Rahinatou Zeba est étudiante en médecine, coiffeuse, très active dans le monde associatif. Zoom sur cette jeune femme qui force l’admiration.
Elle a plusieurs cordes à son arc. A son jeune âge, Rahinatou Zeba est à la fois humaniste et ambitieuse. Deuxième d’une famille de quatre enfants, elle semble avoir reçu le gène de soigner les malades. Fille d’une mère sage-femme et d’un père infirmier, elle sera piquée par l’amour de la médecine dès l’enfance. C’est donc naturellement qu’elle va s’inscrire en faculté de médecine après l’obtention de son baccalauréat. Elle est actuellement en 6e année de médecine dans une université privée de Ouagadougou. Soucieuse de son prochain, elle espère utiliser ses connaissances pour guérir les malades.
Son amour pour la coiffure
En plus de la médecine, Rahinatou Zeba est tombée amoureuse de la coiffure depuis sa tendre enfance.
« Etant de nature très curieuse, je me suis toujours demandé depuis l’enfance comment est-ce que les tantines arrivaient à manier les cheveux des enfants ? C’était vraiment beau. Depuis toute petite, j’essayais de m’exercer à la maison en coiffant mes petites sœurs. Cela m’a permis de remarquer que j’arrivais à coiffer avec une certaine facilité », a-t-elle fait savoir. Avec le temps, elle range cette seconde passion dans les tiroirs. C’était sans compter avec le destin.
En 2020, elle va participer au concours qui prône le retour aux cheveux naturels : « Miss Nappy Burkina ». Sa beauté et son intelligence vont séduire le jury. Elle remporte le concours.
Elle devient une ambassadrice des cheveux Nappy au Burkina Faso. Rahinatou Zeba commence alors à se cultiver sur les conséquences du défrisage et les astuces que les femmes noires peuvent utiliser pour entretenir et coiffer leurs cheveux.
« Auparavant, les africaines priorisaient le défrisage des cheveux parce qu’elles se trouvaient plus belles avec et elles voulaient ressembler aux occidentales. Lorsque j’ai remporté ce concours, j’ai eu pour ambition de lutter contre ce fléau qui est le défrisage des cheveux. Je me suis donc demandé pourquoi ne pas apporter ma petite contribution en devenant coiffeuse », a-t-elle justifié.
Rahinatou se coiffe toute seule et attire les regards des autres femmes qui souhaitent se coiffer comme elle. De bouche à oreille, elle se fait un nom. Au début, elle se rend aux domiciles de ses clientes avant d’ouvrir son salon de coiffure qui s’appelle : « Smile By May » (souris en mai). Etant une native du mois de mai et aimant sourire, elle s’en est inspirée pour trouver le nom idéal pour son salon de coiffure. Rahinatou Zeba propose à ses clientes : des services de coiffures afro et des soins capillaires. Elle vend aussi des produits capillaires.
Membre active d’associations
Malgré les études de médecine qui demandent de la concentration et la coiffure, la jeune femme est très impliquée dans la vie associative. Elle souhaite ainsi apporter à sa petite échelle, un changement positif dans la vie des populations. Depuis sa deuxième année en médecine, elle a embrassé le monde associatif.
« Je ne voulais pas être focus que sur les études de la première à la huitième année de médecine. Je pense qu’étant étudiante en médecine, on peut dès la première année, même sans le titre de docteur, commencer à aider la population à travers la prévention. On peut faire des sensibilisations par exemple. Comme le dit l’adage : ‘’mieux vaut prévenir que guérir’’. C’est pour cette raison que j’ai décidé d’apporter ma contribution dans le milieu associatif. D’abord, je me suis impliquée dans l’Association des étudiants en médecine (AEM-BF). Là-bas, j’ai occupé des postes de responsabilités dès ma troisième année », a-t-elle souligné.
Dans ses différentes fonctions, elle produit des résultats probants. Ses camarades sont émerveillés par son leadership. Elle est alors choisie pour occuper le poste de présidente de l’AEM-BF au sein de son université pendant un an (février 2023 à 2024).
Présentement, Rahinatou Zeba est au sein de l’association Genit Care Africa. Cette association œuvre en faveur des droits de la santé sexuelle et reproductive de la femme au Burkina Faso et en Afrique en général. L’étudiante en médecine a participé à la réalisation de plusieurs projets portés par Genit Care Africa. Entre les études, la coiffure et la vie associative, la jeune femme n’a aucun temps de répit. Nonobstant sa charge de travail, elle parvient à réussir dans tout ce qu’elle entreprend.
« J’ai des amis proches qui n’arrivent toujours pas à comprendre comment est-ce que je peux être à l’école de 8 H à 12H et être au salon de coiffure à partir de 13 H. Après le salon, je rentre chez moi pour réviser. Il y a des jours où je révise avec des camarades de classe. J’ai de la chance d’avoir des proches qui savent me donner de bons conseils et me motiver. J’ai occupé des postes de responsabilités. Ce qui fait que j’ai l’habitude de programmer mes journées. Grâce à la lecture, j’ai appris à me discipliner. Je sais définir mes priorités. Je sais ce que je veux dans la vie. J’ai dû me débarrasser de certaines habitudes qui prenaient mon temps. Désormais, j’arrive à gérer mon quotidien. Je remercie mes parents pour leur compréhension parce que ce n’était pas du tout facile au début. J’ai réussi à les convaincre par mes résultats à l’école et je pense qu’inch Allah (si Dieu le veut) dans deux ans, je serai médecin », a-t-elle dit.
Elodie Nana est l’une des proches de Rahinatou Zeba. Elles sont très proches depuis l’enfance. Leurs mères sont des amies de longue date. Les deux jeunes femmes partagent également les mêmes liens d’amitié.
« Elle est l’incarnation de la persévérance, du courage et de la joie. Rahinatou peut traverser des moments difficiles, mais elle sait faire la part des choses. Elle est toujours souriante et de bonne humeur. Je souhaite à tout un chacun d’avoir des personnes comme Rahinatou dans son entourage. Je souhaite qu’elle reste telle qu’elle est. Sa personnalité va lui permettre d’avoir une destinée très brillante. C’est une personne battante et sociable », a décrit Elodie Nana.
Rahinatou Zeba admet que ses occupations ont eu un impact sur sa vie sociale. Elle se distrait très peu. Mais pour elle, toutes les personnes qui ont réussi professionnellement ont dû faire le choix de prioriser le travail.
Ambitieuse, à long terme, elle formule le vœu de transformer son salon de coiffure en institut de beauté. Son rêve est de proposer d’autres services tels que : des massages, des gommages, etc., en plus de la coiffure. Elle espère aussi soigner les malades et être toujours au service de la communauté à travers son implication dans la vie associative.
« Dans 10 ans, je me vois être une femme d’affaires qui sera entre deux avions » a-t-elle dit en souriant. Aux jeunes femmes qui veulent suivre son exemple, Rahinatou Zeba leur a conseillé de ne jamais abandonner leurs rêves, même en cas de difficultés. Elles doivent briser les barrières des pesanteurs socioculturelles, être organisées dans ce qu’elles entreprennent et travailler avec passion.
Samirah Bationo
Anita Zongo (stagiaire)
Lefaso.net
