ActualitésDOSSIERS :: Burkina/Attaque du convoi de Gaskindé : « Nous demandons aux autorités de (...)

Lors des 36 heures (6 et 7 octobre 2022) de recueillements et de prières en faveur des chauffeurs victimes de l’attaque du convoi de Gaskindé, dans la province du Soum, région du Sahel, le président de l’Union des chauffeurs routiers du Burkina (UCRB), Brahima Rabo, a accordé une interview à Lefaso.net à Ouagadougou. Une conversation au cours de laquelle l’homme revient sur le bilan des victimes dans le rang des chauffeurs, le rapatriement des corps des victimes, l’organisation même des convois de ravitaillement et autres.

Lefaso.net : Deux jours de recueillement et de prière pour vos confrères restés dans l’attaque de Gaskindé, en quoi vont-ils consister réellement ?

Brahima Rabo : Après l’attaque de Gaskindé qui a causé la mort de plusieurs de nos camarades et après concertation, nous avons dédié la journée de ce jeudi et la matinée de vendredi au recueillement et à la prière. Nous avons voulu marquer cet arrêt pour avoir une pensée pieuse pour nos camarades et prier pour eux. On a demandé à tous nos camarades qui se disent conducteurs routiers de se recueillir et de porter les camarades en prière pour que leurs âmes reposent en paix.

Selon vous, qu’est-ce qui n’a pas marché dans cette escorte pour qu’on en arrive à un tel drame ?

Jusqu’à la, nous ne savons pas. On ne sait pas si c’est le nombre de militaires qui était insuffisant pour l’escorte ou leurs équipements. Nous n’avons vraiment pas compris. Parce qu’on ne sait pas pourquoi à 20 kilomètres de l’arrivée, le responsable de l’escorte a dit de s’arrêter et ils ont pris plus de 30 minutes et les autres ont profité pour prier. Et c’est quand ils s’apprêtaient à démarrer que les balles ont commencé à fuser de partout. C’est le chef d’escorte qui pouvait nous dire pourquoi il a demandé cet arrêt en chemin, mais il est mort dans l’attaque.

On a également vu que le bilan que vous avez donné est plus élevé que celui qui a été donné officiellement. Pourquoi ?

Je peux dire qu’il y a eu un faux départ même au niveau de l’armée. Ils ont dit au début que c’était onze morts. Ils ont revu ce chiffre à la hausse après. On va compter tous les véhicules qui ont bougé. Il y avait 207 chauffeurs qui faisaient partie du convoi et au retour il y a 35 chauffeurs qui manquent à l’appel. Et il faut noter aussi que les chauffeurs ne voyagent jamais seuls, ils sont toujours avec leurs apprentis. Et si on prend un apprenti minimum par chauffeur, multiplier les 35 par deux, vous verrez ce que cela donne. N’en parlons pas de ceux qui ont deux apprentis... C’est pourquoi nous avons dit qu’il y a au moins 70 victimes dans le rang des chauffeurs. Dans le bilan des victimes dans le rang de l’armée, ils disent que c’est 27. Mais c’est entre eux. Parce que, selon nos informations, au lendemain de l’attaque les terroristes sont revenus sur place et ils ont brûlé les corps parmi lesquels il y avait les escortes. Pour nous, la perte est énorme et dans la famille des conducteurs routiers, c’est une grande perte.

En ce jour de deuil, quel message avez-vous à faire passer ?

Déjà la journée d’aujourd’hui (jeudi 6 octobre 2022, Ndlr), nous allons la dédier à nos camarades et pourquoi pas la prendre chaque année comme une journée de recueillement à l’endroit des camarades qui sont restés dans cette attaque terroriste dans l’exercice de leur métier. Mais au-delà de cela, ce que nous demandons à l’autorité, c’est vraiment une réorganisation du système d’escorte afin de permettre aux conducteurs routiers de pouvoir ravitailler les populations ou qu’elles se trouvent.

Votre mot de fin

Comme mot de fin, il faut dire que ce n’est pas aujourd’hui que nous avons commencé à alerter le gouvernement sur la question de l’escorte. Et vu ce qui s’est passé, on s’est dit que c’est peut-être une négligence qui fait que nous avons des pertes dans nos rangs. Et ce qui nous frustre encore aujourd’hui, c’est qu’on nous a fait savoir que les corps des 27 militaires tombés à Gaskindé ont été évacués. Mais jusqu’à l’heure où je vous parle, nous n’avons aucune nouvelle des corps des chauffeurs. Pourtant le bilan officiel fait état d’une cinquantaine de civils qui ont perdu la vie.

A notre niveau, nous n’avons pas eu d’approche, ni des autorités, ni de qui que ce soit pour nous dire que voilà la situation de vos corps et ce que nous allons en faire. C’est déplorable parce que nous qui sommes le poumon de l’économie burkinabè, on doit être traités à la hauteur de notre travail, on ne doit pas nous laisser comme ça. Les chauffeurs routiers ne sont pas contents et nous attendons de finir notre deuil et après, nous allons nous concerter.

Interview réalisée par Yvette Zongo et Auguste Ange Paré
Lefaso.net

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