Actualités :: Procès Adama Siguiré vs CGT-B : "Les preuves que la partie civile demande (...)

Après avoir écouté la partie civile et le ministère public, la parole a été donnée à la partie adverse pour défendre le prévenu Adama Siguiré. Pour elle, l’écrivain n’a fait que dénoncer des faits en mettant à la lumière du jour des choses qui étaient déjà connues. En plaidant pour sa défense, Me Traoré et ses confrères ont tous soutenu que Adama Siguiré était innocent et que les preuves des propos jugés diffamatoires et injurieux sont vérifiables. Et c’est donc sans surprise qu’ils ont demandé au tribunal de relaxer leur client.

Prenant la parole en premier, Me Traoré est revenu sur les éléments de forme qui ont meublé les premières heures de ce procès. Il insiste sur l’exception de faux soulevée in limine litis (au début du procès), au sujet de l’assignation par acte d’huissier. "Un acte d’huissier ne peut être remis que par un huissier ou par un clerc assermenté. Nous avons apporté la preuve que dans le cas d’espèce, les quatre documents qui figurent au dossier n’ont été remis ni par un huissier, ni par un clerc assermenté. La question ici porte sur la nature de ces actes. Même le parquet, pour ne pas utiliser l’expression nulle, a dit que l’acte était irrégulier. Et une acte irrégulier ne peut pas saisir la justice" a-t-il clarifié d’entrée de jeu.

Pour Me Adama Conombo, l’attitude du prévenu depuis le début montre tout le sérieux avec lequel il a entamé ce procès. De ses dires, l’écrivain est un patriote dans l’âme et le tribunal devrait garder à l’esprit le contexte de guerre que celui-ci n’a pas manqué de marteler depuis le début. "Lorsque vous rentrerez en voie de délibération, gardez à l’esprit que nous sommes en guerre. Ce n’est pas une vue de l’esprit de mon client. Si vous prenez tous ses écrits, Adama Siguiré a fait une communication de guerre oui ou non ? Oui. Lui au moins il s’est engagé, alors qu’il aurait pu se mettre à l’écart. Mais il communique pour son pays. Parlant d’impérialisme, il parle de tous ceux qui sont des ennemis de la nation, ceux qui n’accompagnent pas la dynamique enclenchée pour la reconquête du territoire. Et lorsqu’il insiste sur le fait que son raisonnement est logique, cartésien, c’est tout a fait normal qu’il le pense. Je vais poser un cas simple. D’ordinaire, quand nous, avocats, magistrats, huissiers, etc discutons avec ceux qui ne sont pas de notre domaine, on nous dit toujours que nous, juristes, sommes compliqués. Cela ressort fréquemment dans nos conversations. Ce qui veut dire que notre domaine de formation influe sur notre raisonnement. Pour revenir à notre cas, Adama Siguiré a étudié la philosophie. Cette philosophie que nous avons tous apprise et où on nous dit que ceux qui l’étudient sont fous. Est ce qu’on peut dire qu’Adama Siguiré n’est pas en droit de dire qu’en philosophie, la preuve peut être administrée en se basant sur la logique. Est ce que sa profession qu’il exerce depuis plus de vingt ans n’influe pas sur son raisonnement et sa manière de voir les choses ? Je suis sûr que oui" se convainc t-il.

Au sujet de la personnalité du prévenu, il estime qu’il est grossier de dire de lui qu’il a mis la vie des gens en danger. Aussi, que l’idée que la partie adverse se fait de lui est totalement fausse. "M.Siguiré a fait quoi à qui pour qu’on le traite de danger public. On tire ces expressions là d’où ? On va même jusqu’à récupérer d’autres écrits pour venir les ajouter à ce débat. Mais je sais que vous avez remarqué cela. Ce monsieur là qu’on traite de tous les noms est un patriote engagé. Et je vais vous parler de lui. C’est un homme qui a des valeurs. C’est un bon époux. C’est un bon père de famille. C’est un bon fils. C’est un bon ami. C’est une personne avec qui on peut aller en guerre. C’est le pilier d’une famille qui a fui son village natal. Une famille dont les membres ont été chassés par le fait du terrorisme. C’est un homme bon, généreux, qui a à sa charge des centaines de personnes. Il est saint et blanc, d’une blancheur incroyable ! (Rires dans l’assemblée) Au vu de ce que je viens de dire, est ce que vous, Mme la présidente, chers juges, est ce que vous n’avez pas envie d’applaudir avec moi M. Siguiré ? (Rires dans l’assemblée) Moi en tout cas je l’ai déjà fait dans un coin de ma tête. Je terminerai avec. Et quand on vous dit que les victimes demandent 10 millions fcfa. C’est la preuve qu’elles n’ont pas été atteintes dans leur honneur et dans leur dignité. C’est l’argent qu’elles recherchent. Mais heureusement que votre juridiction n’est pas la caserne d’Ali Baba (Rires dans l’assemblée)" dénonce t-il.

Concernant la carence des preuves que la partie civile a décriée, Me Mariam Kanyili a souligné qu’elles existent et qu’elles sont vérifiables. Puis, brandissant un document tiré de son sac, elle fera lecture d’une note du président de l’Université Norbert Zongo, le sommant de rejoindre son poste qu’il avait abandonné depuis 2 mois et 12 jours. "Si Moussa Diallo qui milite pour le bien être des travailleurs, celui-là même qui doit être un exemple, abandonne son poste pendant plus de deux mois, on est en droit de dire que lui et par ricochet la CGT-B dont il est le représentant légal, font la promotion de la paresse, on est en droit de se dire que la CGT-B fait la promotion de la fainéantise, on est en train de se dire que la CGT-B fait la promotion de l’inconscience. En Droit, on nous dit que le salaire est la contrepartie du travail. Mais si vous ne travaillez pas, on est encore en droit de se dire que vous faites de l’hypocrisie et que vous ne respectez pas l’éthique dans l’administration. Avec tout ça, on nous dit que notre client a menti. Il n’a pas menti. C’est une preuve, vu qu’en droit pénal, l’administration de la preuve est libre ! a-t-elle pesté.

Au sujet des fonds reçus pour déstabiliser la transition, elle s’appuiera sur un communiqué de l’Etat burkinabè qui faisait mention d’un complot impliquant des militaires et certaines Organisations de la société civile (OSC). "Et comme par enchantement, Moussa Diallo disparaît. On lance le procès. On lui dit de venir répondre à certaines questions parce qu’on a besoin de lui pour la manifestation de la vérité, et jusque là, silence radio. Et si vous remarquez, juste après cela, les organisations qui devaient prendre part au meeting. ont commencé à se désolidariser. C’est quand même suspect" a affirmé Me Mariam Kanyili.

Au vu de tout ce qui précède, ses avocats ont plaidé pour que leur client soit relaxé.

Erwan Compaoré
Lefaso.net

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