Actualités :: REN-LAC : Nouvelle équipe, nouvelle dynamique

Le phénomène de la corruption avance à grandes enjambées
au Burkina. Mais le Réseau national de lutte anti-corruption
(REN-LAC) attaque et contre-attaque, espérant clouer au pilori
cette gangrène. Du 26 au 27 mars, les membres du Réseau ont
fait le bilan de leurs activités et entamé un nouvel élan. Moctar
Zonou de la Fondation Aimé Nikièma pour les droits de
l’Homme (FANIDHO) occupe désormais les rênes du
REN-LAC.

Diagnostics, déclarations d’intention... mais pas "d’amélioration
notable de la situation, ni une volonté politique réelle de lutter
contre le phénomène de la corruption", note le Secrétaire
permanent sortant du REN-LAC, Dieudonné Yaméogo. Des
sondages réalisés par le Réseau en 2003 montrent que la
situation est préoccupante dans plusieurs secteurs de la vie
nationale. Des exemples ? il y en a à la pelle. Les secteurs de la
douane, des marchés publics, de la police-gendarmerie et de
l’administration publique tiennent le haut du pavé.

Et ce n’est
pas tout : "les domaines de la santé et de l’éducation
enregistrent les plus fortes détériorations", souligne M. 
Yaméogo. Elles sont respectivement passées de la 10e place
en 2000 à la 2e en 2003 et de la 11e à la 6e.
50% des personnes enquêtées estiment que les pratiques de
corruption existent le plus au sein du gouvernement. Pire, la "loi
du silence" est une règle d’or dans ce secteur, si l’on en croit le
REN-LAC. 67% des sondés estiment que le "gouvernement ne
lutte pas contre la corruption".

Et l’Assemblée nationale ? 76%
des personnes interrogées se disent convaincues qu’elle "ne
joue pas son rôle".
Le secteur privé est également épinglé. Selon les enquêtes du
REN-LAC, "97% des fournisseurs sont prêts à verser des
pots-de-vin pour avoir des marchés et 82, 6% à effectuer des
surfacturations". Il y a donc urgence en la demeure. C’est
d’ailleurs pourquoi, le Réseau a décidé de mettre en oeuvre de
nouvelles stratégies de lutte contre ce fléau.

Dans cette optique,
il a organisé en décembre dernier, les premières journées
nationales du refus de la corruption. Il a adressé au
gouvernement, à cette occasion, un mémorandum "sur
l’impérieuse nécessité de formuler des mesures concrètes
contre la corruption". Cette initiative s’inscrit dans le cadre du
plan d’action 2003-2007 du REN-LAC.

Des prêts non remboursés

L’assemblée générale du Réseau a permis d’ausculter 4 axes
principaux : les actions de lutte contre la corruption, le
renforcement des capacités institutionnelles et
organisationnelles, le développement et le renforcement du
partenariat stratégique ainsi que la mobilisation des
ressources.
Le REN-LAC a décidé d’entamer un nouvel élan de croisade
contre la corruption. Mais ce combat doit être une affaire
commune. Dieudonné Yaméogo a évoqué à ce sujet, le
"diagnostic sans complaisance de la situation par le Comité
national d’éthique. A cela s’ajoute la mise à nu de certains
dossiers sales de l’Inspection d’Etat par la Haute autorité de
lutte contre la corruption.

Elle a révélé des pertes d’une valeur
globale de trois milliards de FCFA pour l’Etat burkinabè. Et puis,
il y a eu la 4e Table-ronde des partenaires techniques et
financiers du Burkina qui a abordé, "sans complaisance, la
problématique de la corruption et de la fraude", reconnaît M. 
Yaméogo. La Cour des comptes a aussi tapé du poing sur la
table. Elle a révélé que les "prêts consentis aux membres du
gouvernement et aux députés ne sont pas remboursés
correctement".

Le taux de recouvrement, selon le rapport 2001
de la Cour des comptes, est de "26,99% pour les prêts
consentis aux membres du gouvernement et de 2, 57% pour les
députés", relève le REN-LAC. La Cour précise que "certains
députés n’ont pas soldé le prêt d’une législature antérieure et
ont souscrit à celui d’une autre. D’autres n’ont jamais remboursé
leurs prêts".

Bref, les actions sont multiples. Mais la corruption
continue de dicter sa loi. Le REN-LAC n’entend pas non plus
baisser les bras. Pour réussir ce pari, il faut un engagement
collectif. C’est la conviction du nouveau Secrétaire permanent du
Réseau, Moctar Zonou. Et il entend s’y investir pleinement.


Le nouveau Bureau du REN-LAC

- Secrétaire permanent : Moctar Zonou (FANIDHO)

- Secrétaire permanent adjoint : Blaise Sondo (MBDHP)

- Secrétaire à l’Information et à la Communication : Pierre Dabiré
(AJB)

- Secrétaire chargé des enquêtes : Célestin Bitibali (USTB)

- Secrétaire chargé des études et du contentieux : Victor Kafando
(ACAT)

- Trésorier principal : Mafing Kondé (MBDHP)

- Trésorier adjoint : Claude Wetta (CGTB)


Dieudonné Yaméogo, président d’honneur

Le premier Secrétaire permanent du REN-LAC, Dieudonné
Yaméogo, n’avait pas le droit de briguer un troisième mandat.
C’est une exigence de l’article 19 des statuts du Réseau
national de lutte anti-corruption. M. Yaméogo a donc donné, en
toute démocratie, un coup de pouce à l’alternance.

Après avoir
assuré la présidence du REN-LAC pendant six ans (deux
mandats consécutifs), il a cédé son fauteuil à Moctar Zonou de
la Fondation Aimé Nikièma pour les droits de l’Homme
(FANIDHO). Dieudonné Yaméogo a été nommé président
d’honneur du REN-LAC "pour son engagement ferme et
indéfectible" en faveur de la lutte contre la corruption. Le
nouveau Secrétaire permanent l’a invité à apporter davantage
son appui au REN-LAC.


Ces chiffres qui parlent...

Deux mille personnes enquêtées à Ouaga et Bobo. Dix
secteurs concernés : douanes, marchés publics,
police-gendarmerie, Santé, Justice, administration publique,
impôts, mairies, enseignement et médias. Situation critique :
90% des personnes sondées affirment que la corruption "est
répandue, très répandue ou grave". 7% pensent le contraire.

En
2003, 60% des sondés disent avoir vécu plusieurs fois des cas
de corruption. La Douane est le secteur le plus corrompu. Les
domaines de la santé et des marchés publics sont classés en
2e position. Administration publique et police-gendamerie sont
4e exaequo.

Selon les sondages, 83% des citoyens estiment
que la corruption est en progression. 4% ne sont pas de cet
avis. Pour eux, "les choses se sont améliorées".
Mais le gouvernement ne lutte pas contre ce fléau social, si l’on
en croit 67% des personnes interrogées. 55% affirment que
l’action des services de contrôle de l’Etat est inefficace.
L’Assemblée nationale n’échappe pas non plus au regard
critique des sondés. Selon le rapport 2003 du REN-LAC, le
parlement ne contrôle pas l’action du gouvernement en matière
de corruption. C’est du moins l’avis de 76% des personnes
sondées. Et ce n’est pas tout : 58% d’entre elles estiment que
les partis politiques sont mêlés dans des affaires de corruption.

La société civile est aussi trempée dans les eaux troubles de
cette gangrène. C’est l’avis de 53% des citoyens interrogés. Le
REN-LAC a également ausculté les circuits de la vente illicite de
médicaments. Il a soulevé les draps sales de la corruption au
sein de la police judiciaire, du Parc automobile de l’Etat, de la
Direction des transports terrestres et maritimes, des
lotissements à Ouagadougou...

Visiblement, il y a urgence en la demeure. Car la corruption
entrave la dynamique nationale de développement. De ce fait, la
lutte contre ce fléau doit être une affaire collective. Le REN-LAC
l’a signifié de vive voix lors de son assemblée générale.

Hervé D’AFRICK


"Le Pays" en pôle position

Voici le classement de dix journaux selon l’espace consacré à la
question de la corruption en 2003.

1- "Le Pays" : 33, 3%
2- L’Observateur paalga : 23,8%
3-L’Indépendant : 13, 8%
4- Sidwaya : 12, 4%
5- Journal du jeudi : 8,1%
6- L’Evénement : 5, 2%
7- San Fina : 1%
8- La Voix du Sahel : 1%
9- Bendré : 1%
10- L’Amazone : 0,5%

Source : REN-LAC

Par Hervé D’AFRICK
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