Le 25 mai est la journée mondiale consacrée aux poissons migrateurs. Au Burkina Faso, cette journée mondiale de la migration des poissons a été célébrée en différé ce vendredi 12 juillet 2024 à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou. Une célébration qui a connu la présence des acteurs du monde des ressources halieutiques, de chercheurs, d’étudiants et de responsables du ministère en charge des ressources animales et halieutiques.
La deuxième édition de la journée mondiale de la migration des poissons organisée par le Laboratoire de biologie et écologie animales (LBEA) de l’université Joseph Ki-Zerbo en collaboration avec l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et la direction générale des ressources halieutiques du ministère de l’Agriculture, des ressources animales et halieutiques, est placée sous le thème : « Écoulement libre et la libre circulation des poissons » (Free flow, en anglais).
La journée mondiale de la migration des poissons est un évènement mondial qui vise à sensibiliser les décideurs et l’ensemble des acteurs du monde des ressources halieutiques sur l’importance des cours d’eau à écoulement libre et la libre circulation des poissons.
Selon le Pr Adama Oueda, président du comité d’organisation, la commémoration de cette journée mondiale de la migration des poissons au Burkina Faso, constitue une plateforme d’échanges à travers des panels et des discussions dans le but de mettre en relief l’importance de la migration des poissons et leurs habitats. Il a aussi indiqué que la migration fait partie des besoins primaires (de reproduction et de nutrition) des espèces comme les poissons migrateurs. Malheureusement, les actions anthropiques et les infrastructures hydrauliques non adaptées empêchent ces poissons de migrer. D’où la nécessité de travailler à protéger ces espèces.
Le directeur de l’UFR/SVT, le Pr Patrice Zerbo a d’abord rappelé que la journée mondiale de la migration des poissons est née en 2014, à l’initiative d’un panel international de scientifiques et d’organisations non-gouvernementales en vue de favoriser la connexion entre les poissons, les rivières et les peuples. Pour lui, en plus du travail scientifique destiné à améliorer les connaissances et actions concrètes de gestion ou de protection, la sensibilisation est une étape essentielle pour espérer apporter un changement de fond. « Ainsi, cette journée se veut un cadre de partage d’expériences et de sensibilisation pour mieux faire comprendre au public, l’importance des poissons migrateurs et la manière dont nous pouvons réduire notre impact sur eux et sur leurs habitats », a-t-il insisté.
Le président de l’université Joseph Ki-Zerbo, représenté par le Pr Issa Zerbo, directeur de l’Ecole doctorale, a exprimé son adhésion et son soutien sans faille à cette activité qui selon lui, « est pensée et organisée par le monde de la recherche, avisé sur la biologie et l’écologie des poissons ».
« Cette journée constitue une fenêtre ouverte aux universitaires et chercheurs pour les permettre de participer aux processus de prise de décisions et d’agir sur ces sujets aussi importants, mais aussi de susciter des engagements durables de la part des ONG et du gouvernement pour la sauvegarde des rivières libres et la restauration des voies de migration des poissons migrateurs. A la lumière donc des raisons susmentionnées, la célébration de cette journée mondiale de la migration des poissons, a non seulement toute la légitimité d’exister aux côtés des autres journées que nous célébrons chaque année », a déclaré le Pr Issa Zerbo au nom du président de l’université Joseph Ki-Zerbo, président de la présente cérémonie.
Cette célébration est placée sous le parrainage de Moustapha Tassambedo, directeur général des ressources halieutiques. Empêché, il a été représenté à la cérémonie d’ouverture par Jean de Dieu Sié Da, directeur de la pêche au ministère en charge des ressources animales et halieutiques. Il s’est attardé sur les espèces de poissons qui existent au Burkina Faso dont certaines sont en voie de disparition.
« Au Burkina Faso, 128 espèces de poissons sont connues avec certitude. Plusieurs de ces espèces de poissons sont dites "migratrices" car elles ont besoin de réaliser une partie de leur cycle de vie en différents lieux bien spécifiques et en relation avec la reproduction, l’alimentation et les conditions physicochimiques. Au stade actuel des connaissances sur la diversité biologique au Burkina Faso, 48 espèces de poisson sont en péril. Certaines espèces ont peut-être disparu par suite de changements intervenus dans le milieu naturel, mais la grande majorité disparaît ou est menacée à cause de l’action de l’homme y compris la construction de barrages et autres barrières fluviales empêchant les poissons d’atteindre leurs zones de reproduction ou d’alimentation », a-t-il alerté.
Face à cette situation, Jean de Dieu Sié Da a précisé que le Burkina Faso a fait des efforts importants pour la promotion des ressources halieutiques. « Ces dernières années, des mesures sont prises contre l’utilisation des engins prohibés de pêche, la pollution des eaux, l’occupation des bandes de servitudes des plans et cours d’eau et la construction de barrages sans échelles ou passes à poissons pour favoriser l’essor de la filière halieutique dans notre pays. Malgré ces mesures, nous sommes loin d’y être parvenus et le chemin est long et parsemé d’embûches », a-t-il souligné.
Une conférence inaugurale, un panel, des expositions ventes de poissons et d’autres produits de pêche sont, entre autres, les activités prévues pour cette célébration au Burkina Faso.
Mamadou ZONGO
Lefaso.net
