Ce jeudi 14 mars 2024 se tient à Ouagadougou, l’atelier de diffusion des résultats de l’étude des facteurs contraignants et facilitants l’accès à la prise en charge des cancers chez les enfants à Ouagadougou. L’étude a été financée par la coopération japonaise, JICA et menée par une équipe de cinq chercheurs au CHU Yalgado Ouédraogo, au CHUP Charles de Gaulle, au CSPS de Nioko 1 et au CM de Saaba entre novembre 2023 et février 2024.
Au Burkina Faso, le cancer pédiatrique est sous-diagnostiqué. Selon les chiffres, il touche environ 1 000 enfants qui sont pris en charge essentiellement dans les trois principales structures d’oncologie pédiatrique dont dispose le pays, à savoir le Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo, le Centre hospitalier universitaire pédiatrique Charles De Gaulle à Ouagadougou et le Centre hospitalier universitaire Sourô Sanou à Bobo Dioulasso. La plupart des enfants atteints de cancer arrivent tardivement dans les formations sanitaires. Ce qui cause un taux de mortalité élevé. Or diagnostiqué tôt, le cancer peut être guéri.
- Les participants vont prendre connaissance des résultats de l’étude et échanger sur les recommandations formulées.
À travers l’étude financée par la JICA et dont l’investigatrice principale est Dr Akiko Ida, il s’agissait non seulement d’identifier les facteurs contraignants et facilitants l’accès à la prise en charge du cancer pédiatrique, mais aussi de faire des recommandations pour une meilleure prise en charge du cancer. En termes de facteurs facilitant la prise en charge du cancer de l’enfant, l’étude souligne entre autres, l’existence des unités d’oncologie pédiatrique à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso, l’existence de la radiothérapie, la subvention de certains médicaments contre le cancer. Selon le directeur général des études et statistiques sectorielles, Wenceslas Koïta, qui a représenté le ministre de la santé et de l’hygiène publique, de nombreuses mesures ont été prises par le département de la santé pour lutter contre le cancer. Au nombre de ces mesures, la création d’un programme de lutte contre le cancer (PNLC) avec la nomination d’un coordonnateur, la formation continue en spécialistes intervenant dans la chaîne de diagnostic et de prise en charge, le renforcement continu en équipements et en infrastructures, la gratuité de la radiothérapie au centre de radiothérapie de Bogodogo, la création d’un centre de radiothérapie à Bobo Dioulasso, la réduction progressive du coût des intrants et des médicaments (anti cancéreux) de diagnostic et de traitement du cancer pédiatrique, l’appui des partenaires techniques et financiers dans la lutte contre la maladie et l’appui de la société civile et du secteur privé.
- Nagashima Jun, ambassadeur du Japon au Burkina Faso souligne que cette étude est un exemple réussi de coopération entre son pays et le Burkina Faso.
Les signes du cancer sont méconnus par les populations
Selon l’étude sur les facteurs contraignants et facilitants l’accès à la prise en charge des cancers chez les enfants à Ouagadougou, plusieurs facteurs limitent l’accès à la prise en charge du cancer chez l’enfant. Il s’agit entre autres, de la méconnaissance des signes précoces du cancer par les populations, la faible connaissance des agents de santé sur les signes précoces du cancer, de l’impossibilité du diagnostic dans les CSPS et les CMA, du coût élevé des examens, médicaments et du traitement, de la distance entre le lieu de résidence du patient et la formation sanitaire. Une fois ces barrières franchies et le patient admis à l’hôpital, il se trouve confronté parfois à l’indisponibilité des examens et du traitement. L’étude met en exergue également l’insuffisance de coordination entre les services, mais aussi la méconnaissance de la maladie et du processus de guérison par les accompagnants des malades et le recours prioritaire à la médecine traditionnelle.
- Dr Wenceslas Koïta, a indiqué que le ministère de la Santé a adopté de nombreuses stratégies afin de lutter contre le cancer.
Face à toutes ces contraintes, les investigateurs de l’étude font des recommandations au ministère de la Santé, aux professionnels de la santé et aux partenaires techniques financiers. A l’endroit du ministère de la Santé et de l’hygiène publique, l’étude recommande d’accorder plus de priorité aux cancers et autres maladies émergentes, d’augmenter le budget alloué aux maladies cancéreuses et de décentraliser la prise en charge des enfants atteints de cancer dans les hôpitaux. Elle recommande également de renforcer les capacités du système de santé à travers la construction d’infrastructures, leur équipement et la subvention des médicaments anti cancéreux, sans oublier la formation du personnel de santé et le renforcement de la capacité de diagnostic du cancer au niveau district, ainsi que l’intégration de la médecine traditionnelle dans le circuit thérapeutique des patients. L’étude suggère aussi de sensibiliser continuellement la population sur les cancers et de soutenir davantage les personnes démunies y compris les déplacés internes.
- Dr Akiko Ida est la principale investigatrice de l’étude.
Aux professionnels de santé, il est suggéré entre autres, d’améliorer la communication avec les patients et leurs accompagnants et de renforcer le système de référence des patients pour les cas urgents. Et aux partenaires techniques et financiers, l’étude recommande de soutenir davantage le ministère de la Santé.
L’ambassadeur du Japon au Burkina Faso, M. Nagashima Jun a rappelé que la coopération entre son pays et le Burkina Faso est dynamique et diversifiée. Pour lui, ce projet de recherche est un exemple d’échanges d’expertises et de transfert de technologies et aussi une contribution du Japon à l’atteinte des objectifs de développement durable au Burkina Faso. Il se dit convaincu que les résultats de l’étude vont permettre d’orienter la politique sanitaire et proposer des stratégies pour améliorer la prise en charge du cancer chez les enfants au Burkina Faso.
Justine Bonkoungou
Lefaso.net
