La Brigade mobile des douanes de Bobo-Dioulasso a présenté ce jeudi 25 juillet 2024 dans la ville de Sya, une importante quantité de produits de contrebande dont la valeur est estimée à plus de 177 millions de FCFA. C’était au cours d’une conférence de presse. Les produits saisis sont issus de trois opérations différentes. Ils sont composés, entre autres, de plaquettes d’amphétamine, de tubes de pommade anti-inflammatoire, des munitions de 9 mm et des détonateurs d’explosifs.
La Brigade mobile des douanes de Bobo-Dioulasso était face aux professionnels de médias, dans la matinée de ce jeudi 25 juillet 2024, pour leur faire part des résultats de trois opérations de saisie sur son ressort territorial. A l’entame, le directeur régional adjoint des douanes de l’ouest, Moumini Derra, a indiqué que cette conférence de presse s’inscrit en droite ligne de la volonté des autorités douanières régionales, à l’instar de la direction générale, de mettre davantage en lumière les activités menées par les offices et notamment les brigades mobiles qui, souvent, sont méconnues du grand public.
Ainsi, les récentes opérations menées par la Brigade mobile de Bobo-Dioulasso ont conduit à trois importantes saisies de produits de contrebande. « Ces opérations sont l’occasion de rappeler notre engagement sans faille dans la lutte contre la fraude et plus spécifiquement la contrebande des marchandises prohibées qui représentent une menace sérieuse non seulement pour la sécurité, mais aussi pour la santé publique », a-t-il laissé entendre.
Ces trois saisies couvrent ainsi des marchandises frauduleuses d’une valeur totale estimée à 177 995 000 de FCFA. « C’est le fruit du professionnalisme et de la détermination de nos équipes dans la lutte contre la contrebande et aussi la parfaite collaboration de la population. Car il faut le reconnaître que l’hirondelle seule ne fait pas le printemps et c’est ensemble que nous allons fortement lutter contre ce fléau, dont les effets sont néfastes non seulement sur notre économie, mais également et surtout sur la sécurité et la santé publique », a rappelé Moumini Derra.
Les modes opératoires des contrebandiers
Selon les conférenciers, la première saisie a concerné un car de transport en commun appartenant à une compagnie de nationalité étrangère. Ce car, aux dires des conférenciers, est impliqué dans le trafic de munitions de guerre et de produits pharmaceutiques de contrebande. « En effet, c’est au cours d’une opération minutieusement planifiée que nos équipes ont découvert une importante quantité de produits pharmaceutiques et de munitions de guerre savamment dissimulées dans des compartiments conçus sur le toit du véhicule, rendant leur détection particulièrement difficile », a expliqué Moumini Derra.
Les fouilles de cette première opération ont permis de déceler 9 600 plaquettes d’amphétamine, d’un poids total de 60 kilogrammes ; 360 tubes de pommade anti-inflammatoire ; 4 000 munitions de 9 mm. La valeur totale estimée de cette saisie est de 31 500 000 FCFA. Selon lui, cette opération démontre les techniques avancées utilisées par les contrebandiers et l’importance de la vigilance continue des services de la brigade.
Pour la deuxième opération de saisie, il s’agit là d’un camion de transport de bétail avec à son bord 50 têtes de bœufs à destination d’un pays étranger. « Lors de l’inspection, nos agents ont découvert un faux réservoir spécialement conçu, aménagé et apposé sur le camion pour servir de cachette des colis suspects. Après avoir décroché et ouvert lesdits réservoirs, nous avons dénombré 13 000 plaquettes d’amphétamine d’une valeur de 47 500 000 FCFA », a-t-il poursuivi.
Quant à la troisième opération, elle a concerné un car de transport en commun immatriculé à l’étranger. Cette saisie a été possible grâce à la vigilance des agents de la brigade qui ont découvert, lors d’un contrôle routier, des cachettes spécialement aménagées à l’intérieur du car, contenant 8 330 plaquettes d’amphétamines et 2 000 détonateurs d’explosifs.
« Alors que le dossier était en instruction suite à cette découverte, de nouvelles informations nous ont permis de découvrir d’autres cachettes beaucoup plus poussées où étaient dissimulées dans des cavités spécialement aménagées, 14 bonbonnes de mercure d’un poids total de 490 kg. La valeur totale estimée de cette saisie est de 98 995 000 FCFA. Il faut surtout souligner que les méthodes de dissimulation, montrent l’ingéniosité croissante des trafiquants pour éviter la détection par nos services de contrôle », a-t-il souligné.
Le directeur régional adjoint des douanes de l’ouest, Moumini Derra, a expliqué que les amphétamines constituent un véritable « poison » pour la jeunesse. A l’en croire, la consommation de ces produits atteint rapidement le cerveau et produit rapidement de l’euphorie, de la surexcitation ainsi que tous les symptômes de déconnexion de la réalité. « Leur surdosage peut entraîner des convulsions, le coma et la mort. C’est dire que la lutte contre l’importation et la circulation de ces produits est d’une importance capitale pour une société saine et une jeunesse utile à la nation », a-t-il insisté.
Quant aux munitions saisies, elles auraient pu servir à garnir au moins 167 pistolets automatiques, avec chacun un chargeur secours. « Le marché noir est alimenté par la contrebande et ne permet pas à l’État de maîtriser le circuit des armes à feu. C’est dans ces canaux illicites que s’approvisionnent les bandits et terroristes, source d’insécurité pour les populations. Les pommades anti-inflammatoires et autres médicaments vendus à même les rues sont de véritables dangers pour la santé publique, surtout que leur provenance et leur principes actifs et dosages ne sont ni maîtrisés ni homologués », a-t-il dit.
Pour lui, c’est face à tout cela qu’il est fondamental que la douane lutte contre ces différents fléaux, notamment contre la contrebande de tous ces produits. Ces opérations ont été rendues possibles aussi grâce à la bonne collaboration de la population. Cette conférence est une occasion pour la brigade de sensibiliser le public et l’inviter toujours à la collaboration afin de faire barrage à la contrebande dont les effets néfastes ne sont plus à démontrer. Pour M. Derra, la découverte de cette quantité de drogue montre l’ampleur des réseaux de ce trafic illicite et la nécessité de renforcer davantage les contrôles.
Ce renforcement passe effectivement par la modernisation de l’administration douanière. Il a ainsi fait savoir que la modernisation de l’administration douanière est au cœur de la direction générale des douanes. « On ne peut pas moderniser une administration et ne pas penser aux contrôles intrusifs qui permettent d’éviter la fouille manuelle des chargements. A cet effet, beaucoup d’offices ont bénéficié de scanners. Mais il faut préciser que la plus part des contrebandiers ne passent pas par nos bureaux. Ils contournent les bureaux au niveau des frontières. C’est pourquoi nous demandons la contribution de la population », a-t-il souhaité. Et d’ajouter que les dossiers sont au niveau des juridictions pour la suite des enquêtes.
Romuald Dofini
Lefaso.net
