La route tue. Au regard du taux élevé de cas d’accidents au Burkina Faso, il est demandé aux motocyclistes de porter le casque. Pour s’autonomiser, des jeunes ont pour activité principale, la vente de casques de moto. Ils disent pratiquer ce travail avant tout par conviction.
Ouagadougou le lundi 19 février 2024. Il est 9h passé de 30 minutes. Au quartier Cissin, non loin du palais de la jeunesse et de la culture Jean-Pierre-Guingané, un vendeur ambulant a installé sa marchandise. De teint ébène, Moustapha Sawadogo est assis sur un banc. Il attend patiemment de potentiels clients. Ses casques sont placés dans un tricycle. Cela fait plus de quatre ans que ce jeune homme d’une vingtaine d’années commercialise des casques de moto. Après un décrochage scolaire en classe de 5e, il a jeté son dévolu sur la vente de pièces détachées. Après cette expérience, il a opté pour cette activité pour deux raisons : contribuer à son échelle à sauver des vies et avoir une source de revenu.
« Tout le monde va mourir un jour. Il y a tellement d’accidents de la route au Burkina Faso. C’est pourquoi, mon souhait est que les motocyclistes portent le casque pour préserver leur vie. Je souhaite qu’ils vivent longtemps jusqu’à ce que Dieu décide de les rappeler à lui », a-t-il justifié.
Chez Moustapha Sawadogo, les prix des casques varient en fonction de la qualité des marques qu’il propose. Ils sont vendus entre 12 500 et 42 500 FCFA. Comme bénéfice, il peut gagner entre 1000, 2000 et 3000 FCFA sur chaque casque. En fonction des semaines, il parvient à vendre à 8, 9 ou 10 clients. Pour permettre à un maximum de personnes de se procurer ses casques, le vendeur accepte que certains clients achètent par tranche. Il affirme que cette activité lui a permis de se prendre en charge et encore mieux, de soutenir financièrement ses proches.
Néanmoins, Moustapha Sawadogo a fait remarquer que la clientèle se fait rare depuis un moment. Sans doute à cause de la morosité économique a-t-il supposé.
Du prêt-à-porter à la vente de casques
Non loin du cimetière de Gounghin, un autre vendeur de casques est installé depuis peu. Après avoir abandonné les bancs en classe de 4e, Souleymane Sakandé a quitté son Sapouy natal (province du Ziro, région du Centre-ouest) pour Ouagadougou. Il a expliqué qu’auparavant, il a été dans la vente de vêtements prêt-à-porter. Après une mésentente avec son associé, il a fait le choix de l’exode rural. Une fois en ville, son frère et lui ont décidé de s’associer pour ouvrir un business. Ils ont opté pour la vente de casques. « Je vends les casques surtout pour les élèves. Il y a beaucoup d’accidents de circulation », a-t-il dit.
« Par jour je peux vendre deux ou trois casques. Les prix varient de 10 000 à 20 000 FCFA. La principale difficulté se trouve au niveau de la clientèle. Elle se plaint des prix en disant que les casques sont beaucoup trop coûteux. Et pourtant, les prix dépendent de la qualité des casques. Les gens achètent des motocyclettes à un million de FCFA. Mais, ils refusent de payer un casque à 30 000 FCFA, ce qui n’est pas normal », a souligné, peiné, Souleymane Sakandé. Il a invité la clientèle à faire preuve de compréhension et à se procurer des casques pour se protéger.
SB
Lefaso.net
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