Actualités :: Burkina/Cinéma : « Côté qualité, ce n’est plus ça, c’est pour cela que nous (…)

Laure Guiré est une actrice comédienne burkinabè révélée au grand public grâce notamment à la série l’As du Lycée. Dans cet entretien qu’elle nous a accordé, celle qui est également la présidente de l’association burkinabè des comédiens et comédiennes de cinéma, aborde les difficultés rencontrées par les femmes dans l’industrie cinématographique. Laure Guiré évoque aussi les défis financiers du cinéma burkinabè et prodigue des conseils aux jeunes aspirantes comédiennes, en insistant sur l’importance de la formation et du professionnalisme. Lisez plutôt !

Lefaso.net : Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans le cinéma ?

Laure Guiré : Je suis arrivée de façon fortuite dans le cinéma parce qu’à la base, je suis plus du théâtre. J’ai commencé d’abord par le conte. Ensuite, je me suis mise au théâtre et ça me plaisait bien. Et voilà qu’un jour après un spectacle que nous avons créé, Jean-Claude Frisque des productions Manivelle m’a approché pour faire un spot sur les climatiseurs Chigo. Après ce spot, plusieurs autres personnes m’ont contactée pour jouer dans des films. Sinon avant j’étais dans les spots mais je crois que les climatiseurs Chigo ont eu quelque chose à voir dans mes débuts dans le cinéma. Et c’est comme cela je me suis lancée avec Aboubacar Diallo, qui m’a fait appel pour jouer dans ‘’L’or des Younga’’ qui est le premier long métrage que j’ai fait. C’est après ‘’L’or des Younga’’ que j’ai été contactée par Missa Hébié, paix à son âme, pour ‘’L’as du lycée’’.

Quel est le film qui vous a révélée au public ?

Je dirai plus que c’est ‘’L’as du lycée’’. C’est vrai que les gens me connaissaient déjà dans Série noire à Koulbi, mais je pense que le fait que l’as du lycée soit pour les enfants a eu plus d’audience côté enfant et aussi côté parents.

Avez-vous rencontré des difficultés en tant que femme tout au long de votre carrière ?

Pour dire vrai, moi non. Mais en tant que présidente de l’association, je sais que les filles rencontrent beaucoup de difficultés parce que chaque jour que Dieu fait, on m’appelle pour me dire « j’ai eu telle proposition indécente ; je suis allée pour faire un casting et on m’a demandé de me mettre nue, le réalisateur m’a demandé de l’embrasser pour le casting, etc. » Il y en a plein mais moi, sincèrement, je n’ai pas eu de problème. Quand je pars pour un tournage je fais ce que j’ai à faire. Je suis amie à tout le monde pendant et après le tournage, mais ça se limite là. Le professionnel reste le professionnel et le social reste le social. J’ai su faire la distinction et du coup, je n’ai pas vraiment eu de problème à ce niveau. Seulement, je sais que les autres en ont puisque les filles m’en parlent.

Quel est le rôle que vous aimez le plus incarner ?

Moi j’aime jouer tous les rôles parce que pour moi, chaque rôle est toujours un défi. Je dis toujours aux jeunes que je forme, de ne jamais accepter qu’on les type avec un rôle parce qu’après ça détruit leur jeu d’acteur. Cela ne permet plus de créer. Si on me prend pour une femme méchante et que dans tous les rôles je dois jouer une femme méchante, après je ne pourrai plus rien donner d’autre. Il suffira juste qu’on m’appelle et que je fasse peu d’efforts et les gens seront satisfaits. Alors que si on me donne divers rôles à jouer et que je dois chercher, c’est cela qui nourrit le comédien. C’est tout le temps être en perpétuelle recherche pour créer son personnage et bien jouer le rôle qu’on lui a confié.

Comment arrivez-vous à équilibrer vie professionnelle et vie privée ?

Je n’ai pas de problème car je sais faire la part des choses. Mais c’est vrai que quand tu es artiste, tu perds un peu le côté social parce que tu n’as plus trop de temps. Cela crée de petits problèmes au sein de la famille, mais nous nous arrangeons toujours à trouver du temps. Cependant, quand je suis en train de travailler, c’est le travail ! C’est ainsi parce que chez nous, nous pouvons commencer une répétition à 13h et aller jusqu’à 00h. Mais dès que je suis chez moi, je sais que je suis chez moi et je sais ce que je dois faire. Il faut toujours avoir du temps pour sa famille, rester à la maison et se reposer.

Comment décrivez-vous l’évolution du cinéma burkinabè ?

Il y a beaucoup de jeunes qui s’intéressent au cinéma, que ce soit les producteurs, les comédiens, les réalisateurs. Et je pense que c’est très bien ! Seulement, tout ce que je demande, c’est que le ministère puisse les aider en formation. Ces jeunes ont besoin d’appui en renforcement de capacités. Ils doivent être accompagnés. C’est louable déjà de voir que le cinéma bouge vraiment, même si côté qualité, ce n’est plus comme avant. Vous-même, vous l’aurez remarqué, nous n’avons plus eu l’Étalon d’or. Mais si c’était bon nous allions continuer à avoir l’Étalon d’or. Ce qui est sûr, il y a quelque chose qui ne va pas. C’est vrai qu’ils peuvent avoir la formation et ça ne va pas donner. Mais quand même, je pense que si on donne plus de formations, surtout aux jeunes, avec leur créativité et imagination, ils feront de bonnes productions.

Le cinéma burkinabè nourrit-il son homme ?

Nous tentons de nous faire nourrir par le cinéma burkinabè mais ce n’est pas facile. Il faut dire que c’est cela aussi notre combat. Nos producteurs n’ont jamais suffisamment d’argent pour payer les comédiens, donc chaque fois ce sont des négociations. Il y a des comédiens à qui on dit de signer un contrat et après, quand le film va passer en salle, on va les payer un peu. Mais plus tard, quand le film passe, il n’y a rien. Ça c’est un problème parce que si ce comédien ne vit que de cela, il ne pourra pas se nourrir. Il est obligé de faire autre chose. Mais ailleurs, le cinéma nourrit bien son homme, si bien qu’en faisant juste une série ailleurs, tu es multimillionnaire. Certes, il y en a qui s’en sortent. Mais il n’y a pas cet acteur qui va dire qu’il ne fait que le cinéma à 100%. Il y a toujours quelque chose à côté pour lui permettre de vivre. Vu l’insécurité du pays, tout a régressé. Nous au théâtre, c’est en tournant dans les provinces que nous pouvons gagner un peu. Mais avec tout ce qu’il y a, nous sommes renfermés, les créations diminuent et les gens sont de moins en moins fréquents dans nos salles de spectacle à cause de l’insécurité aussi. Par contre, nous savons que le ministère en charge de la culture est en train de faire beaucoup d’efforts. Le gouvernement a aussi pris beaucoup d’engagements au niveau de la culture pour vraiment aider, mais ce n’est toujours pas simple.

Quelles conseils avez-vous à donner à ceux et surtout à celles qui veulent se lancer dans le cinéma en tant que comédienne ?

Je dirai aux filles que si elles veulent se lancer dans le cinéma, qu’elles se fassent se former et qu’elles mettent toujours le travail en avant. Ne mettez jamais votre corps en avant parce que tu vas dire, tu es très belle aujourd’hui, il y a une plus belle qui viendra après toi. Tu vas dire le gars il t’aime, c’est faux ! S’il a déjà sa femme à la maison, il voudra juste passer du temps. Et si tu te laisses avoir, c’est sûr qu’entre eux, ils vont en parler et se dire celle-là est facile. Il faut vraiment mettre en avant le travail. Je leur dirai aussi que lorsqu’elles viennent pour un casting, qu’elles sachent s’habiller décemment. Il ne faut pas tenter les réalisateurs car l’être humain reste l’être humain. Donc si tu viens en hyper sexy et lorsque le gars voit que tu es en train de tout déballer devant lui, après il te fera des propositions. Quand tu pars pour un casting, il faut savoir t’habiller. Dis-toi : « je dois aller en casting, je me mets en tenue de sport car ma tenue doit me permettre de faire tout ce qu’on me demande de faire. » Vas, à la rigueur avec deux habits, comme cela tu pourras te changer et faire tout ce qu’on te demande.

Hanifa Koussoubé
Lefaso.net

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