Actualités :: Royaume Gulma : D’où viennent les Moyenga ?

Le peuple du royaume Gulma s’est constitué d’autochtones et d’habitants venus de divers horizons. La mise en place de ces populations s’est faite en plusieurs étapes. D’abord, il y a eu les Gulmancema qui ont occupé la partie nord-est du Diema appelés les autochtones ; et ensuite les Zaocé qui se sont installés entre anciens et nouveaux venus dans la partie ouest et sud-est. Les Moyenga appartiennent au groupe des populations les plus anciennes dans la zone. Dans notre chronique, nous allons remonter les traces de cette population à travers la thèse de Docteur Salifou Idani.

Les détenteurs des traditions du pays zaoga sont unanimes à reconnaître que les Moyenga figurent parmi les populations les plus anciennement installées dans la partie ouest du Gulmu. Ils reconnaissent également le pays Bissa comme leur région d’origine. Plusieurs récits d’origines sont faits par les détenteurs des traditions. Pour Yamdaogo Loari, « les Moyenga sont venus de Tenkodogo, précisément d’un village appelé Lorgo. Avant que les Européens viennent, il y avait beaucoup de guerres entre les différents villages. Beaucoup de gens mouraient. C’est pourquoi, les ancêtres des Moyenga ont quitté cette région pour s’installer où il y a la paix ».

Selon Naba Yendie : « à l’origine, nous sommes des Boussancés. Nos ancêtres ont quitté le Busandogu pour se retrouver à Komboari avant de repartir dans la région de Jabo ». A en croire à Namoano Lardia : « les Zaocé sont pour la plupart venus de Garango et de Loanga, un village situé près de Tenkodogo. Ils ont fui leurs ennemis qui les combattaient. Ils sont venus se cacher dans la zone de Jabo pour échapper à la mort avant de se disperser dans les différentes localités connues de nos jours ».

A l’analyse des versions recueillies, nous pouvons retenir que les Moyenga proviennent du pays Bissa. Les régions de Tenkodogo et de Garango sont les lieux de départ des migrants. Les causes profondes de leur départ semblent être l’insécurité. En effet, avant l’arrivée des colonisateurs, les populations Bissa étaient victimes d’attaques et de pillages de gens organisés et armés, notamment les Moose. En conséquence, par groupes ou par clans, elles quittèrent cette zone en direction de l’est. Aux dires de certains informateurs, ces populations ont fait plusieurs escales ou haltes notamment à Kombuari, dans le Diema de Jakpangu. A ce sujet, on peut citer Yougbaré Oumarou qui déclare que : « du pays Bissa, ils cheminèrent vers le Gulma ou leur passage est attesté à Kumbuari, à l’est de Nungudu, Fada N’Gourma ». Kumbuari semble être un foyer de leur dispersion car Yougbaré Oumarou ajoute que : « l’implantation des Moyenga s’est faite en plusieurs vagues. A partir de Kumboari, dans l’actuel Gulma, certains cheminèrent vers Pii-natienga (actuel Pii-naboato, lieu aujourd’hui abandonné). Ils y fondèrent une chefferie. D’autres se seraient établis dans la brousse de Teyidi, avant d’occuper Lorgo ».

Selon les dires des informateurs, c’est à Lorgo que les Bissa venus de la région de Tenkodogo et Garango prirent le nom Moyenga. Selon Kiema Dobila, ce nom de famille serait la contraction de « môn yaàg ke kaàbgo » ce qui signifie « quand on cuisine dehors, on a plus besoin d’inviter une personne à manger ». Il affirme que « les ancêtres des Moyenga étaient des grands chasseurs et généreux. Et pour cause, lorsqu’ils séchaient leur viande et que quelqu’un arrivait, ils lui disaient de se servir à volonté ; car lorsqu’on prépare en plein air, il va de soit que l’on n’a plus besoin d’inviter à venir manger ».

Concernant la chronologie, les travaux réalisés par Lahuecb et Marchal Oumarou Yougbaré, font ressortir que l’on peut « estimer l’arrivée des populations d’origine Bissa en pays zoaga méridional entre la fin du XVIè et le début du XVIIe siècle. Nous en voulons pour preuve la chronologie donnée par Lahuecb. P. et relative à la fondation de la chefferie de Lergo donc au départ des Bisano vers le pays zoaga (fin XVIe siècle). Ces dates se confirment dans la mesure où lors de la fondation de la chefferie de Koupèla (entre 1540 et 1570), le pays Zoaga était déjà peuplé. Naba Kurita, fondateur de Koupèla, ou un de ses descendants, aurait sollicité l’aide des Zaose pour lutter contre les Gulmancema à la recherche d’esclaves et les Yaméogo ».

La chronologie étant le talon d’Achille en matière de tradition orale, nous pouvons émettre des réserves sur celle-ci tout en gardant l’espoir que les chercheurs, notamment les archéologues, vont parvenir à trouver des repères plus fiables. Les Zaose avaient la réputation d’hommes courageux et tenaces. Il est alors possible qu’ils soient appelés à la rescousse d’un souverain en difficulté. Le récit d’origine laisse penser que le nom Lorgo donné au village des Moyenga en pays zoaga le serait en souvenir de celui du Bisano. En outre, pour ce qui concerne leur migration, l’insécurité qui régnait dans la région aurait suscité l’intervention de certains groupes habiles dans le maniement des armes. D’autres mouvements migratoires venus du Gulmu, du Yanga et du Moogo ont peuplé cette zone.

Réf : Salifou Idani, Thèse de doctorat, P114

Wendkouni Bertrand Ouédraogo
Lefaso.net

Crédit photo : Archives Burkina

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