony
A Mme Bernadette Bony Présidente de l’ONG Concorde
Madame,
Je voudrais vous informer que votre correspondance a été transmise à Washington. Le gouvernement américain déplore aussi les violences commises récemment en Côte d’Ivoire. Nous sommes particulièrement préoccupés par les rapports qui font état de nombreux morts résultant non pas de la confrontation dans la rue mais d’exécutions sommaires les jours qui ont suivi le 25 mars. Nous avons exprimé nos sincères condoléances aux victimes et à leurs familles.
Nous croyons que les accords de Linas-Marcoussis sont la meilleure solution à poursuivre afin d’éviter à l’avenir des souffrances et des pertes en vie humaines. Le gouvernement américain a appelé toutes les parties à reprendre leur participation dans le gouvernement de réconciliation nationale et à remettre la Côte d’Ivoire sur le chemin du développement, de la paix et de la stabilité.
En particulier, nous avons appelé toutes les parties y compris le président Gbagbo et les Forces nouvelles à fixer un calendrier pour la mise en œuvre des lois sur la nationalité et de la réforme foncière qui ont été soulignées par les accords de Linas-Marcoussis, de commencer le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration afin de restaurer l’administration civile à travers tout le pays pour la préparation des élections.
La communauté internationale se tient prête à assister la Côte d’Ivoire, mais c’est au peuple de la Côte d’Ivoire et à leurs dirigeants de restaurer la paix et la stabilité en appliquant les accords de Linas-Marcoussis qu’ils ont signés en 2003.
J’espère que vous voyez que je partage votre grave préoccupation pour les récents événements survenus ces derniers jours en Côte d’Ivoire, mais pour éviter une autre tragédie, je vous exhorte à mettre fin à votre grève de la faim.
Tout en espérant être entendu, je vous prie d’agréer, Madame, l’expression de ma très respectueuse considération.
J. Anthony Holmes
