Actualités :: Poulet local du Burkina : Quand l’insécurité entraîne une hausse des prix et (…)

Le poulet local encore appelé « poulet bicyclette » est bien apprécié par les Burkinabè. La consommation journalière est estimée respectivement à 80 000 et 50 000 poulets, pour les seules villes de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Le poulet bicyclette a même été labellisé en 2021, afin de le rendre plus compétitif sur le marché international. Seul bémol, on note depuis un bon moment une raréfaction du poulet local et une hausse non-négligeable de son prix. Les acteurs de la chaîne de vente et de transformation affirment que cette situation découle de la crise sécuritaire, qui a obligé un nombre importants d’éleveurs de poulets locaux à fuir leurs zones d’habitation. Ce qui rend la disponibilité et le ravitaillement en poulets plus difficiles.

Claudine Ouédraogo est une grande amatrice de poulet local. Elle le consomme sous plusieurs formes (frit, sauté ou flambé) et ne s’en prive pas dès que l’occasion se présente. « J’aime beaucoup le poulet local. Il est naturellement goûteux et l’on n’a pas besoin de beaucoup de condiments ou d’épices pour sa préparation », confie-t-elle. Seulement, depuis quelques temps, Claudine Ouédraogo ainsi que plusieurs autres consommateurs font face à la rareté et à la cherté du poulet local. Autrefois vendu à 3 000 ou 3 500 F CFA, le poulet local est passé à 4 000 voire 5 000 F CFA, en fonction du gabarit. Ce qui n’est pas du goût du consommateur, qui doit débourser plus pour ce plaisir.

Grilleurs et fumeurs de poulets locaux sont tous impactés par la situation.

Soumaila Compaoré est vendeur de poulets au marché du quartier Toecin de la ville de Ouagadougou. Évoluant dans le domaine depuis plus d’une dizaine d’années, il nous explique que l’indisponibilité des poulets locaux est due en grande partie à la situation sécuritaire. En effet, fait-il comprendre, le ravitaillement en poulets locaux se faisait habituellement dans les villages situés à l’intérieur du pays. Les revendeurs s’y rendaient et faisaient des stocks importants de poulets, et cela à des prix très intéressants. Et une fois en ville, ils écoulaient leurs poulets auprès des grilleurs, des fumeurs et des consommateurs. Mais depuis que la crise sécuritaire s’est installée, plusieurs villages sont devenus inaccessibles et beaucoup d’éleveurs ont dû se déplacer.

Soumaila Compaoré, vendeur de poulets.

Soumaila Compaoré confie qu’il se rendait personnellement à Titao, dans la région Nord, pour se ravitailler en poulets. Mais avec l’insécurité, il a dû se tourner vers Youba. Et avec la forte demande, il arrive des fois qu’il revienne de ses voyages bredouille ou presque. « Il y a des fois où on part pour payer les poulets et on n’en trouve même pas. Tu peux avoir ton argent mais pas de poulets à acheter. Des fois tu reviens avec juste une vingtaine de poulets que tu as dû payer assez cher même. Et quand tu reviens, tu ne sais même pas à combien les vendre. Dans le passé, nous pouvions avoir les poulets utilisés pour la grillade à 1 500 l’unité et nous les revendions à des prix intéressants aux grilleurs. Mais actuellement, nous-mêmes payons ces poulets à 2 500 ou 3 000 dans les villages. Ce qui fait que nous sommes obligés d’augmenter les prix pour ne pas vendre à perte », a-t-il précisé.

Ahmed Traoré, également vendeur de poulets, abonde dans le même sens. Il soutient qu’il se faisait ravitailler par des collègues vendeurs qui écumaient les villages pour acheter les poulets. Mais depuis un bon moment, avoue-t-il, le ravitaillement n’est plus constant. « Il y a des moments où tu es là et tu n’as même pas de poulets locaux à vendre. Et quand tu en gagnes, c’est un peu cher », dit-il.

Ahmed Traoré, vendeur de poulets.

L’indisponibilité des poulets locaux qui a engendré la hausse de leur prix, n’est pas sans conséquences sur les activités des acteurs du domaine. En effet, fait savoir Ahmed Traoré, lorsque les clients viennent pour des achats et qu’on leur propose les poulets, certains trouvent que c’est trop cher et s’en vont. D’autres réduisent le nombre de poulets qu’ils voulaient prendre initialement, pour ne pas dépasser leur budget. Ce qui ne permet pas aux vendeurs de faire de bonnes affaires.
Les transformateurs de poulets sont aussi impactés par la situation. Oumou Ouédraogo est une vendeuse de poulets fumés. Elle dit être souvent confrontée à des ruptures de stock de poulets locaux, avec pourtant des commandes à honorer.

Oumou Ouédraogo, vendeuse de poulets fumés.

À cela s’ajoute un problème de constance au niveau du gabarit des poulets. « Nous sommes parfois obligés de prendre des poulets plus petits et parfois même le poulet local amélioré pour combler le manque », confie-t-elle. Avec les difficultés d’approvisionnement, dame Ouédraogo a dû procéder à un réaménagement des prix de vente de sa volaille fumée. Ce qui n’est pas toujours du goût du consommateur. « Il y a des clients qui se désistent à cause des prix actuels qu’ils trouvent très élevés. Certains clients se plaignent également, surtout ceux des autres pays, qui trouvent que les poulets sont devenus trop chers », nous confie-t-elle.

Inoussa Soré, vendeur de poulets grillés dans un espace de détente, soutient que son activité a connu un ralentissement du fait des nouveaux tarifs qu’il doit appliquer. Il a laissé entendre que certains clients se plaignent du nouveau prix des gallinacés, qui sont désormais à 4 000 et 4 500 francs, contre 3 500 jadis. Il arrive même que d’autres décident de ne plus passer leur commande, une fois le prix du poulet mentionné. Ce qui impacte considérablement les recettes d’Inoussa Simporé.

Inoussa Soré, vendeur de poulet grillé.

Pour combler l’indisponibilité du poulet local et pouvoir maintenir leur prix de vente, des grilleurs se sont tournés vers le poulet local amélioré. Si certains consommateurs semblent apprécier ces poulets, ce n’est pas le cas pour d’autres. Sayouba Sankara, grilleurs de poulets dans un "maquis", confie qu’il arrive que des clients se plaignent parce qu’ils estiment avoir été dupés, croyant avoir affaire à du poulet local. Il prend donc désormais le soin de clarifier aux clients les types de poulets et leur prix. Ceux-ci font donc leur choix en connaissance de cause.

Le vœu le plus cher de tous les acteurs du domaine et des consommateurs, est que la paix et la quiétude reviennent au pays des hommes intègres, afin que le poulet local puisse de nouveau être disponible et accessible à toutes les bourses.

Armelle Ouédraogo
Lefaso.net

Suspension de Securicom Protect : « Nous comptons sur (…)
Affaire appel à l’assassinat de Bassolma Bazié : Le (…)
Burkina/Santé oculaire : Le ministère de la Santé lance (…)
Burkina/Enseignement supérieur : L’université Joseph (…)
Burkina/ Sécurité : 22 nouveaux officiers sapeurs-pompiers
Burkina/ Santé oculaire : L’ONG Light for the World fait (…)
Dédougou : Un homme condamné à trois mois de prison avec (…)
Boucle du Mouhoun : Les acteurs éducatifs dressent le (…)
Loterie nationale burkinabè (LONAB) : Deux heureux (…)
Relations clients-opérateurs de téléphonie mobile : Moov (…)
Burkina Faso : Lilium Mining aux côtés des enfants des (…)
Entrepreneuriat : La Banque Commerciale du Burkina (…)
Burkina : « Ma manière de diriger ne va pas fondamentalement
Demandes de terrains et d’autorisations d’aménagement : (…)
Burkina/Santé : Des équipements pour renforcer le (…)
Lutte contre la fraude : Saisie de produits de (…)
Burkina/Production semencière : Le ministre de (…)
OCADES Caritas Burkina : Une croissance de 19% du volume (…)
Financement du Projet de mobilité et de développement (…)
Gaoua : Quatre élèves condamnés à des peines de travail (…)
Crash du vol AH 5017 : « Il faut faire en sorte que (…)

Pages :



LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés