Actualités :: Crise ivoirienne : Gbagbo désarme l’Union africaine

Laurent Gbagbo peut désormais jubiler. Il peut même continuer
à jouer son psychodrame favori, "la Côte d’Ivoire légitime contre
ses ennemis intérieurs et extérieurs", jeter dans la rue sa horde
enragée, aux propos incendiaires, gonflée à bloc par une
propagande xénophobe et pavoiser les artères d’Abidjan de
banderoles sur lesquelles seront calligraphiés des slogans
guerriers et incitant à la chasse aux sorcières.

Qui pourrait l’en
empêcher ? Ni la CEDEAO ni l’UA ni encore l’ONU, toutes
victimes de la stratégie de l’usure savamment montée par
Gbagbo. Il ne reste plus à l’immense majorité des Ivoiriens, qu’à
assister, impuissants et en victimes expiatoires, à
l’effondrement, sous leurs pieds, du sol de la patrie
d’Houphouët Boigny.

Dans cette descente aux enfers, seuls les
survivants pourraient peut-être un jour raconter à la jeune
génération, comment un pays, hier cité comme un exemple
achevé de stabilité, a pu basculer dans l’aberration et l’anarchie
créées par la bêtise humaine, la soif et la folie débridée du
pouvoir d’un homme.

Toujours est-il que face à une telle situation catastrophique,
les dirigeants de la CEDEAO n’ont pas voulu ou pu s’assumer.
Ils ont donc jeté le bébé avec l’eau du bain à l’Union africaine.
La CEDEAO avait-elle finalement été excédée par les
accusations de partialité et de velléités déstabilisatrices portées
contre elle par Gbagbo ? S’était-elle sentie lassée et ridiculisée
par les propos irrévérencieux d’un Laurent Gbagbo à son
endroit ?

En tout cas, le récent sommet d’Abuja n’a pas mobilisé
grand monde. Cependant, on ne saurait accuser la CEDEAO de
légèreté et d’inconscience face aux risques d’un embrasement
qui affecterait toute la sous-région.

La CEDEAO a eu même le
courage de dessaisir Tabo Mbeki du dossier ivoirien compte
tenu de ses accointances avec le régime de Gbagbo sur fond de
contrats militaires et commerciaux. L’Union africaine, en
remettant en selle la médiation sud-africaine, même si elle est
marquée de près par le Nigeria, n’incite pas à l’optimisme,
surtout quand on se réfère aux conclusions du sommet d’Addis
Abeba.

Ainsi, Laurent Gbagbo est sacré président pour un an
après la date du 30 octobre. Cette décision légitime de fait un
président récusé par une opposition qui estime que la transition
devait se dérouler sans Gbagbo.

En fait, Addis Abeba n’est autre
chose qu’un scénario répétitif de Marcoussis. Pourquoi tant de
gesticulations pour se retrouver à la case départ ? En
demandant à Gbagbo de nommer un nouveau Premier ministre
consensuel, accepté par tous, on sacrifie ainsi Seydou Elimane
Diarra à qui, en réalité, l’actuel président n’a jamais concédé la
moindre parcelle de pouvoir. Il n’est pas évident que le président
ivoirien, à qui on a donné toute latitude pour nommer qui il veut,
certainement pas un homme qu’il ne porte pas dans son coeur,
ait la même lecture du consensus que ceux d’en face. Une
décision donc lourde de conséquences.

Laurent Gbagbo, passé
maître dans l’art des manoeuvres politiciennes, pourrait en faire
à sa tête et appeler à la tête du gouvernement, un homme sans
relief et à sa dévotion.

Addis Abeba aura finalement accouché
d’une solution qui divise plus qu’elle ne rassemble.
En effet, on ne voit pas comment Mbeki (dont la connivence avec
Gbagbo est manifeste) et Obasanjo (accusé à tort ou à raison
de ne pas supporter l’absence de sincérité du président
ivoirien), pourraient faire table rase de leurs divergences.

On ne
voit pas non plus comment les Forces nouvelles, à qui on
demande de déposer unilatéralement les armes, accepteraient
de se faire hara-kiri. Que dire de l’opposition, consciente de son
poids politique réel sur le terrain et à qui on donne pratiquement
l’ordre de manger les patates chaudes de la compromission ?

En attendant des réponses à ces questions, que restera-t-il
d’une Côte d’Ivoire politiquement sismique, territorialement en
lambeaux et qui continue à être immolée sur l’autel des intérêts
des mafias politico-affairistes et des sangsues qui utilisent
Gbagbo comme relais local pour assouvir leurs appétits.
En tous les cas, une chose est sûre. La paix en Côte d’Ivoire
passera par la négociation ou la force. L’idéal serait de
privilégier la première démarche. L’on peut cependant se
demander s’il n’est pas trop tard.

Le Pays

Ukraine : Une Intelligence artificielle désormais (...)
Coopération Franco-Malienne : Vers une décrispation des (...)
Tchad : Conflit d’intérêts entre Français et Américains sur (...)
Présidentielle au Tchad : Mahamat Idriss Déby l’emporte (...)
Gabon : Ali Bongo et deux de ses fils entament une grève (...)
Tchad/Élection de Mahamat Idriss Déby Itno : Des (...)
Mali : Vers une prolongation de la transition (...)
Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo (...)
Mali : Le dialogue Inter-Maliens propose la candidature (...)
Bénin : Le gouvernement interdit le pétrole provenant du (...)
Somalie : Les autorités demandent la cessation de la (...)
Présidentielle au Tchad : Mahamat Idriss Déby Itno (...)
Les écrivains Ngugi Wa Thiong’o et Boubacar B. Diop au (...)
Tchad : Les partisans de Succès Masra inquiets pour la (...)
Présidentielle au Tchad : Entre irrégularités et (...)
Russie : Vladimir Poutine investi pour un cinquième (...)
Sénégal : « Nous oeuvrerons à renforcer les mécanismes de (...)
Sénégal : Le nouveau pouvoir annonce une tournée (...)
Transition au Mali : La phase nationale du dialogue (...)
Niger : Bientôt une École militaire de guerre (EMG) à (...)
Togo/Élections législatives : UNIR du président Faure (...)

Pages : 0 | 21 | 42 | 63 | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | ... | 7665


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés