Actualités :: Burkina/Crise humanitaire : Le CICR fait don de vivres à 3 000 ménages de Boulsa

Après une première phase de distribution qui s’est déroulée du 11 au 13 juin 2024, le comité international de la Croix-Rouge (CICR) a de nouveau distribué des vivres à 3 000 ménages vulnérables de Boulsa (province du Namentenga, région du Centre-nord) dont 2 700 ménages PDI et 300 ménages hôtes. La distribution de ces vivres s’est déroulée du 27 au 29 août 2024 à Boulsa. 500 ménages ont également bénéficié des kits de semences pour la production des cultures maraîchères. Ce sont essentiellement des ménages déplacés internes enregistrés en fin décembre 2023 et n’ayant pas bénéficié depuis leur arrivée, d’un programme d’assistance alimentaire d’autres intervenants. Chaque ménage est reparti avec 50 kg de mil, 25 kg de riz blanc, 25kg de haricot, 10 litres d’huile et 1 kg de sel iodé. Après ces deux premières phases, il y aura une troisième phase de distribution de vivres au profit de ces mêmes bénéficiaires.

Depuis 2015, le Burkina Faso fait face à une crise sécuritaire sans précédent, entraînant également une crise humanitaire sans précédent avec notamment le déplacement massif des populations des zones en proie aux attaques. A en croire le CICR, en termes de sécurité alimentaire, la vulnérabilité de la population burkinabè n’a pas cessé de s’aggraver. Les populations vulnérables, déjà très affectées avant le début de la crise sécuritaire à cause de la sécheresse et des changements climatiques ont vu leur situation se compliquer davantage.

Selon le comité international de la Croix-Rouge (CICR), le nombre élevé de personnes déplacées à l’intérieur du pays crée une pression supplémentaire sur des ressources déjà limitées. Les ressources alimentaires, les installations d’eau et d’assainissement et les infrastructures de santé qui étaient déjà limitées avant la crise sécuritaire sont de plus en plus sollicitées, avec des conséquences négatives sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

Chaque ménage reçoit 50 kg de mil, 25 kg de riz blanc, 25kg de haricot, 10 litres d’huile et 1 kg de sel iodé

3 000 ménages retrouvent le sourire grâce au CICR

La province du Namentenga située dans la région du Centre-nord et à la lisière du Sahel, connaît une dynamique d’insécurité aux conséquences néfastes pour les populations. Selon le CICR qui cite la Direction provinciale en charge de l’action humanitaire du Namentenga, à la fin décembre 2023, la crise sécuritaire dans la province du Namentenga a occasionné des mouvements de populations des villages de Bonam, de Kolgonsom, de Boko, de Dargo, de Rouantenga, de Kiendsom, de Kampinga, de Zoanga, de Zeguedeguin, entre autres, vers Boulsa centre. 20 961 personnes ont été enregistrées, soit environ 3 000 ménages.

Face à cette situation humanitaire préoccupante et après une mission d’évaluation auprès des populations déplacées, le CICR a mis en œuvre une assistance alimentaire afin de contribuer à améliorer la consommation alimentaire des ménages déplacés à travers la distribution directe de vivres sur 3 rounds pour prévenir et atténuer la malnutrition aigüe globale. 3 000 ménages vulnérables dont 2 700 ménages déplacés internes enregistrés en fin décembre 2023 et n’ayant pas bénéficié depuis leur arrivée, d’un programme d’assistance alimentaire d’autres intervenants, ont reçu une ration alimentaire d’un mois composée de 50 kg de mil, 25 kg de riz blanc, 25kg de haricot, 10 litres d’huile et 1 kg de sel iodé.

Bruno Ouédraogo, spécialiste cash au département sécurité économique du CICR

Selon Bruno Ouédraogo, spécialiste cash au département sécurité économique du CICR, cette assistance vise à répondre aux besoins alimentaires de ces personnes affectées par la crise sécuritaire. Après une première phase, ces mêmes ménages bénéficient de nouveau de ces dons de vivres, leur permettant de tenir pendant au moins un mois. En plus de cette assistance alimentaire, 500 ménages disposant de terres ont également bénéficié de semences maraîchères.

« En lien avec la crise sécuritaire, nous avons au niveau du Namentenga, pas mal de déplacés internes que gère l’action sociale. Nous sommes venus en appui à l’action sociale pour répondre aux besoins alimentaires des ménages PDI. Nous avons au total 3 000 ménages que nous assistons. C’est la deuxième fois que le CICR mène cette assistance alimentaire ici à Boulsa. Durant ces trois jours de distribution, nous avons prévu assister 3 000 ménages dont 10% de ménages de populations résidentes vulnérables. Il y a 50 kg de mil, 25 kg de riz blanc, 25kg de haricot, 10 litres d’huile et 1 kg de sel iodé. De quoi répondre aux besoins alimentaires d’un ménage de 7 personnes durant un mois, environ 2 100 kilocalories dans le mois. En plus de cette assistance alimentaire, nous avons aussi une assistance combinée de semences maraîchères. Nous avons prévu les distribuer à 500 ménages au cours de ce deuxième round de distribution de vivres. Les kits semences, c’est essentiellement de la laitue, des oignons, du chou et pas mal d’autres spéculations pour appuyer les ménages en terme d’amélioration de leur alimentation », a-t-il expliqué.

Norègma Ouédraogo, directeur provincial de l’action humanitaire du Namentenga

Pour Bruno Ouédraogo, avant toute activité de remise de vivres, des séances de sensibilisation sont effectuées auprès des bénéficiaires et des autorités pour décliner la nature de l’assistance, la taille des ménages à assister. « Sur le site ici, nous passons le message sur la composition de l’assistance, la durée et le nombre de fois que le bénéficiaire a droit. Nous passons des messages de sensibilisation sur la nutrition. Il y a des thématiques qui sont abordées lors de ce deuxième round de distribution, essentiellement l’alimentation variée, la promotion de l’hygiène. Au-delà de ça, nous leur montrons les actions que le CICR entreprend au Burkina Faso notamment ici dans la province du Namentenga », a-t-il précisé.

La direction provinciale de l’action humanitaire satisfaite mais plaide pour une prise en compte des personnes retournées et la promotion des activités génératrices de revenus

Norègma Ouédraogo est le directeur provincial de l’action humanitaire du Namentenga. Il a rappelé que ces bénéficiaires ont été recensés sur la base des critères de vulnérabilité. Il s’est réjoui de la prise en compte des personnes retournées dans la distribution de ces vivres. Pour lui, ces dons vont énormément soulager ces populations hôtes comme PDI qui font face à de nombreux besoins. Une situation aggravée notamment par une saison pluvieuse capricieuse, selon ses dires.

Rihanata Soudré PDI originaire de Gaoga

« Nous sommes sur le terrain communal de Boulsa pour la distribution des vivres que le CICR a bien voulu mettre à la disposition des populations déplacées et des populations hôtes pour leur permettre de sortir de cette période de soudure. Au total, il y a 3 000 ménages bénéficiaires. Parmi ces bénéficiaires, il y a 10% d’hôtes. Donc, nous avons 2 700 PDI et 300 hôtes. Là où ce geste nous réjouit particulièrement en tant qu’autorité en charge de l’action humanitaire dans la province, c’est la prise en compte des personnes retournées. Que ce soit de la commune de Boulsa ou dans les villages où il y a eu des retours, cette assistance a pu les prendre en compte. Nous avons fait ce plaidoyer auprès du responsable du CICR qui s’occupe de l’assistance humanitaire ici. Notre plaidoyer a été bien entendu et cela nous réjouit énormément. Pour le recensement de ces bénéficiaires, nous avons une base de données. Aussi pour les personnes retournées, nos services ont l’état de ceux qui sont retournés. C’est sur cette base que nous avons fait le ciblage pour cette assistance. Nous tenons compte également des critères de vulnérabilité. Cette aide va vraiment nous permettre de sortir de l’ornière parce que les populations sont dans le besoin », a-t-il indiqué.

« La saison hivernale passée a été totalement capricieuse et cela n’a pas pu permettre aux populations d’avoir quelque chose. Le déplacement a contribué pour beaucoup à rendre la situation encore plus difficile. Nous avons donc accueilli cette assistance du CICR avec beaucoup de joie », a-t-il ajouté.

Adama Zidwemba PDI originaire de Gaoga

Norègma Ouédraogo s’est longuement attardé sur les difficultés que rencontrent les personnes déplacées internes de Boulsa. Il s’agit notamment des questions d’alimentation, de logements, etc. « La venue des PDI est venue exacerber la situation des populations hôtes parce qu’il y a une pression sur les ressources existantes et tout le monde se retrouve dans le besoin. La difficulté, c’est toujours l’appui alimentaire. Quand les gens abandonnent leurs foyers, ils viennent, ils n’ont rien. Donc en terme alimentaire, les défis sont toujours nombreux. Au niveau des logements, comme ce sont des abris temporaires, quelques mois après, ces abris sont détériorés. A ce niveau, je pense qu’on peut toujours faire quelque chose. Mais il faut dire que le ministère a un plan ce qu’on appelle la stratégie nationale de relèvement et ce sont ces activités que nous encourageons. Il faut qu’on aille de plus en plus vers les activités de relèvement pour permettre à ces populations, qu’elles soient hôtes ou PDI, qu’elles deviennent encore plus autonomes économiquement pour pouvoir se prendre en charge. Actuellement, nous avons une lueur d’espoir parce qu’il y a beaucoup de PDI qui sont en train de retourner ou qui sont déjà retournées. C’est un plaidoyer que nous faisons auprès des autres organismes humanitaires pour qu’ils prennent en compte les personnes retournées, parce qu’elles sont comme des PDI, arrivées dans leurs localités d’origine, il se trouve qu’elles ont tout perdu. Il faut reprendre à zéro », relate Norègma Ouédraogo.

Au nom de sa hiérarchie, Norègma Ouédraogo a saisi l’occasion pour remercier tous les partenaires humanitaires notamment le CICR qui s’intéressent à la question humanitaire dans le Namentenga car pour lui, « leurs interventions nous permettent de faire face à la situation désastreuse dans laquelle nous vivons. De façon générale, on peut dire qu’on est satisfait de l’intervention des partenaires humanitaires. Spécifiquement pour le CICR, nous sommes satisfaits parce qu’avant toute intervention, il prend langue avec les autorités. Pour la présente distribution, les autorités sont au courant ».

Idrissa Sakandé PDI originaire de Djemsgo-Yarcé.

Soulagement et reconnaissance chez les bénéficiaires

Ce sont des bénéficiaires heureux, soulagés et reconnaissants que nous avons pu rencontrer lors de cette distribution de vivres. Tout en appelant les autorités à œuvrer pour leur permettre de retourner chez eux, ils ont tenu à remercier le CICR pour ces dons de vivres qui selon leurs dires, constituent un ouf de soulagement, un problème de moins.

« Nous sommes très heureux de recevoir ces vivres. Nous sommes arrivés à Boulsa depuis au moins deux ans à cause de l’insécurité. Nous avons été bien accueillis par les populations de Boulsa. Ce que nous avons reçu va vraiment nous soulager énormément. Nous remercions beaucoup le CICR pour ce geste », a confié Rihanata Soudré, PDI originaire de Gaoga.

Adama Kaboré, PDI originaire de Gaoga

« Nous avons bénéficié de la première phase et nous sommes de nouveau appelés pour recevoir ces vivres. Si nous disons que ces dons ne vont pas nous aider, nous avons menti. Ils nous ont déjà aidés, nous aident et ça vient encore. Nous ne pouvons qu’être contents. Notre message, c’est que ces initiatives se poursuivent et que la paix revienne également au pays afin que chacun puisse retourner dans son village d’origine. La cohabitation avec les populations hôtes se passe paisiblement. Nous sommes toujours ensemble, il n’y a pas de problème. Nos difficultés, avec la nourriture viennent d’être résolues avec ces dons. Maintenant, le problème, ce sont les logements et notre souhait, c’est de pouvoir retourner dans nos villages comme dit l’adage ‘’si tu dors sur la natte du voisin, tu dors à terre’’ », a laissé entendre Adama Zidwemba PDI, originaire également de Gaoga.

« Nous remercions Dieu pour la réception de ces vivres. Nous en avons déjà reçu lors de la première phase et ça nous aide beaucoup. Nous demandons à Dieu d’accompagner les donateurs (CICR). Nous sommes ici à Boulsa depuis plus d’un an. Il y a beaucoup de difficultés, quand on est déplacé, ce n’est pas simple. Même la nourriture, ce n’était pas simple mais grâce au CICR, ça va maintenant, on mange bien. Nous les remercions énormément », a déclaré de son côté, Idrissa Sakandé PDI originaire de Djemsgo-Yarcé.

Alain Sakandé PDI originaire de Bonam

Adama Kaboré est une PDI originaire de Gaoga. Après avoir reçu ses vivres, elle n’a que des mots de remerciements à l’endroit du CICR. Elle entend partager ses vivres avec d’autres personnes vulnérables. « Nous sommes très contents de recevoir encore ces dons. Nous remercions beaucoup les donateurs. Nous avons fui Gaoga pour Boulsa, cela fait une année. Nous nous entendons bien avec les populations de Boulsa. Nous allons également partager ces dons avec d’autres personnes qui sont dans le besoin et le reste, nous allons l’utiliser pour notre consommation. A l’endroit des autorités, nous leur demandons encore de nous aider davantage pour nous sortir de cette situation », a-t-elle affirmé.

Jacqueline Singbéogo PDI originaire de Djemsgo

Même son de cloche chez Alain Sakandé, PDI originaire de Bonam. « Nous avons quitté Bonam pour Boulsa depuis une année. Depuis que nous sommes ici, nous n’avons aucun problème avec les populations hôtes. Nous avons été accueillis avec respect. Nous remercions ceux qui nous ont donné ces vivres. Ces vivres seront utilisés pour notre consommation. Cela va beaucoup nous soulager. Aux autorités, nous leur demandons de nous aider pour que nous puissions retrouver nos familles d’origine. Merci encore aux donateurs, que Dieu les accompagne », a-t-il dit.

Tout en remerciant le CICR pour ces dons, Jacqueline Singbéogo PDI originaire de Djemsgo espère retrouver son village d’origine et ses terres cultivables. « Ce sont des moments de joie de recevoir ces vivres. Avec ce don, la famille sera heureuse. Ces dons viennent soulager énormément la détresse des PDI que nous sommes. Nous remercions les donateurs pour tout ce qu’ils ont fait pour nous, que Dieu les bénisse. Nous sommes à Boulsa à peine un an et ça va maintenant. Il n’y a pas de souci, on arrive à gérer. A l’endroit du gouvernement, nous voulons retourner chez nous, on n’est jamais mieux que chez soi. Si tu es chez toi, tu peux faire tous les travaux dont tu as besoin. C’est la saison pluvieuse, ici, on n’a pas de terres pour cultiver. On ne fait que quémander. Mais si nous sommes chez nous, il y a des champs pour cultiver, il y a la paix, la joie de vivre en famille », a-t-elle souligné.

Cette distribution de vivres a drainé du monde

Pour rappel, Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est une organisation humanitaire neutre, impartiale et indépendante, présente au Burkina Faso depuis 2006. Sa mission est de protéger la vie et la dignité des victimes des violences armées ou d’autres situations de violence et de leur porter assistance. Au travers de ses trois sous-délégations de Dori, Fada N’Gourma et Ouahigouya, et de son bureau de Djibo, le CICR est présent dans les zones les plus impactées et les plus reculées du pays, là où les besoins sont les plus importants. Son action humanitaire se focalise sur quatre axes : la protection, la prévention, l’assistance aux communautés résidentes et aux Personnes déplacées internes (PDI), et la coopération au sein du Mouvement Croix-Rouge.

Mamadou ZONGO
Lefaso.net

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