Actualités :: Culture : De la peinture à la rime, découvrons l’univers de Wendlamita Kouka

Autodidacte, Wilfried Wendlamita Ouédraogo est un artiste multidimensionnel. Son univers s’étend bien au-delà de la musique, du rap et des punchlines. Sa capacité à toucher les cœurs par sa peinture, qu’elle soit sur une toile ou un mur, fait de lui un véritable phénomène de la scène artistique burkinabè. Sa signature « Wilfried de Paul » se retrouve un peu partout sur des peintures murales de la capitale et au-delà.

C’est sur scène que nous avons découvert Wilfried Wendlamita Ouédraogo, ce phénomène du rap burkinabè au franc-parler et aux punchlines incisives qui lui valent le pseudonyme révélateur de « la poubelle des mots qui puent ». « Cool la papaye », « La poubelle des mots qui puent », « Wendlamita Kouka », « Wilfried de Paul », sont entre autres surnoms de celui qui a toujours été à l’affiche du festival Kolg N’Gomé, "Vient prendre la parole", en mooré. Ce festival du hip hop donne la parole aux rappeurs burkinabè et de la sous-région de la old school (vieille école). « Les grandes gueules » comme on les appelle, partagent la scène dans le quartier populaire de Wemtenga, à Ouagadougou.

Du haut de ces 1m75, « la poubelle des mots qui puent » est svelte, sous ses locks noirs qui lui tombent sur les joues comme une crinière et cache un regard vif. C’est avec le sourire qu’il nous a reçus dans sa demeure qui lui sert de salle de répétition au quartier Gounghin de Ouagadougou. Mais nous n’allons pas parler de musique, comme convenu. Nous découvrons ce père de famille dans un exercice non moins fascinant : il est en train de customiser un tee-shirt.

« Là, c’est Wilfried de Paul, artiste plasticien », nous lance-t-il amusé. Il n’est pas seulement musicien, nous fera-t-il savoir. La musique est venue un peu plus tard pour lui, car il a fait ses premières expositions « à l’espace Gondwana en 2003 ». Cette passion, dont il a fait un métier aujourd’hui, lui est venue depuis l’enfance. Wilfried a d’abord commencé par faire des dessins noir et blanc qu’il vendait sous forme de cartes postales sur des supports A5. Par la suite, il a exploré de plus grands formats, du A4 jusqu’aux toiles. Il a fini par intégrer une galerie dans les années 98, l’occasion pour lui d’améliorer son travail en côtoyant des aînés dans le domaine comme Dominique Bamoni. C’est aussi là qu’il a rencontré son maître et conseiller, Jean Jacques Belack, qui l’a accompagné longtemps dans son parcours.

Acrylique, pigments, colle, cordes, résidus de peinture se retrouvent souvent pour donner une œuvre qui sort de l’ordinaire. Dans cette senteur de peinture, de papier et de tissus, le salon fait office de salle d’exposition où trône en bonne place un tableau qui retient l’attention. « Malaika Kouka », un ange noir que l’artiste dit avoir peint « pour ajouter une information à l’histoire » parce que pour lui, il existe des anges noirs qui ne sont pas forcément « associés au malin, à l’enfer, à Lucifer » comme d’autres voudraient nous faire croire.

De toutes ses œuvres, celles qui l’amusent le plus sont les peintures sur de grands murs, les peintures murales « parce que ça permet de changer de quartier en quartier et de rencontrer des gens ». Pendant ses peintures en plein air, l’artiste témoigne que les gens pour qui une exposition aurait été inaccessible, s’arrêtent pour lui parler et donner leur ressenti par rapport à tel ou tel dessin. « Quand vous faites un tableau que vous mettez en exposition, il y a un public assez limité pour le voir. Cependant, quand il s’agit d’une peinture murale, tout le monde peut y avoir accès, ceux qui peuvent acheter et même ceux qui ne peuvent pas l’acheter », explique l’artiste peintre. Pour Wilfried de Paul, c’est quelque chose de fascinant « parce que l’objectif de l’artiste est de pouvoir toucher la sensibilité des gens avec les œuvres qu’il réalise », relativise-t-il. Il se réjouit donc de voir les gens s’intéresser et donner leur ressenti à propos de ses œuvres.

Autodidacte, Wilfried de Paul dit ne pas aimer travailler avec des thèmes figés. Car pour lui, la toile est un voyage où il part pour découvrir quelque chose. Pour lui, l’œuvre doit lui parler dès les premiers coups de pinceau. Elle doit toucher sa sensibilité. « Je commence la toile, mais je ne sais jamais à quel moment ça va finir », confie-t-il sous un rire presque moqueur.

Pour lui, la source d’inspiration de l’artiste, c’est sa culture générale. Il faut nourrir son esprit pour qu’il puisse aller puiser profondément et toucher plus de sensibilités. Pour cela, il faut un fil conducteur, c’est pourquoi il ne manque jamais l’occasion d’une petite lecture, en témoigne sa bibliothèque. « Dès que j’ai commencé à peindre, j’ai beaucoup lu sur les artistes », parmi lesquels Picasso et Salvador Dalí. Ce sont des artistes qui ont beaucoup influencé son art.

L’artiste dit être en phase de recherche actuellement, car il envisage de passer d’un style à un autre plus contemporain, ce qui fait qu’il n’a pas d’exposition en vue, mais il promet de revenir très bientôt.

Quel est ta plus grande vente ? A cette question l’artiste commence par un rire, « Est-ce qu’on peut considérer les peintures murales ? » nous re-questionne-t-il, avant d’ajouter que la plus belle œuvre qu’il ait vendue est le mur de l’ambassade de l’Allemagne au Burkina Faso, « ils m’ont bien payé » (rires). C’est sur ce ton bon enfant que s’est terminé notre entretien.

Auguste Paré
Lefaso.net

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