L’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) ambitionne de redevenir un pôle d’excellence et d’innovation en administration publique. Elle a prévu ainsi de relire ses curricula de formation. D’où l’organisation de cet atelier de rédaction des syllabii à Bobo-Dioulasso, du 8 au 15 juillet 2024. Les nouveaux curricula qui seront issus de cet atelier seront implémentés en octobre prochain, à la rentrée des classes.
L’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) se présente comme un établissement de référence qui forme des cadres pour l’administration burkinabè. Après plus d’un demi-siècle d’existence, l’ENAM ambitionne de redevenir un pôle d’excellence et d’innovation en administration publique. C’est dans ce sens que les premiers responsables de l’école ont entrepris, à partir de 2018, des réformes substantielles en vue de faire de l’école une institution de référence dans la formation professionnelle des agents publics.
Parmi ces réformes, on note la révision des curricula de formation dont l’objectif est d’adapter l’offre de formation de l’école aux besoins des administrations publiques, parapubliques et aux besoins de la société burkinabè. Plus de cinq ans après ces réformes et surtout au regard des mutations sociales et politiques en cours dans le pays, il est apparu impérieux de faire le bilan de la mise en œuvre des programmes d’enseignement reformés en 2018 en vue d’en déterminer les forces et les faiblesses et d’envisager, s’il y a lieu, d’éventuelles réformes.
Par ailleurs, conformément aux axes 1 et 2 du Plan stratégique de développement et de modernisation (PSDM) 2022-2026 de l’ENAM et aux conclusions du rapport de suivi post-formation réalisé en 2021, il s’avère nécessaire d’effectuer une relecture des programmes de formation initiale afin de les adapter aux différentes mutations socio-politiques, économiques et technologiques du moment. « Nous avons entrepris, en 2023, la relecture des curricula au niveau de l’ENAM parce que le contexte est changeant et les curricula de l’ENAM datent de 2018. C’est pourquoi, cinq ans après, nous avons jugé nécessaire de faire une évaluation de ces curricula pour voir les forces et les insuffisances pour pouvoir améliorer ces curricula surtout avec les statuts particuliers des agents au niveau des différents départements ministériels qui ont été revus en 2021 et qui nécessitent des réajustements au niveau des formations professionnelles », a expliqué le secrétaire général de l’ENAM, Salfo Ouédraogo.
Le processus de relecture des curricula de formation de l’ENAM, entamé depuis juin 2023, vise, à terme, à améliorer la qualité du capital humain public, afin d’offrir des services publics adaptés aux besoins des usagers et capables d’activer les leviers d’un développement économique et social, humain et durable. Ce processus a démarré par l’analyse diagnostique des curricula de formation et a permis de produire un projet de rapport de l’évaluation diagnostique qui a été examiné et validé lors de l’atelier tenu en décembre 2023 à Ziniaré.
Ces projets de référentiels qui ont fait l’objet d’un atelier interne de stabilisation avec les chefs de département de l’ENAM ont été soumis au conseil scientifique pour amendement. Après la prise en compte des amendements du conseil scientifique, il est maintenant question dans la suite du processus, d’envisager l’organisation d’un atelier durant lequel les syllabii des modules des programmes de formation seront élaborés.
D’où la tenue de cet atelier à Bobo-Dioulasso du 8 au 15 juillet 2024. Cet atelier, qui constitue une des étapes dans le processus de relecture des programmes, s’inscrit dans le programme d’activités 2024 de l’ENAM.
« Cette dernière étape du processus qui concerne l’élaboration des syllabii, nous l’avons voulu participative avec l’ensemble des acteurs concernés », a indiqué le secrétaire général Salfo Ouédraogo. Il s’est agi pour les participants, au cours des travaux, d’élaborer les syllabii des modules de tronc commun et les syllabii des modules de spécialité. Selon la directrice de la formation initiale de l’ENAM, Marie Quenum Kaganbéga, la présente rédaction des syllabii concerne seulement les cycles A, B et C. Le cycle administration des lycées et collèges étant un cycle qui n’a pas encore fait trois ans à l’ENAM.
Elle a expliqué qu’un syllabii est un document qui est destiné à l’enseignant, un document qui présente l’intitulé d’un cours ainsi que les codes, le volume horaire du cours. A l’en croire, ce document précise également la description du cours, son intérêt et les méthodes d’évaluation, etc. Les participants à l’atelier sont constitués principalement de personnes ressources désignées à cet effet.
Ces personnes ressources qui sont reparties en groupes de personnes par section ont été appuyées par des membres de l’administration de l’ENAM. « Ce public a été ciblé au regard de la nature de l’activité qui demande de l’expertise dans l’élaboration des syllabii. Tous les acteurs ont été impliqués dans cette procédure, dont des acteurs de l’ENAM, du monde universitaire et des différents départements ministériels », a fait savoir M. Ouédraogo.
Chaque groupe s’est vu confier des sections en fonction de son domaine d’expertise. D’autres groupes ont été mis en place également pour se pencher particulièrement sur les syllabii des troncs communs. L’atelier d’élaboration des syllabii s’est déroulé en deux étapes. La première a consisté en des travaux de groupes. Pour cela, chaque groupe a disposé de quatre jours pour élaborer les syllabii des sections qui leur ont été confiées. La seconde étape a consisté, pour chaque groupe, à présenter les résultats de leurs travaux en plénières. L’objectif de ces plénières est d’avoir le feedback des autres participants en vue d’améliorer leurs travaux.
Dr Lassina Simporé est archéologue et enseignant chercheur à l’Université Joseph Ki-Zerbo.
Il a pris part à cet atelier de rédaction notamment dans le groupe patrimoine culturel. « Nous avons examiné les syllabii pour le groupe patrimoine culturel pour voir comment on pouvait améliorer en fonction des nouveautés qui nous parviennent dans ce domaine. Nous avons examiné au total 33 syllabii et nous avons fait de telle sorte qu’un agent recruté et formé en gestion des patrimoines culturels sache comment aborder un site culturel, comment le gérer et le présenter et pouvoir attirer des visiteurs sur ce site. Et cette démarche de l’ENAM est une démarche de qualité quand on sait que c’est une grande école », a-t-il laissé entendre.
A l’issue de cet atelier, les livrables fournis sont les syllabii des modules de tronc commun, les syllabii des matières de spécialité et le rapport d’exécution de l’atelier. Selon Salfo Ouédraogo, les documents issus de l’atelier seront présentés au conseil scientifique de l’ENAM pour examen et validation afin qu’à partir du mois d’octobre, ces documents puissent servir pour la formation.
Romuald Dofini
Lefaso.net
