Actualités :: Burkina/Lutte contre la pauvreté : « La lutte contre le chômage et la pauvreté (...)

Hassane Baadhio est écrivain et chercheur. Il milite depuis des décennies pour la valorisation de la race noire pour l’honneur et la dignité du noir. Afin de parler de la lutte contre le chômage et la pauvreté au Burkina, Lefaso.net est allé à sa rencontre. Lisez plutôt !

Lefaso.net : Parlez-nous des luttes que vous menez pour l’Afrique et surtout pour le Burkina.

Hassane Baadhio : Les luttes que je mène pour l’Afrique et le Burkina mon cher pays sont multidimensionnelles. Elles portent sur des questions fondamentales et prioritaires qui sont royalement ignorées par nous noirs. Je parle de l’éducation, de la science, de la technologie, de la bourse et de l’esprit de valorisation du noir qui fait tant défaut et qui sont des obstacles majeurs à notre développement ainsi qu’à notre épanouissement personnel et collectif.

Après mûre réflexion et analyse approfondies, j’ai compris que le noir n’a pas besoin de mendier. Par ailleurs, nous ne nous posons pas les vraies questions et ne situons pas les enjeux pour quitter cette situation d’êtres complexés dans laquelle nous baignons depuis des siècles. Pour résumer, je citerais trois grandes personnalités de la race noire.

D’abord Cheick Anta Diop, ce grand savant noir disait que le noir doit s’armer de science jusqu’aux dents. Or, jusque la, la dimension scientifique est occultée de nos combats. Jamais, la race noire ne pourra réussir et briller tant qu’elle ne mettra pas la science comme priorité des priorités.

Pour réussir, le noir doit se réarmer intellectuellement, mentalement spirituellement moralement et culturellement. Il doit avoir un Esprit d’Elévation et tuer définitivement en lui ce maléfique esprit d’étouffement.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes africains pour pouvoir lutter contre le chômage et la pauvreté ?

La lutte contre le chômage et la pauvreté passe par un changement de nos mentalités, de nos modes de vies et de nos comportements. Nous pensons être pauvres. Honnêtement le noir ne sait pas combien il est suffisamment très riche sur tous les plans. En vérité c’est bien parce que nous ne mettons pas l’accent sur l’Education, la Science et sur l’Affirmation de notre personnalité en tant que noirs que nous subissons la domination des autres.

Nous devons définitivement nous affranchir en nous décomplexant. Avant de parler de projets, d’investissements et de rentabilité, nous devons d’abord savoir qui nous sommes, où nous allons et que préparons -nous pour les générations futures. Se pose alors la question de notre regard lucide et analytique sur notre passé glorieux, notre présent interrogateur et notre futur paradisiaque.

Quelle est votre contribution sur la valorisation culturelle et la dimension endogène du peuple noir ?

Le débat sur la valorisation de nos langues nationales est intéressant. Je voudrais apporter ma lecture en prenant trois exemples.
D’abord j’ai publié un article en demandant clairement la création d’une université dans nos langues nationales il y a plusieurs années. Je suis allé même à solliciter que nous ayons des diplômes issus de cette université qui seraient équivalents à ceux octroyés dans les langues internationales.

Des années après, l’UNESCO a réalisé une étude au Sénégal qui confirmait que quand des enfants apprennent dans leurs langues maternelles, ils sont plus outillés et productifs. C’est déjà bien de rendre officielles nos langues maternelles. Je reste convaincu que nous irons un jour vers la création de cette université en langues nationales. Nous noirs, nous avons longtemps été beaucoup plus dans le reniement et la victimisation que dans l’affirmation de soi et dans l’affranchissement. Même si c’est lent, le processus amorcé me permet d’être optimiste.

Ensuite, j’ai publié en son temps dans la presse écrite alors que la presse n’était pas encore en ligne, un article intitulé". La lecture comme arme du développement". Des années plus tard, sous la présidence Sarkozy, un projet a été initié pour permettre aux jeunes français d’aimer lire. Ce projet visait à susciter un déclic chez ces enfants. Et il a été annoncé qu’on offrirait une somme aux enfants afin de les susciter et encourager. En clair, on a décidé de les payer avec une somme convaincante pour susciter un déclic de la lecture.

Pour nous noirs, il est venu le temps de mener des réflexions approfondies sur notre système éducatif. En nous fondant sur nos valeurs culturelles. Nos débats hélas sont souvent stériles et improductifs. En Afrique noire très souvent, un débat c’est une diarrhée de mots dans un désert d’idées ainsi que j’aime à le dire.

Je termine cette interview en disant justement que l’Afrique noire est l’Espoir de la planète terre : l’eldorado du troisième millénaire. Attention donc aux nouvelles générations de ne pas se laisser piéger parce que nous sommes un" eldorado climatique " comme je le dis souvent. Mais, si nous n’ouvrons pas l’œil et le bon, nous serons victimes de la prochaine colonisation que j’appelle "colonisation climatique". Les multinationales qui ont commencé à s’approprier de grandes terres en Afrique noire est-ce un hasard.

C’est à mon avis un début de recolonisation qui ne dit pas son nom. Soyons lucides et vaccinés. La vraie richesse du troisième millénaire c’est ce que j’appelle la "richesse climatique". Nous serons l’Afrique noire la solution idoine à cette problématique du réchauffement climatique à l’échelle planétaire. Alors réveillons-nous et envisageons tous les schémas qui nous feront avantageusement profiter au maximum. Refusons la servilité et la facilité pour notre honneur et notre dignité.

Aux nouvelles générations de se réveiller et surtout de pardonner aux autres générations dont la mienne qui n’avons pas été suffisamment à la hauteur. Humblement, je demande pardon et j’assume ma part de responsabilité dans ce lourd passif. Prenez le relais avec nos bénédictions positives.

Propos recueillis par Carine Daramkoum
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