L’affaire remonte au vendredi 1er décembre dernier lorsqu’aux environs de minuit, des cris stridents alertèrent les habitants du quartier Ouezzinville et singulièrement les voisins de monsieur S.A. Celui-ci venait d’être mortellement poignardé par son propre fils.
La raison : une photo que détenait le jeune homme, âgé d’une vingtaine d’années et que le défunt père tenait coûte que coûte à lui confisquer.
Cruel destin pour ce fonctionnaire à la retraite qui n’imaginait pas un seul instant que sa colère allait finalement lui être fatale dans ce bras de fer qu’il venait d’engager avec son fils. Selon des témoignages que nous avons recueillis sur place, tout a commencé dans la mi-journée de vendredi, lorsque le père surprit son enfant en possession d’une photo : celle de sa mère qui l’avait quitté depuis son bas âge, répudiée qu’elle a été par son mari.
Monsieur S.A. exigea alors de l’enfant de lui restituer ladite photo. Ce que le jeune homme refusa de faire sans toutefois broncher malgré les menaces incessantes de son père. Après une période d’accalmie, la colère refait surface et la tension monte de nouveau. Le jeune homme sera finalement contraint de déserter la cour pour n’y revenir que tard la nuit.
Et c’est là qu’il surprendra son père en train de procéder à une fouille minutieuse de sa chambre. Sa seule présence aurait suffi à irriter de nouveau S.A. qui allait faire encore une fois dans l’escalade verbale. Plus rien ne semblait pouvoir l’arrêter dans sa volonté de récupérer cette photo par laquelle il semblait plus que jamais obnubilé.
Et c’est dans cette atmosphère aussi délétère que les choses vont finir par dégénérer entre les deux protagonistes. Dans sa furia, S.A. s’empara d’une cravache et se mit à en frapper son fils qui, au dire de témoins, demeura stoïque pendant un bon bout de temps. Ce qui irrita davantage le père qui se décida cette fois-ci à en finir avec sa victime. S.A. reviendra à la charge, armé d’un couteau.
La suite fut tout simplement dramatique dans cet accrochage où le fils a vite fait de comprendre que sa vie était en danger. La lutte qui s’en est suivie sera fatale au père qui se retrouvera au sol, le couteau planté dans le ventre. Il rendit l’âme quelques instants après à la grande stupeur des habitants de la cour. Acte prémédité ou légitime défense ?
Des questions qui laissent perplexes bien de gens à Ouezzinville, encore sous le choc de ce terrible drame. Mais au fait pourquoi tant d’acharnement du père pour cette photo ? Avait-il choisi de rompre à jamais les liens entre le fils et sa mère ou n’avait-il toujours pas fini de digérer la haine viscérale qu’il semblait nourrir à l’encontre de son ex-femme après tant d’années de séparation ?
Bien malin qui saura répondre à toutes ces questions. Toujours est-il que S.A., qui aurait de nombreux enfants de mères différentes, s’en est allé avec son secret. Il a été inhumé dimanche dernier au cimetière de Ouezzinville.
Jonas Apollinaire Kaboré
Observateur Paalga
