Actualités :: Burkina : « En aucun cas, Target Malaria ne peut être responsable de ce qui (…)

L’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS) a organisé le mercredi 22 novembre 2023, à son siège à Ouagadougou, un atelier d’information et de sensibilisation sur le projet Target Malaria au profit des journalistes et communicants. Objectif, leur donner la bonne information sur le projet, notamment la contribution du moustique génétiquement modifié dans la lutte contre le paludisme.

Depuis le début de l’épidémie de dengue, des rumeurs circulent accusant les moustiques relâchés dans le cadre du projet Target Malaria d’en être la cause. Des rumeurs alimentées par des vidéos et des images prises sur un site de l’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS) à Bama. Il n’en est rien, ont tenu à rassurer les responsables du Centre national de recherche scientifique (CNRST) dont relève l’IRSS. Dr Moussa Guelbéogo, entomologiste médical a indiqué que c’est le moustique Aedes qui est responsable de la dengue. Le genre Aedes compte 950 espèces et au Burkina Faso, c’est l’espèce aegypti qui est responsable des cas rencontrés. Ils piquent principalement le matin et le soir entre 16h et 20h aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des maisons.

Le moustique responsable de la dengue est donc différent de celui qui transmet le paludisme qui est l’anophèle femelle.
C’est aussi ce qu’explique Dr Abdoulaye Diabaté, entomologiste médical, chercheur à l’IRSS. « Quand on regarde ces vidéos, on se rend compte que les gens ne savent pas réellement ce qu’est l’IRSS, puisqu’ils semblent dire que ce sont des structures étrangères qui sont venues pour faire ce travail. Il est extrêmement important de dire ici déjà que l’IRSS est une structure de recherche publique de l’État burkinabè. Les recherches que nous faisons, nous recevons le mandat du gouvernement pour le faire, ce qui veut dire que le gouvernement nous accompagne et sait ce qui se passe.

Les journalistes ne se sont pas faits prier pour assister à la rencontre

Deuxièmement, le moustique qui transmet le paludisme est complètement différent de celui qui transmet la dengue. Ce sont deux moustiques d’espèces complètement différentes. On n’a pas besoin d’être entomologiste médical pour faire la différence. En ce qui concerne les pathogènes responsables de ces deux maladies, l’un est le plasmodium, un parasite qui donne le paludisme et l’autre est un virus qui donne la dengue. En aucun cas, le moustique anophèle ne peut prendre le germe de la dengue, le développer et le transmettre à quelqu’un. Alors que Target Malaria n’a travaillé qu’avec l’anophèle. Donc en aucun cas, Target Malaria ne peut être responsable de ce qui se voit avec la dengue », a indiqué Dr Diabaté rappelant que la dengue ne date pas de maintenant et existe bien avant le projet Target Malaria. Il ajoute qu’en dehors de l’Afrique, des flambées de dengue sont enregistrées ailleurs dans le monde.

En savoir plus sur Target Malaria

Lancé en 2012 au Burkina Faso, le projet Target Malaria œuvre en Afrique (Mali, Ghana, Ouganda), en Europe et en Amérique du Nord avec pour but de co-développer et de partager des technologies génétiques qui permettront de modifier les moustiques et de réduire la transmission du paludisme. Dr Abdoulaye Diabaté a déclaré que pour vaincre le paludisme, on ne peut se focaliser sur les seules stratégies que sont la pulvérisation intra domiciliaire et la moustiquaire imprégnée à longue durée d’action. Il faut développer d’autres outils et c’est ce à quoi s’attelle le projet Target Malaria dont l’objectif est de réduire la population de moustiques vecteurs du paludisme afin d’arrêter la transmission de la maladie en utilisant la technologie d’impulsion génétique. Pour cela, l’équipe du projet travaille par étape.

La première phase du projet a consisté à mener des expériences sur une souche de moustiques mâles stériles sans impulsion génétique. Lorsque ces moustiques stériles s’accouplent avec des femelles, celles-ci pondent des œufs qui n’éclosent pas.
Après 7 ans de travaux en laboratoire, le projet a obtenu l’autorisation de l’Agence nationale de biosécurité pour un lâcher de moustiques mâles stériles dans le village de Bama dans les Hauts-Bassins.

Dr Abdoulaye Diabaté, entomologiste médical, directeur de recherche à l’IRSS

Ainsi le 1er juillet 2019, l’équipe de l’IRSS a procédé au lâcher à petite échelle dans ce village. C’est d’ailleurs le seul lâcher mené à ce jour par le projet. Environ 6400 moustiques mâles génétiquement modifiés et environ 8500 moustiques mâles non modifiés ont été libérés. L’objectif de ce lâcher était d’estimer la survie journalière des mâles lâchés, d’analyser leur participation aux essaims, ainsi que leur vol de dispersion. S’en sont suivis sept mois de surveillance pour vérifier la disparition du moustique modifié dans l’environnement et les résultats ont été communiqués à l’Agence nationale de biosécurité, qui a donné l’autorisation d’aller à la seconde phase qui est le « mâle biaisé sans impulsion génétique ».

Des explications de Dr Diabaté, il s’agit de modifier l’anophèle mâle, de sorte qu’après l’accouplement avec la femelle, celle-ci ne produisent majoritairement qu’une progéniture mâle qui ne transmet pas le paludisme. Il souligne que la recherche n’en est qu’à ses débuts et devrait durer encore quelques années. À terme, Target Malaria espère développer des moustiques porteurs d’un élément d’impulsion génétique qui biaisera l’héritage d’un caractère qui entraînerait une diminution de la transmission du paludisme par les moustiques.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net

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