ActualitésDOSSIERS :: FESPACO 2019 : Des résultats en deçà des attentes pour le cinéma burkinabè

Les lampions de la 26e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) se sont éteints le samedi 2 mars 2019. C’est l’heure du bilan. Le prestigieux prix, l’Etalon d’or de Yennenga, est parti au Rwanda avec le film « The mercy of the jungle » de Joël Karekezi. Pour le Burkina Faso, dans la compétition officielle, la moisson est en deçà des attentes. Seulement trois prix ont été engrangés.

Cette année encore, au FESPACO, c’est la déception pour le cinéma burkinabè. Depuis 1997, le Burkina Faso poursuit l’Etalon d’or de Yennenga en vain. Cette année encore, il a échappé à nos vaillants étalons cinéastes. Pourtant, parmi les 20 films en compétition, notre pays avait aligné trois œuvres. Ce sont « Hakilitan » d’Isaaka Konaté, « Duga » d’Abdoulaye Dao et Hervé Eric Lingani et « Desrances » d’Apolline Traoré.

Dans la compétition officielle, c’est presque le désastre. Les cinéastes burkinabè n’ont pu remporter que trois prix. Il y a eu le prix du meilleur décor attribué à « Desrances ». Au niveau des films des écoles africaines de cinéma, « Maison de retraite » d’Ismaël Césaire Kafando a eu le deuxième prix. « Le loup d’or de Balolé » d’Aïcha Boro a fait honneur du Burkina Faso. Il a décroché l’Etalon d’or de Yennenga dans la catégorie documentaire.

Ces trois prix sont loin des attentes des Burkinabè. Toutefois, comparativement à l’édition précédente, le Burkina Faso a fait un petit pas en avant. Les cinéastes burkinabè avaient remporté deux prix au FESPACO 2017. « Frontières » d’Apolline Traoré avait eu le prix Paul-Robeson. Adama Rouamba, avec son film « La forêt de Niolo », avait, quant à lui, obtenu le prix du meilleur scénario.

C’est donc dire qu’au fil des ans, le Burkina, organisateur de la fête du cinéma africain, stagne. Pourtant, pour cette édition, le gouvernement a mis de gros moyens (même si les cinéastes trouvent le montant insuffisant) pour soutenir les professionnels du 7e art burkinabè.

Finalement, l’on peut considérer que ce petit échec vient peut-être de la technicité des films qui étaient à la conquête de l’Etalon d’or de Yennenga. Les trois longs métrages burkinabè étaient bien beaux. Mais il y a eu des déchets aussi. Si l’on prend le film « Desrances », on a vu des acteurs qui se sont donné à fond. On a pu revoir les horreurs de la crise ivoirienne. Ce n’est pas pour rien que le film a obtenu le prix du meilleur décor.

En revanche, dans la conduite du film, certains estiment qu’il y a un problème de montage. Aussi, dans l’une des séquences, l’acteur principal perd sa femme en couches. Le secret est gardé entre son beau-père et sa fille. Certains disent n’avoir pas senti ou vu passer cette émotion de la petite fille qui perd sa mère. Pour ces gens, c’est inadmissible qu’un enfant puisse supporter cette situation, et faire comme si de rien n’était.

Le film « Hakilitan » est sorti bredouille du FESPACO. Même pas un prix spécial. Peu importe. Il faut saluer le mérite du réalisateur d’avoir osé. C’était d’ailleurs son tout premier long métrage. C’est un film qui était bien en phase avec le thème du FESPACO. Seulement, à la sortie de la projection, peu de spectateurs avaient compris le film.

Cette production avait un problème de catégorie. Logé dans le long métrage fiction, il l’est en réalité à moitié. Le film est un mélange de documentaire (des interviews) et de fiction. L’autre aspect, et non des moindres, c’est que le réalisateur a mis dix ans pour obtenir ce résultat. Le tournage a commencé depuis 2009.

Le dernier film burkinabè, « Duga », est de belle facture. Il raconte une histoire qui cadre avec les réalités burkinabè. Cependant, le film n’était pas en compétition uniquement avec des films burkinabè. Les acteurs ne se sont pas suffisamment investis dans l’incarnation des rôles. Le film parle d’un sujet d’actualité que sont les religions. Sauf qu’à ce niveau, il y a un problème d’équilibre des acteurs qui a été critiqué. Lorsqu’on a amené le corps pour l’enterrement, toutes les religions ont refusé, pour diverses raisons.

Là, il y a un souci. Ceux qui ont refusé n’avaient pas les mêmes statuts. Chez les protestants, c’est le pasteur lui-même. La condition pour enterrer le défunt était qu’il épouse la veuve. Au niveau des chrétiens, le curé (1er responsable de la paroisse) étant en voyage, c’est un simple fidèle qui a refusé, sous prétexte que le défunt n’est pas à jour de ses cotisations et n’appartient à aucune Communauté chrétienne de base. Chez les musulmans, l’imam a accepté. Mais le marabout a refusé par la suite, quand il a su que le défunt s’appelait « Pierre ».

On pourrait donc dire que ces trois films n’étaient pas à la hauteur de l’Etalon d’or de Yennenga. Un travail est encore demandé à nos réalisateurs et techniciens. Peut-être que l’édition 2021 sera la bonne.

Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net

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