Actualités :: Statistiques agricoles au Burkina : Des journalistes formés pour comprendre (...)

Débuté le 11 mars 2024 à Koudougou, dans la région du Centre-Ouest, l’atelier d’information et de sensibilisation des journalistes sur les données agricoles a pris fin, jeudi 14 mars. Organisée par la Direction générale des études et des statistiques sectorielles du ministère de l’Agriculture, des Ressources animales et halieutiques, en collaboration avec le le Fonds international pour le développement de l’agriculture (FIDA), la rencontre a permis à la dizaine de journalistes et communicateurs présents de se familiariser davantage avec des concepts qui leur paraissaient complexes.

Parfois submergés par les données quantitatives du secteur agricole, les journalistes ne savent souvent plus où donner de la tête. Le langage des données n’étant pas décodable par tous, les hommes et femmes de médias doivent comprendre tous les pans de la statistique, de la collecte jusqu’à l’interprétation en passant par le traitement et l’analyse, afin de mieux transmettre l’information.

À Koudougou, ils étaient une dizaine, issus de médias publics et privés mais aussi du Service d’information du gouvernement, à aller à l’école du ministère en charge de l’Agriculture et du FIDA. Lors de la phase pratique, les participants se sont exercés sur des données de la campagne céréalière 2023-2024. Cela n’a pas été de tout repos pour eux de construire un narratif simple, concis et compréhensible sur la base des données statistiques. Car, communiquer des données agricoles efficacement au grand public nécessite d’appliquer quelques stratégies pour rendre l’information accessible et pertinente.

Moussa Kaboré, consultant pour la FAO a livré quelques stratégie pour bien communiquer sur les données agricoles

Maîtriser les données pour les simplifier

Le consultant de la FAO et ancien ministre de l’Agriculture, Moussa Kaboré, a recommandé aux participants de toujours hiérarchiser les données, de les présenter dans un langage clair tout évitant les termes techniques. L’utilisation de graphismes ou d’infographies permet, selon lui, d’aérer les articles et de faciliter la compréhension des données. La contextualisation des données permettrait de les connecter à des expériences vécues, selon M. Kaboré, qui préconise par ailleurs l’intégration de personnages ou de scénarios afin d’humaniser les données et rendre les récits plus engageants.

Processus de production de données agricoles

Au cours de la formation, les participants ont appris davantage sur le processus de production de données, présenté par Éric Kaboré, ingénieur statisticien, chef de service de l’analyse, du traitement et de la gestion des bases de données au ministère de l’Agriculture. Il ressort de son intervention que le système des statistiques agricoles et alimentaires est composé d’un certain nombre d’agents de collecte (884 personnes) issus des villages couverts par l’Enquête permanente agricole (EPA). Ces agents sont recrutés au niveau local dans les villages et ont le niveau d’études de la classe de 3e.

Eric Kaboré, présentant le système sur les enjeux et défis des statistiques agricoles au Burkina Faso

Au-dessus des enquêteurs, il y a les contrôleurs qui sont des techniciens de l’agriculture qui, en raison de leurs compétences techniques, contrôlent la qualité des données collectées par les agents enquêteurs auprès des ménages échantillons.

Après les contrôleurs, il y a les superviseurs qui assurent la coordination, le contrôle qualité et la prestation des contrôleurs. « Ils contribuent aussi à la sensibilisation des ménages agricoles pour une meilleure réussite de l’opération », souligne M. Kaboré.

L’équipe centrale, elle, est composée essentiellement de statisticiens, d’économistes, d’agronomes et d’informaticiens. Ses membres font un travail technique dans la conception en amont ; et lorsque les données sont collectées, ils procèdent au traitement et à la production des résultats.

Chantal Ouédraogo de la RTB écoutant religieusement les conseils des formateurs

Au-dessus de cette équipe centrale, se trouve l’équipe de coordination qui regroupe l’autorité statistique du ministère et ses représentants, notamment le directeur général des études statistiques et sectorielles et ses collaborateurs au niveau déconcentré, c’est-à-dire les directeurs régionaux en charge de l’agriculture.

« Dans un premier temps, une session qui regroupe tous ces acteurs et les techniciens au niveau central passe en revue, province après province, région après région, tous les résultats obtenus. L’idée est de pouvoir confronter les résultats techniques au constat qualitatif fait par les directeurs régionaux et leurs équipes sur le terrain », note l’ingénieur statisticien.

Passé cette étape de consolidation, les résultats vont à une instance de validation supérieure qui est le Comité prévisionnel de la situation alimentaire, qui réunit les premiers responsables du ministère et les partenaires techniques et financiers de l’État. « Ils passent au peigne fin ces résultats, accompagnés d’autres résultats permettant de caractériser la situation alimentaire. Et une fois que l’accord est trouvé sur cette validation, ces résultats deviennent officiels et font l’objet de publication à travers les rapports et les différents bulletins », explique Éric Kaboré.

Aliou Diouf Mballo du FIDA s’est dit disposé à accompagner les journalistes pour d’autres sessions de formation

Enjeux et défis du système des statistiques agricoles et alimentaires

Selon l’ingénieur statisticien, les enjeux du système des statistiques agricoles et alimentaires au Burkina Faso sont grands. « On ne peut pas parler aujourd’hui de statistiques sans parler des outils technologiques qui permettent de contrôler un certain nombre d’erreurs qui, jadis, passaient à travers les données. Il y a également la rapidité dans la diffusion des données après les opérations. Puisque des outils modernes sont utilisés pour la collecte digitale des données, alors le calendrier peut être respecté. N’empêche que celui-ci est adossé au calendrier sous-régional pour les consultations sur la situation alimentaire dans l’espace CILSS », souligne-t-il.

Le défi majeur, selon lui, est l’emploi des outils technologiques. En raison de l’insécurité qui réduit la mobilité des personnes et des biens, les opérations statistiques connaissent des réadaptations afin de produire des statistiques fiables et cohérentes. « Le défi est d’aller au-delà des outils que l’on utilise actuellement. Pourquoi ne pas aller vers la télédétection pour estimer les terres agricoles et le cheptel ? », s’interroge le formateur.

Les journalistes se sont engagés mettre en place un réseau pour la promotion du secteur agricole

La formation a pris fin sur une note positive des organisateurs qui prévoient une deuxième session de formation au deuxième semestre de l’année. Les participants, eux, ont émis l’idée de se constituer en réseau afin d’apporter leur pierre au développement du secteur agricole au Burkina Faso.

Rappelons que l’atelier de sensibilisation s’est tenu dans le cadre de l’initiative 50x2030. Il s’agit d’un programme lancé par la Banque mondiale, l’Organisation des Nations-unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le FIDA. Son objectif est d’appuyer, d’ici 2030, 50 pays à produire, analyser, interpréter et utiliser les données dans le cadre de la prise de décisions pour le développement rural et la sécurité alimentaire.

Fredo Bassolé
Lefaso.net

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