Le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique organise, du 12 au 18 juillet 2024, une campagne de grand rattrapage de « Zéro dose ou enfant insuffisamment vacciné au Burkina ». Cette opération se tiendra sur l’étendue du territoire, dans le but de renforcer l’immunité des enfants contre les maladies évitables par les vaccinations au Burkina Faso. Pour une réussite de la campagne dans les Hauts-Bassins, la direction régionale de la santé a sollicité l’accompagnement des leaders de la région. C’était au cours d’une rencontre de plaidoyer tenue dans l’après-midi du mercredi 10 juillet 2024 à Bobo-Dioulasso.
Cette rencontre de plaidoyer a réuni les professionnels de médias, les acteurs de la société civile, des leaders coutumiers et religieux ainsi que les acteurs de la santé de la région des Hauts-Bassins. La rencontre visait à donner l’information juste sur la campagne aux participants, en vue de solliciter leur accompagnement pour la réussite de l’opération dans les Hauts-Bassins. « Nous avons voulu de cette rencontre de plaidoyer avec les leaders de la région, pour parler du grand rattrapage vaccinal que le ministère de la Santé organise et que nous allons mettre en œuvre dans les Hauts-Bassins », a expliqué la directrice régionale de la santé des Hauts-Bassins, Yéri Sylvie Youl/Traoré.
L’organisation de cette campagne dénommée « grand rattrapage » n’est pas fortuite. Elle répond à un besoin, selon les acteurs de la santé. La vaccination de rattrapage fait référence à l’action de vacciner un individu qui, pour une raison quelconque, a manqué les doses de vaccins auxquelles il peut prétendre, conformément au calendrier national de vaccination.
En effet, le Burkina Faso est confronté à une crise sécuritaire qui met à mal son développement socio-économique. Au niveau de la santé, on assiste malheureusement à la faible, voire la non réalisation de certaines activités de vaccination de routine au profit des enfants. Cette situation a entrainé des milliers d’enfants « zéro dose » et enfants sous vaccinés. Toute chose qui a occasionné l’accumulation de cohortes d’enfants vulnérables et d’épidémies de rougeole, de diphtérie, de fièvre jaune, de poliomyélite, etc.
« Depuis quelques années, notre pays traverse une crise sanitaire et sécuritaire qui a impacté son développement. Cette crise a impacté aussi les activités de vaccination dans les localités profondes du pays. Les autorités sanitaires, de par leur plaidoyer auprès des partenaires techniques et financiers, ont pu avoir des ressources afin d’accompagner le rattrapage de ces enfants que nous avons manqué lors des campagnes de vaccination qui n’ont pas pu se tenir correctement du fait de la situation sécuritaire. L’objectif de cette campagne est de rattraper ces enfants, car un enfant qu’on arrive à rattraper, c’est une victoire. C’est un enfant qui est protégé contre les maladies évitables par la vaccination », a-t-elle laissé entendre.
La vaccination en temps opportun est essentielle à la préservation de l’immunité de la population contre les maladies évitables par la vaccination. Elle veille à ce que les populations soient pleinement protégées contre les maladies potentiellement mortelles et prévient les épidémies importantes de maladies évitables par la vaccination. Cependant, au regard de la situation nationale, les vaccinations programmées régulièrement ont été manquées dans certaines localités. A cela s’ajoutent certaines causes dont la pandémie de covid-19 qui avait fait reculer aussi les efforts de vaccination. Il y a également la réticence de certains parents qui ont des préjugés au sujet de la vaccination.
Le « grand rattrapage » ou « big catch-up » en anglais, a été lancé en 2023 grâce à l’OMS, l’UNICEF et l’Alliance GAVI. Selon les acteurs de la santé, c’est un effort de mobilisation coordonné visant à aider les pays à planifier et à mettre en œuvre des efforts accrus pour renforcer les programmes de vaccination grâce à une approche en trois volets. Il s’agit de rattraper les enfants qui n’ont pas été vaccinés pendant la période de 2020 à 2024, de rétablir les taux de couverture vaccinale et de renforcer les systèmes de vaccination. L’opération se tiendra du 12 au 18 juillet 2024 dans toutes les localités du Burkina. Ainsi, aucun individu ne devrait être privé de la protection offerte par les vaccins pour la simple raison qu’ils ne sont pas en mesure d’accéder aux services.
Spécifiquement, il s’agit de susciter l’adhésion d’au moins 95% des parents en faveur du rattrapage vaccinal, de vacciner 70% des enfants zéro dose avec le PENTA 1 lors du grand rattrapage d’ici fin 2024, de vacciner 100% des enfants sous vaccinés (PENTA 2 et PENTA 3) d’ici fin 2024 et de vacciner 60% des enfants avec la première dose du vaccin anti poliomyélite injectable (VPI1). Par ailleurs, d’ici fin 2024, cette campagne vise à vacciner 60% des enfants contre la fièvre jaune, rattraper 60% des enfants avec la deuxième dose du vaccin anti poliomyélite, vacciner 60% des enfants contre la méningite et 60% des enfants contre la rougeole. Les enfants concernés sont âgés de 24 à 59 mois.
Les enfants seront vaccinés en stratégie fixe et avancée. La campagne se fera de porte à porte, dans les sites des personnes déplacées internes, dans les formations sanitaires publiques et privés, les marchés, etc. Dans les Hauts-Bassins, elle concerne tous les districts sanitaires de la région. Pour la mise en œuvre réussie de cette opération, il faut la mobilisation et l’engagement de tous les acteurs de la santé, mais aussi l’implication et l’engagement des leaders à tous les niveaux. D’où la tenue de la rencontre de plaidoyer et de mobilisation sociale avec les acteurs clés. Cette rencontre a été présidée par le conseiller technique du gouverneur de la région, Souleymane Drabo, représentant le gouverneur.
Après avoir suivi avec intérêt la communication sur la campagne du grand rattrapage et les attentes de la direction régionale de la santé, les participants ont pris l’engagement en faveur de la mise en œuvre de l’opération. Ils s’engagent ainsi à contribuer à la mobilisation sociale et à aider les agents de santé dans la résolution des cas de réticences. Toute chose qui ravit la directrice régionale de la santé, Yéri Sylvie Youl/Traoré. « Nous sommes satisfaits de la rencontre car les acteurs nous ont réaffirmé leur engagement à nous accompagner dans la mise en œuvre de cette stratégie de vaccination », a-t-elle indiqué. Avant d’ajouter : « un enfant protégé, c’est un adulte en bonne santé pour demain ».
Romuald Dofini
Lefaso.net
