La ville de Bobo-Dioulasso abrite, du 9 août au 8 septembre 2024, une campagne de vaccination contre la rage canine. Cette campagne va permettre de contribuer à éradiquer la rage transmise par les animaux de compagnie à Bobo-Dioulasso. Avec un objectif d’environ 8 000 animaux de compagnie à vacciner, cette campagne a été officiellement lancée le vendredi 9 août 2024, par le ministre délégué chargé des Ressources animales, Dr Amadou Dicko.
Afin de protéger la population de Bobo-Dioulasso contre la rage, une maladie contagieuse et mortelle, la direction provinciale de l’agriculture, des ressources animales et halieutiques du Houet organise, en collaboration avec la commune de Bobo-Dioulasso, une campagne de vaccination de masse. Cette opération est soutenue par l’Organisation des Nations-unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). La campagne est prévue pour un mois, et se déroulera du 9 août au 8 septembre à Bobo-Dioulasso.
Cette campagne vise plusieurs objectifs, notamment informer et sensibiliser les autorités politiques, administratives, religieuses et coutumières sur l’importance de la vaccination antirabique ; informer et sensibiliser les enfants et surtout les scolaires sur l’importance de la rage afin qu’ils transmettent ce message à leurs parents ; mais aussi informer et sensibiliser la population urbaine et les propriétaires d’animaux de compagnie à les vacciner chaque année contre la rage transmise par les animaux de compagnie. Au total, ce sont 8 000 animaux de compagnie qui sont attendus pour cette campagne.
La rage est un problème de santé publique
En effet, la rage est un problème de santé publique car c’est une zoonose majeure qui se transmet des animaux à l’homme, et vice versa. Selon les statistiques de la direction provinciale des ressources animales et halieutiques, en 2020, la commune de Bobo-Dioulasso comptait environ 17 000 animaux de compagnie, toutes espèces confondues (chiens, chats, singes...). Ces animaux constituent les principaux vecteurs et réservoirs de la rage canine. La transmission de la rage à l’homme se fait par morsure, griffure ou léchage sur une peau excoriée, sur une muqueuse, par les animaux atteints de rage.
Une fois les signes déclarés, l’évolution se fait vers le coma et la mort en quelques heures à quelques jours. C’est pourquoi les animaux de compagnie devraient être régulièrement vaccinés une fois l’an contre la rage, en vue de sauvegarder la santé de la population en général, tout en entretenant les animaux de compagnie. Cette maladie est endémique au Burkina Faso et des cas sont notifiés chaque année chez les animaux sensibles et malheureusement chez l’homme. Le service d’hygiène a ainsi enregistré en 2015, 2016, 2017 et 2018 respectivement 5, 2, 3 et 1 cas de mortalité avérée de rage humaine.
Pour le ministère, les cas de morsures illustrent l’importance des risques de la transmission de la maladie à la population. C’est pour donc protéger la population contre cette maladie infectieuse que le ministère et ses partenaires organisent chaque année, une campagne de vaccination de masse contre la rage. « Cette campagne se tient dans toutes les villes et campagnes du pays, car la vaccination demeure la seule mesure pour limiter la propagation de la maladie », a rappelé Dr Amadou Dicko. La campagne est ainsi appuyée techniquement par la FAO et sur financement de son partenaire habituel, USAID.
La FAO engagée auprès des autorités burkinabè
C’est au regard de la gravité de la maladie que la FAO se tient aux côtés des autorités du Burkina Faso, depuis des années, afin de contribuer au contrôle de cette maladie à travers divers appuis techniques et financiers. Pour cette présente opération, la FAO apporte une contribution de plus de 36 millions de F CFA. À travers son appui, la FAO s’engage à organiser une vaste campagne de communication et à faire vacciner des animaux à travers l’acquisition de doses de vaccins à cet effet. L’appui de la FAO va également consister à assurer la mobilité des équipes techniques qui iront sur le terrain pour assurer cette campagne. « Au-delà, nous accompagnons aussi avec d’autres types de matériels comme les réfrigérateurs et d’autres petits matériels pour assurer cette campagne de vaccination », a indiqué le représentant du représentant par intérim de la FAO au Burkina Faso, Benjamin Soubeiga.
Il a rappelé que cette maladie est classée parmi les cinq zoonoses prioritaires à travers une approche multisectorielle globale. Depuis 2019, la commune de Bobo-Dioulasso compte en moyenne 530 cas de morsures d’animaux de compagnie chaque année. « C’est au regard de tous ces éléments que la FAO a jugé nécessaire d’accompagner la communauté, à travers le ministère, pour vacciner les animaux de compagnie. Cette campagne de vaccination sera couplée à la campagne de sensibilisation de la population afin qu’elle puisse faire vacciner ses animaux », a-t-il indiqué. Au terme de l’opération, il est attendu la vaccination de 8 000 animaux de compagnie.
Pour la réussite de la campagne de vaccination contre la rage canine, plusieurs stratégies seront mises en œuvre. Il s’agit d’abord de la stratégie de communication pour sensibiliser la population à travers les mass-médias. Il y a également la stratégie de formation des équipes de vaccination avant leur déploiement sur les différents sites de vaccination. Ces équipes seront placées dans des centres de vaccination bien déterminés au niveau des sept arrondissements de la commune.
Des équipes techniques fixes constituées de la clinique vétérinaire de la direction provinciale de l’agriculture et des ressources animales du Houet, des cliniques privées et cabinets vétérinaires existant au niveau de la ville de Bobo-Dioulasso sont mises en place. Ces équipes vont intensifier leur travail tous les jours que durera la campagne, c’est-à-dire du 9 août au 8 septembre 2024. Une équipe technique composée de quatre personnes assurera la distribution du vaccin, la coordination et la supervision des équipes au niveau des arrondissements, dans les cliniques et cabinets privés.
La cérémonie de ce 9 août 2024 marque donc le début officiel de cette campagne de vaccination contre la rage dans la commune de Bobo-Dioulasso. Son organisation engage aussi les autorités de la commune, d’où la présence du président de la délégation spéciale communale, Laurent Kontogom. À en croire Benjamin Soubeiga, la FAO n’est pas à son premier soutien au profit du pays. Il a souligné que l’institution accompagne quotidiennement le ministère de l’Agriculture, pour le renforcement des capacités de diagnostic de la rage par des formations in situ dans des laboratoires de référence et l’acquisition de matériel, réactifs et consommables. « Ainsi, au niveau mondial, la FAO, avec les autres partenaires de l’alliance tripartite, l’OMS et l’OMSA ainsi que la GARC, impulse l’initiative des pays pour l’élimination mondiale de la rage d’ici à 2030 », a-t-il laissé entendre.
Dans ce cadre, la FAO a appuyé le Burkina en 2022 pour finaliser sa stratégie de prévention et de contrôle de la rage à l’horizon 2030. Le représentant du représentant de la FAO a réitéré la disponibilité de l’organisme onusien à accompagner le gouvernement dans la lutte contre les maladies animales en général et contre la rage en particulier. Le ministre Amadou Dicko a invité tous les acteurs à soutenir la mise en œuvre des activités entrant dans le cadre de l’organisation de cette campagne de vaccination à Sya.
Romuald Dofini
Lefaso.net
