Actualités :: Affaire « Elèves filmés par un enseignant » : Ainsi, on pousse des enfants à (...)

Il était temps que les responsables en charge de l’éducation nationale fustigent, par ce communiqué du 5 février 2023, et au-delà de ce cas précis de « grave faute professionnelle », ces diffusions sur les réseaux sociaux, de vidéos montrant d’élèves peinant à prononcer correctement des phrases de leur enseignant en français. Hélas, plusieurs enfants, et même parents, ont déjà payé le prix de ces dérives, que des citoyens se plaisent à recevoir dans leurs groupes WhatsApp et à relayer avec railleries, sans un minimum de questionnement de bon sens.

« L’acte ainsi posé est irresponsable, contraire à la déontologie, donc en rupture avec les valeurs sacrées qui font la noblesse de l’éducateur, un adulte qui traite les apprenants comme ses propres enfants, avec amour et bienveillance », sermonne le communiqué du ministère en charge de l’éducation nationale, qui, tout en promettant des investigations, qualifie l’acte de « grave faute professionnelle ».

Cette bassesse, loin d’être un anathème jeté sur l’ensemble des enseignants et acteurs de l’éducation, nombreux à se dévouer à la tâche et qui vont même au-delà des limites que leur permettent les moyens à leur disposition, mérite de servir d’exemple. Un exemple de sanction au goût donc d’hommage rendu à ces enseignants, éducateurs et acteurs de l’éducation consciencieux, et dont le sacrifice peut être heurté par le comportement des brebis galeuses.

« J’ai très mal, quand je vois les vidéos de ces enfants qui font le tour des groupes WhatsApp et de grandes personnes, des parents, qui les regardent pour se moquer », interpellait déjà en 2018, un responsable d’organisation de droits humains, dans l’actualité d’une vidéo montrant un élève débraillé, qui peine à prononcer correctement un mot en français.

Pourquoi des gens sont si heureux de vivre et de partager les difficultés, quand ça vient de l’autre ? De telles vidéos vont à une vive allure dans les groupes WhatsApp, sans que cela n’émeuve nombre de citoyens. Qu’ont fait ces enfants pour mériter de tels traitements populaires dégradants ? Leur seul péché, observera-t-on, c’est de ne pas être l’enfant, le petit-frère ou le proche de ceux-là qui se plaisent à réaliser de telles vidéos et ensuite de ces personnes-là également qui se plaisent à les partager avec humour, joie, fierté à travers les groupes et contacts WhatsApp.

Pour un système éducatif « qui se cherche déjà », que va-t-il en rester, si des acteurs, eux-mêmes, s’adonnent à de telles pratiques, avec la complicité d’une certaine ‘’race’’ d’individus ?

Pas plus tard que le 24 janvier, la communauté internationale commémorait la « Journée internationale de l’éducation », pour interpeller non seulement l’Etat sur sa responsabilité dans la jouissance de ce droit humain, mais aussi l’ensemble des acteurs sur leur rôle dans la réalisation de ce droit.

Est-il nécessaire de rappeler que la journée 2023 s’est tenue au Burkina dans un contexte très difficile pour le secteur ? Déjà mal lotie, l’éducation est l’un des secteurs qui paie le prix fort de l’insécurité. « Quand on fait cours, souvent les enfants viennent nous dire qu’ils ne peuvent plus suivre, qu’ils ont faim. On est obligé d’abandonner, ça fait pitié », témoigne avec tristesse, un encadreur dans une localité de la région du Nord qui accueille des élèves déplacés internes.

Face à ces nombreux enfants déjà dans la rue ou dans des conditions pénibles d’études, avec donc les problèmes sociaux que cela peut poser à moyen et long termes, chaque Burkinabè, pas seulement les enseignants et autres acteurs de l’éducation, doit faire l’effort de ne pas, par son comportement, élargir le cercle d’enfants qui vont grandir dans des sentiments de frustrations. C’est ce risque également qu’on court, en exposant et en contraignant ainsi les élèves.

Cette situation interpelle aussi l’Etat sur le sérieux à mettre dans l’éducation. Continuer à améliorer les conditions de vie et de travail des enseignants et autre personnel du secteur, mais également s’entourer des chances que les éducateurs qui s’y dirigent soient dotés d’un minimum de qualité et de valeurs morales et humaines. Il y a des secteurs, et l’éducation en fait partie, qui ne doivent pas faire l’objet d’errements.

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

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