ActualitésDOSSIERS :: Attaque de Gaskindé au Burkina : De retour à Ouagadougou, des rescapés encore (...)

Après avoir eu la vie sauve lors de l’attaque du convoi de ravitaillement de Djibo à Gaskindé, certains rescapés ont regagné Ouagadougou dans la soirée du dimanche 2 octobre 2022. Nous avons assisté à ce retour timide et lugubre à Tampouy, au pied du monument de la Paix.

C’est aux environs de 17h qu’une dizaine de camions infortunés, vidés de leurs contenus, avançaient lourdement vers le monument de la Paix, en file indienne. Sous le regard triste de membres de l’Union des chauffeurs routiers du Burkina, descendent les plus chanceux du dramatique évènement du 26 septembre qui a causé la mort de onze soldats et d’une cinquantaine de civils portés disparus, selon un bilan officiel.

Eux, ce sont les chauffeurs du convoi de Djibo. Ils étaient avec une poignée de femmes qui ont frôlé la mort dans cette attaque perpétrée par des hordes sanguinaires. Les visages crispés, physiquement diminués par la douleur du drame qui pèse toujours sur leur conscience, ils laissent difficilement échapper les mots de leurs bouches lorsque nous leur avons tendu notre micro.

Le pare-brise brisé de ce camion porte toujours la signature des terroristes

Daouda Sorgho est l’un des chauffeurs de ce convoi. Les yeux rougis par la douleur de cette attaque, il revient sur le film de cette journée macabre. « Nous avons démarré de Kongoussi avec 216 camions. Nous avons roulé sans écueils jusqu’à Bourzanga où nous avons fait deux jours. Et nous avons repris la route jusqu’à Namsiguia. Quand nous étions arrivés à Gaskindé, un des camions a eu une crevaison et nous nous sommes arrêtés pour la réparation. C’est à ce moment que les gens ont profité pour faire leur prière en attendant le départ. Après réparation, nous avons commencé à partir. Un instant après, nos hommes de tenue ont remarqué quelque chose de bizarre et ils nous ont intimé l’ordre de nous arrêter. C’est pendant ce temps d’arrêt que les terroristes ont commencé à tirer. Nous nous sommes couchés sur ordre de nos militaires mais nous avons commencé à fuir dans tous les sens parce que les tirs étaient intenses », a-t-il retracé avec une voix tremblotante. Mais l’armée et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) ont fait montre de bravoure dans la riposte, reconnaît-il, mais l’ennemi avait une puissance de feu supérieure.

Daouda Sorgho salue la bravoure des VDP de Bourzanga venus prêter main forte à l’armée au moment de l’embuscade

Selon ce rescapé, le convoi était divisé en trois tranches. Et c’est à la première, notamment la tête, que les terroristes s’en sont pris d’abord avant de descendre vers les autres. C’était la débandade. « Nous avons vu des femmes qui cherchaient à se libérer de leurs enfants du dos pour pouvoir courir et trouver la vie sauve », nous dit-il, les yeux emplis de larmes. « Et nous, nous rendons grâce à Dieu de nous avoir sauvé », a-t-il lancé. Le bilan en termes de morts est bien plus lourd que ce qui a été communiqué par le gouvernement, à en croire ce rescapé. « J’ai vu de mes propres yeux huit cadavres de civils », a-t-il indiqué.

A entendre son collègue conducteur, Fulgence Ouédraogo, chaque camion avait à son bord deux militaires. Mais visiblement jeunes, ce qui aurait permis aux terroristes de prendre de l’ascendant, de son avis. « C’est vrai qu’ils nous ont demandé de nous coucher au moment des tirs mais je n’ai pas senti à quel moment j’ai pu m’en sortir pour fuir », a-t-il expliqué, avant se retrancher sous un arbre, le regard plongé dans le vide. « C’est Dieu qui m’a sauvé », lâche-t-il.

Le secrétaire général de l’Union des chauffeurs routiers du Burkina, Tasséré Ouédraogo invite les autorités à redoubler d’effort

Ousmane Ouédraogo lui se trouvait en queue de convoi. Lui aussi a trouvé son salut dans la fuite à Bourzanga. Ses jambes, qui lui ont permis de prendre la poudre d’escampette, sont encore douloureuses. C’est avec difficultés qu’il se tient debout pour donner sa version des faits. « Il faut que l’Etat redouble de vigilance sinon ce n’est pas… » a-t-il succinctement lancé avant de s’éclipser, sans terminer sa phrase.

Dans le lot des rescapés, une dame pleure à chaudes larmes. Elle était avec le reste du convoi qui a survécu à la mort. Elle et son mari militaire étaient de ce convoi qui partait soulager la ville ‘’moribonde de Djibo’’ dans le Sahel burkinabè. Si elle est passée à la lisière de la mort, elle n’y croit plus aux chances de vie de son époux. En larmes, elle nous confie qu’elle n’a plus les nouvelles de ce dernier depuis le jour de l’attaque. De grosses larmes dégoulinent sur les joues de cette dame qui a presque perdu l’espoir de revoir son homme.

Cette dame attend désespérément le retour de son mari

Selon les survivants, les terroristes ont ouvert le feu par deux fois sur l’appui aérien, qui a dû rebrousser chemin pour ne plus réapparaître encore. « Si l’avion n’avait pas fait demi-tour, les terroristes allaient l’abattre », nous confie Daouda Sorgho, ajoutant que la domination des terroristes s’explique par la faiblesse du dispositif sécuritaire du convoi.

Le retour à Ouagadougou a été possible grâce à l’intervention des militaires et des VDP, selon les rescapés. Ce seraient eux qui ont pris l’initiative de les accompagner pour aller chercher le reste des camions qui avaient échappé aux flammes. Ils disent avoir été escortés par les VDP de Bourzanga jusqu’à Kongoussi.

« Nous n’allons plus accepter nous exposer si les autorités ne changent pas de méthodes »

C’est dans une grande tristesse que le secrétaire général de l’Union des chauffeurs routiers du Burkina, Tasséré Ouédraogo, a accueilli ses collègues survivants de cette tragédie. Il demande aux autorités de revoir l’organisation des convois parce que ce n’est pas la première fois que les membres de l’UCRB perdent la vie dans de pareilles circonstances. « Nous n’allons plus accepter de nous exposer si les autorités ne changent pas de méthodes », peste le secrétaire général de la faîtière des routiers du Burkina. « Les corps de nos membres sont déposés là-bas, on ne sait pas encore comment les choses vont se passer », a-t-il confié, tout en souhaitant prompt rétablissement aux blessés.

Serge Ika Ki
Lefaso.net

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