Actualités :: Burkina/ Nandiala : Une rencontre initiée pour mieux comprendre la loi 034 (...)

L’Association les mains unies du Sahel (AMUS) Burkina Faso a organisé du 28 février au 1er mars 2024 à Nandiala (province du Boulkiemdé, région du Centre-ouest) un atelier d’échanges entre les acteurs, les décideurs et les parties prenantes sur l’opérationnalisation de la loi 034 sur le foncier au niveau communal dans un contexte de transition agroécologique. Il s’est agi d’organiser des échanges autour de la loi 034 avec tous les acteurs et parties prenantes pour poser les difficultés et les contraintes d’application de la loi sur le terrain et analyser des pistes de solutions pour faciliter l’accès aux terres cultivables par les membres des scoops engagés dans la production selon les principes de l’agroécologie.

Pour contextualiser, il faut noter que cette activité s’inscrit dans le cadre du projet « Des citoyen.ne.s et des mouvements sociaux plus fort.e.s pour un monde juste, solidaire et durable » au Burkina Faso. Il est financé par l’ONG belge, Solidagro. Sa mise en œuvre est assurée par AMUS. Ce projet poursuit un objectif, celui de permettre à des Organisations communautaires de base (OCB) et leurs membres, en particulier les femmes et les jeunes, de quatre communes rurales au Burkina Faso, d’amorcer la transition agroécologique à l’échelle communale de leurs systèmes de production agro-sylvo-pastorale pour augmenter leurs revenus, assurer leur droit à l’alimentation et restaurer la biodiversité de l’écosystème agricole par le renforcement de leur collaboration avec les conseils communaux et les services techniques de l’État.

Les échanges ont été en langue mooré pour faciliter la compréhension des participants

Les bénéficiaires sont pour la plupart organisés en coopératives. Dans sa mise en œuvre, il a été constaté que certaines difficultés constituent une épine à la bonne marche du programme. Les bénéficiaires, essentiellement composés de femmes et de jeunes, sont confrontés à divers obstacles dont la problématique de la terre d’où la pertinence de cet atelier.

La formatrice à cet atelier, Sinaré Fatimata, a expliqué que l’accès à la terre sécurisée et durable est un élément clé pour la mise en œuvre de la pratique agroécologique. C’est dans une salle bondée qu’on été réunis les bénéficiaires du projet, des propriétaires fonciers, des chefs coutumiers, des leaders religieux, les services techniques et des personnes ressources afin d’échanger. Il s’agit ainsi pour les initiateurs de favoriser un accès durable à la terre pour les jeunes, les femmes et les personnes en situation de vulnérabilité. Pour se faire, il était donc de bon ton de les outiller sur la loi 034 portant régime foncier rural au Burkina Faso.

« Il faut sécuriser les espaces dédiés à l’agroécologie » Sinaré Fatimata

« On a échangé sur le champ d’action, l’objectif, les différents types de cessions des terres et de documents à fournir en rapport avec cette loi. Ensuite, on a identifié les difficultés que les producteurs rencontrent dans les différentes cessions du foncier. On a échangé avec les chefs coutumiers en travaux de groupes afin de déceler leurs attentes, craintes et principes lorsqu’ils donnent leurs terres à des particuliers. On a identifié les difficultés que chaque acteur rencontre afin de proposer des solutions. Dans les difficultés identifiées, on a relevé que les femmes ont accès à la terre, mais pas de façon durable. Malheureusement, on leur retire la terre après seulement deux à trois ans. Aussi, chez les jeunes allogènes, on leur donne la terre dans un temps court. Alors que le retour sur investissement dans la pratique agroécologique prend du temps. Si la personne ne travaille pas sur une longue période, elle aura un rendu très faible. Il faut donc que les propriétaires terriens cèdent leurs terres pour une longue durée en donnant leurs conditions », a détaillé Sinaré Fatimata.

Des dires du secrétaire exécutif de l’Association les mains unies du Sahel, Hippolyte Ouédraogo, cette association a pour cheval de bataille : l’amélioration des conditions de vie des populations à travers la poursuite d’un certain nombre d’objectifs majeurs dont l’autosuffisance alimentaire à travers une production agricole maîtrisée. « Si nous accompagnons les producteurs pour une agriculture qui favorise l’autosuffisance alimentaire, il faut que nous puissions renforcer leurs capacités opérationnelles à tous les niveaux. C’est à ce prix que la qualité des sols doit être conservée et améliorée en dépit des aléas des changements climatiques en cours. La terre est la mère nourricière. Il faut l’entretenir en évitant sa destruction prématurée par l’utilisation abusive des engrais chimiques et autres pesticides et herbicides. Il faut inculquer toutes ces valeurs aux organisations communautaires de base et aux coopératives de production et de transformation en vue de l’impérieux changement des mentalités pour leur permettre à travers l’agriculture bio d’affronter les exigences prônées par la philosophie de l’Economie Verte. Dans cette approche, il faut favoriser l’accès à la terre aux femmes qui occupent une place importante dans le domaine de l’agriculture familiale et leur offrir la garantie d’une cession durable des champs à même de leur permettre de dérouler toutes les connaissances acquises à travers les modules de formations dont les paquets technologiques a-t-il justifié. » C’est à ce prix en plus de la préservation de la biodiversité que nous pourrons atteindre l’auto suffisance alimentaire et espérer préserver l’avenir de nos enfants a-t-il conclu.

Pour plus d’impact du projet et de prise de conscience, il faut accompagner les populations sur un long terme a souligné Hippolyte Ouédraogo

L’avis des bénéficiaires

Cet atelier a permis en premier lieu : d’informer, sensibiliser et encourager les propriétaires terriens à octroyer les terres sur des durées raisonnables d’exploitation dans un contexte de production agroécologique aux producteurs, surtout les femmes et les personnes vulnérables. En outre, d’informer, sensibiliser et encourager les propriétaires terriens sur les différentes formes de cessions et de sécurisation des terres selon les dispositions de la loi et leur avantage. Enfin, de sensibiliser et encourager les exploitants agricoles engagés dans la production agroécologique, surtout les femmes, à se lancer davantage dans cette production hivernale et maraîchère en quiétude et à profiter des investissements apportés sur les sites de production.

« Nous avons acquis des connaissances grâce à cette rencontre. Je sais dorénavant que je peux louer un terrain. Je connais la procédure à suivre au cas où je compte acquérir une terre en ayant tous les documents à l’appui », a affirmé dame Ouédraogo Tarwendsida, membre de la coopérative Nong-Wendé.

Ouédraogo Tarwendsida a remercié AMUS

Madame Catherine Kantiono de la coopérative Song-taaba a fait la promesse qu’au sortir de cette rencontre, « je compte informer les autres membres de la coopérative afin qu’elles sachent comment nous pouvons avoir un accès durable aux terres que nous cultivons. Les échanges ont été très instructifs », a-t-elle dit ravie.

Catherine Kantiono compte être un relais au sein de sa coopérative

Prenant la parole au nom des chefs coutumiers, le Somé Naaba a notifié que grâce à l’atelier, il a renforcé ses capacités sur la loi foncière, a découvert les méfaits des pesticides chimiques, l’importance du reboisement et de l’agroécologie. Il a promis de sensibiliser sa communauté une fois de retour chez lui.

Somé Naaba a espéré que d’autres rencontres de ce type auront lieu prochainement

L’atelier s’est tenu dans une salle de la mairie de Nandiala en présence du premier vice-président de la délégation spéciale de la commune, Claver Kiemtore. Il a manifesté sa reconnaissance à l’endroit des initiateurs. « Nous remercions l’association, car, elle souhaite contribuer au développement de la commune. Durant ces trois jours, nous avons reçu des éclaircissements sur la gestion des terres et l’agroécologie. Nous avons apprécié positivement le choix des parties prenantes », a-t-il déclaré.

Claver Kiemtore a félicité l’association pour le travail abattu pour l’épanouissement des populations

A la clôture de l’atelier, les participants ont formulé des recommandations pour plus d’efficience dans la mise en œuvre du projet.

La chargée du projet, Pauline Ouédraogo a insisté sur le fait que les propriétaires terriens sont un maillon fort qui peuvent impulser la transition agroécologique et lutter efficacement contre l’utilisation abusive des engrais et pesticides chimiques. Ils ont posé comme condition, la cession des terres comme le fait déjà un propriétaire terrien du village de Gourci et le Somé Naaba qui est engagé dans cette bataille.

En rappel, AMUS est une association de développement communautaire qui a été créée en 1992. Elle intervient particulièrement dans les domaines de la gouvernance, du développement local, de l’engagement citoyen, de l’eau, l’hygiène, l’assainissement, l’éco-citoyenneté, l’environnement et l’autonomisation économique des femmes et des jeunes.

SB
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