Passer cinq ou six ans pour l’obtention de sa licence à l’université Joseph-Ki-Zerbo n’étonne plus, tant le retard accumulé date de longtemps. Cette situation crée un dysfonctionnement dans la marche de l’université et pénalise les étudiants inscrits dans ce temple du savoir. Réunis autour de la même table, les acteurs du monde universitaire ont échangé entre le 25 juin et le 1er juillet 2024 à Ouagadougou, pour trouver des solutions au problème des retards académiques.
Dans trois mois, soit en octobre, les bacheliers de l’année scolaire 2023-2024 devront faire leur rentrée administrative à l’université, alors que le problème du retard académique, qui date d’ailleurs de plusieurs années, n’est toujours pas résolu. Pour y remédier, les premiers responsables de l’université Joseph-Ki-Zerbo ont échangé avec les étudiants, les enseignants, les syndicats et le personnel administratif et technique.
Chaque ministère est, on le sait, tenu par un contrat d’objectifs. Et résorber la question des retards académiques d’ici la rentrée 2024-2025 est la première priorité du contrat d’objectif du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, avec à sa tête Pr Aldjima Thiombiano. L’objectif de cette rencontre était donc de trouver des solutions consensuelles, qui permettront de sortir la plus grande université du Burkina de ce dysfonctionnement.
Pour le premier responsable de l’université Joseph-Ki-Zerbo, Pr Jean François Kobiané, le rétablissement d’une année universitaire normale est bel et bien possible, mais cela passe obligatoirement par de grands sacrifices et un engagement ferme de la part des acteurs. Avec son équipe, une stratégie assortie d’un plan opérationnel pour en finir avec cette affaire d’ici le 20 septembre 2024 a été mise en place.
« Outre la dérogation spéciale à la limitation des heures supplémentaires accordées, la validation des unités d’enseignement à 75% du volume horaire est une donne à prendre en compte dans les programmations. Pour le respect strict des programmations des enseignements, des évaluations et des délibérations, les jurys de correction, les cellules techniques d’appui à la délibération sur Campus Faso et les comités de suivi hebdomadaire sont institués », lit-on sur la page Facebook de l’université.
Par ailleurs, une demande spécifique a été faite aux différents acteurs concernés par les filières dans lesquelles on enregistre un retard. « Il s’agit de poursuivre les activités académiques durant la période des vacances d’août-septembre 2024, quitte à ce que les acteurs puissent prendre leurs vacances plus tard », nous renseigne la publication Facebook. Certains acteurs ont adhéré à cette proposition. D’autres en revanche ont estimé judicieux de consulter la base, avant de se prononcer sur la question.
En réaction à ces propositions, certains commentaires ont pointé du doigt d’autres éléments qui contribuent à accentuer ce retard. Sans leur prise en compte, l’université Joseph-Ki-Zerbo s’expose à un sempiternel recommencement. « Je m’interroge sur ce passage qui dit, je cite : « poursuivre les activités académiques durant la période des vacances d’août-septembre 2024, quitte à ce que les acteurs puissent prendre leurs vacances plus tard ». Prendre la période d’août-septembre où il pleut abondamment pour faire des cours et devoirs et revenir pendant la période sèche nous offrir des vacances, c’est comme si rien n’est fait. Je pense que vous avez laissé les vraies causes du retard qui sont entre autres la construction des amphithéâtres, le recrutement suffisant d’enseignants, la mise en place d’un jury de correction », a écrit l’internaute Issouf Saba.
« Même s’ils prennent cinq ans sans vacances, si on ne touche pas vraiment aux problèmes qui causent les retards, tels que le manque d’amphithéâtres, le manque de docteurs [enseignants, ndlr], le retard dans les corrections et les délibérations, même dans dix ans on sera dans le même retard », a renchéri Olivier Zoma.
Erwan Compaoré
Lefaso.net
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