Actualités :: Excursion à Tiakané : A la découverte de la mythique case de Binger, ce (…)

Tiakané est une commune rurale située à 7 km de la ville de Pô côté ouest, province du Nahouri, région du Centre-Sud. Ce village compte quelques milliers d’habitants, et est connu pour sa chaleur humaine. La solidarité et l’amour du prochain y sont des valeurs cardinales cultivées depuis des lustres. Ce sont elles qui fondent et régissent la vie de cette société, confirmant ainsi tout le bien que l’on sait de cette partie du pays. Au sein de la Cour royale de ce village, se place un héritage, que les autochtones ont su conserver pour l’histoire. Une case, dont l’impressionnante architecture a abrité l’explorateur français, Binger, alors qu’il fuyait le courroux des populations de Pô qui voulaient lui faire la peau.

Passée la grande porte de la Cour royale de Tiakané, se tient un grand hangar où le Tiakana-Pe Affipoa, roi du village, reçoit ses invités. En la traversant, une autre ouverture donne accès à la cour principale où s’étendent les concessions. Les habitations sur ce site diffèrent de par leur architecture. Ce sont des cases en terre, et dont les dessins sur les murs s’éloignent de ceux qu’on a l’habitude de rencontrer dans les grandes villes. Toutefois, l’éclat et la rudesse des murs montrent qu’il s’agit de peinture moderne, en tout cas, différente de celles fabriquées de mains propres par les femmes pour orner les briques de leurs maisons en milieu rural. Ce look est récent, et la réhabilitation a été faite pas plus tard qu’en 2021, grâce à la contribution des habitants du village, qui constataient que le site tombait progressivement en ruine.

Une vue de la porte de La case de Binger

Des portes de 50 centimètres

L’autre singularité de ces cases tient à la taille de leurs portes, qui se situe entre 50 et 80 centimètres. Et pour y entrer, il faut dans un premier temps s’accroupir, introduire par la suite un pied qui servira d’appui, avant d’y trainer tout le long du corps. A l’intérieur de la case, se trouve encore une autre porte, du même type que la première, qui mène à nouveau à une autre case. En passant cette dernière, l’on s’enfonce encore et encore dans une autre, à croire que l’on plonge dans un labyrinthe perdu au milieu de nulle part. Au total, on dénombre 37 chambres. Il y en avait beaucoup plus. Mais avec le temps, certaines se sont désagrégées. Et selon les explications du roi, à l’origine, ces cases avaient été construites pour protéger les habitants des envahisseurs. « Pendant les guerres tribales, les populations du village venaient se réfugier à l’intérieur. Et si vous observez bien les clôtures, vous verrez qu’il y a des trous au niveau des murs. Ce n’est pas un ornement. Ça servait à contre-attaquer les ennemis qui venaient à l’époque » nous explique-t-il. Aujourd’hui, le site est connu pour avoir abrité un explorateur français, Binger, acteur majeur de la colonisation en Afrique de l’Ouest ; et l’infrastructure qui trône en plein coeur de la cour royale s’appelle La case de Binger L’histoire rapporte qu’il y est resté trois mois durant, après avoir obtenu l’hospitalité du roi d’alors, Bouliou Négoué, (arrière-grand-père de sa majesté Tiakana-Pe Affipo) car ayant à ses trousses, Tiébélé.

« Grâce à ce site, beaucoup sont partis à l’école. Je fais même partie de la première promotion » Tiakana-Pe Affipoa

La case de Binger, une histoire à raconter aux générations actuelles et futures

Le 13 juillet 2024, le ministre d’Etat, ministre de la communication, de la culture, des arts et du tourisme, Jean Emmanuel Ouédraogo, lançait la deuxième édition de la grande saison du tourisme interne. A cette occasion, une délégation gouvernementale, avec à sa tête le ministre sus-cité, a effectué un déplacement à Tiakané, pour visiter cette case. Selon le chef de la délégation, cette visite, en plus de s’inscrire dans le cadre des activités de la grande saison du tourisme interne, est motivée par une soif de connaitre l’histoire de cette mythique case, et par ricochet, de la Cour royale de Tiakané. « Pour qui connait Binger, sait que son passage chez nous a été un épisode assez douloureux de notre histoire. Mais il n’en demeure pas moins un élément de notre histoire commune, qui mérite d’être préservé et conté aux générations futures, surtout en ces temps où le combat pour nous affranchir est toujours d’actualité » a-t-il laissé entendre.

« Nos ancêtres étaient déjà en avance sur beaucoup de choses » Jean Emmanuel Ouédraogo

L’espérance d’une inscription du site au patrimoine mondial de l’UNESCO

En allant à la découverte de La case de Binger, la délégation gouvernementale chapeautée par Jean Emmanuel Ouédraogo, a promis œuvrer à ce que ce site soit valorisé. Le désir du ministre en charge de la culture, est que ces infrastructures impressionnantes qui en mettent plein la vue et qui épatent de par l’ingéniosité de ceux qui les ont construites, soient un attrait pour les Burkinabè, mais aussi, pour tous ceux qui désirent s’abreuver de la culture en pays Tiakana. De son côté, sa majesté Tiakana-Pe Affipoa, dit être honoré de cette visite, gage d’un lendemain meilleur pour la survie et le rayonnement de ce site. Et tout comme la Cour royale de Tiébélé qui a été inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, le 26 juillet 2024, à New Delhi, en Inde, le roi de Tiakana rêve grand pour son palais, et appelle de tous ses vœux que le site soit connu et reconnu aux quatre coins du monde. « Nous souhaitons que ce site atteigne un niveau supérieur à celui auquel il est. Nous voulons vraiment qu’il soit inscrit au patrimoine national, et en l’améliorant, on espère qu’on pourra l’inscrire au patrimoine mondial de l’UNESCO, pour qu’il devienne une autre valeur culturelle pour la province du Nahouri » a-t-il émis.

Erwan Compaoré
Lefaso.net

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