Actualités :: Burkina/Lutte contre la rage : « La sensibilisation à l’importance des soins (…)

Dans un arrêté signé par le haut-commissaire du Kadiogo, la population a appris que le secteur 9 dans l’arrondissement n°2 de Ouagadougou est déclaré infecté de rage. Ainsi, les citoyens sont appelés à observer une vigilance et à empêcher leurs chiens de sortir hors des cours. A Ouidi, quartier concerné par cette infection de rage, les chiens continuent d’errer dans les rues malgré l’interdiction. Afin de mieux comprendre l’attitude à tenir pour éviter ce genre de situation, la rédaction de Lefaso.net s’est entretenu avec le Dr Abdoul Kader Ilboudo, médecin épidémiologiste. En tant que membre fondateur et coordonnateur santé humaine de l’association Rabies Free Burkina Faso, il partage la contribution de la structure qui est engagée dans la lutte contre la rage au Burkina Faso.

Lefaso.net : Pouvez-vous nous présenter votre association ?

Abdoul Kader Ilboudo : L’association Rabies Free Burkina Faso est une association à but non lucratif créée en 2020. Elle œuvre dans le domaine de la lutte contre la rage. Sa mission est de contribuer à une élimination complète de la rage au Burkina Faso. Elle est constituée de professionnels de divers profils (santé humaine, santé animale, protection de l’environnement, communication, sociologie, etc.) qui œuvrent ensemble dans une approche holistique pour l’élimination de la rage au Burkina Faso.

Quelle est la contribution de votre association dans la lutte contre la rage au Burkina Faso ?

Notre association, Rabies Free Burkina Faso, joue un rôle crucial dans la lutte contre la rage au Burkina Faso à travers plusieurs axes d’intervention. D’abord dans la sensibilisation, nous organisons des campagnes de sensibilisation pour éduquer la population sur les dangers de la rage et les mesures préventives à adopter. Ces campagnes, menées dans les écoles, les communautés et à travers les médias, ont permis d’améliorer la connaissance générale de la maladie et de ses symptômes, encourageant ainsi les comportements adaptés. Ensuite, nous menons des actions concrètes dans le sens de la prévention à travers des campagnes de vaccination des carnivores domestiques (chiens et chats), principaux vecteurs de la maladie, pour réduire significativement la circulation de la rage. En collaboration avec les autorités locales et certaines organisations internationales qui nous appuient, nous avons mené des campagnes de vaccination notamment à Ouagadougou et à Sabou au cours des dernières années, contribuant à contrôler la circulation de la maladie.

Nous menons également des actions de plaidoyer auprès des autorités sanitaires aussi bien de la santé humaine, qu’animale ainsi qu’auprès des autorités administratives et coutumières en vue de l’adoption de politiques publiques en faveur de la prévention et de l’élimination de la rage. Le plaidoyer se porte aussi vers la promotion d’une approche holistique (One health) dans les politiques publiques de lutte contre la rage. On peut citer, entre autres, notre apport significatif dans l’élaboration de documents cadres de lutte contre la rage (plan stratégique, procédures opérationnelles standards,) récemment adoptés au Burkina Faso.

Notre association regroupe également des experts de la question de la rage qui offrent des formations spécialisées aux professionnels de santé, aux vétérinaires et aux professionnels de la communication sur la maladie. Ces formations contribuent à une réponse plus efficace face aux cas d’exposition à la rage (morsures, griffures, léchage) ainsi qu’une communication adéquate sur la rage auprès des communautés.

En outre, notre association mène des recherches sur la transmission de la rage et l’efficacité des interventions, afin d’informer les politiques publiques et d’optimiser les stratégies de lutte contre la maladie. Nous collaborons également avec d’autres organisations internationales pour partager des connaissances et des ressources.

Grâce à ces diverses initiatives, Rabies Free Burkina Faso contribue de manière significative à la réduction de la rage dans le pays, avec l’objectif ultime d’éradiquer totalement la maladie

En tant qu’acteur engagé dans la lutte contre la rage, pensez-vous qu’au Burkina Faso, les gens prennent bien soin de leurs animaux domestiques sur le plan sanitaire ?

Je constate que la prise en charge sanitaire des animaux domestiques au Burkina Faso est limitée et fait face à plusieurs défis.

D’une part, la sensibilisation à l’importance des soins vétérinaires aux animaux domestiques reste limitée, aussi bien en milieu rural qu’urbain. Dans le cas particulier de la rage, la vaccination des carnivores domestiques est certes obligatoire mais pas suffisamment mise en œuvre. L’accès aux services vétérinaires est souvent insuffisant, les infrastructures étant limitées et les professionnels peu nombreux. Le coût des soins peut constituer également une barrière pour de nombreuses familles dans un contexte humanitaire, qui doivent faire des choix difficiles entre la santé de leurs animaux et d’autres besoins essentiels. De plus, les pratiques culturelles influencent la manière dont les animaux sont soignés.

Pour garantir des soins appropriés pour tous les animaux domestiques, il est crucial de poursuivre les campagnes de sensibilisation, d’améliorer l’accès aux services vétérinaires. Une approche intégrée est nécessaire pour faire progresser la santé animale au Burkina Faso.

Quelle est la bonne attitude à tenir pour éviter que les animaux transmettent la maladie aux humains ?

Pour prévenir la transmission de la rage des animaux aux humains, il est crucial d’adopter plusieurs mesures préventives. Tout d’abord, la vaccination systématique des animaux domestiques, particulièrement des chiens et des chats est essentielle pour réduire le risque de propagation de la maladie. Il faut promouvoir la responsabilité des propriétaires d’animaux qui doivent s’assurer que leurs animaux sont à jours de la vaccination contre la rage qui est annuelle.

En cas de morsure d’un animal ou de léchage sur une plaie par un animal, il est impératif de nettoyer la blessure immédiatement à l’eau et au savon, puis de consulter rapidement un professionnel de santé pour évaluer la nécessité d’un traitement post-exposition.

Sensibiliser la population à ces mesures et encourager la responsabilité des propriétaires d’animaux en matière de vaccination et de surveillance joue un rôle crucial dans la prévention de la rage et la protection de la santé publique.

Propos recueillis par Cryspin Laoundiki
Lefaso.net

Crédit photo : Actu Niger

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