Gouvernance au Burkina : « Il faut, de façon urgente, construire un élan national … », Dr R. Seydou Ouédraogo, directeur exécutif de Free AfrikInstitut de recherche, engagé depuis quelques années à produire des études pour servir la formation des politiques publiques, Free Afrik est auteur de plusieurs publications scientifiques dans son domaine d’intervention. Ainsi, après son rapport « Burkina Faso 2016/2017 : s’éloigner du précipice, engager le renouveau », l’institut annonce « Réarmer la gouvernance ». C’est en prélude à la sortie de ce rapport, qu’il se tient du 10 au 12 janvier 2018 à Ouagadougou, un atelier avec les « acteurs stratégiques » dans le but d’enrichir ledit document qui sera mis à la disposition du public dans une dizaine de jours. L’institut Free Afrik s’est engagé dans le programme « Présimètre » avec un projet soutenu par Diakonia et l’Union européenne (UE) visant à assurer un travail d’évaluation, de suivi-évaluation scientifique et citoyen du Plan national de développement économique et social (PNDES) via trois manières. Il s’agit d’abord de produire des études, ensuite partager les résultats de ces études avec les « acteurs stratégiques » de la société et, enfin, aller dans le débat public pour permettre aux citoyens de former leur opinion sur la mise en œuvre des politiques publiques au Burkina, notamment celles mises en œuvre dans le cadre du PNDES. « Aujourd’hui, nous restituons deux études qu’on a fusionnées en une, qui portent, toutes deux, sur la gouvernance. D’une part, la gouvernance économique, entendez par-là, la lutte contre la corruption et d’autre part, la gouvernance sociale, c’est-à-dire la problématique des grèves (dialogue social), la gouvernance sécuritaire (défi terroriste) », a précisé le directeur exécutif de Free Afrik, Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo. Il réunit les « acteurs stratégiques » de la société (syndicats, administrations publiques, secteur privé, autorités coutumières et religieuses, presse, organisations de la société civile…). L’atelier vise donc à permettre aux acteurs (participants) de discuter et enrichir les résultats que Free Afrik a établis dans cette sur la gouvernance économique (lutte anti-corruption), la gouvernance sociale (grèves et dialogue social) et sur la gouvernance sécuritaire. « Nous avons considéré que notre travail de suivi-évaluation du PNDES devrait commencer par la gouvernance, pour plusieurs raisons. La première est que la gouvernance est le premier axe du PNDES. Ensuite, tous les autres résultats sont conditionnés par cette gouvernance », justifie Dr Ouédraogo. Avoir le courage d’opérer des réformes !
Ainsi, en attendant le contenu de ce rapport, le directeur exécutif de Free Afrik confie qu’au plan de la gouvernance économique, « nous notons des avancées importantes depuis quelques années sur le chantier de la lutte contre la corruption », notamment en matière de lutte contre la corruption (référence faite à la loi anti-corruption, qu’il qualifie de ‘’très bonne loi’’, qui donne une définition ample du phénomène, qui assure entre autres un rôle majeur à l’ASCE-LC). Selon Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, les sondages d’opinions réalisés par le REN-LAC, mais aussi le travail de Transparency international, montrent ces dernières années, la majorité de la population a le sentiment que la corruption recule. « Ce sont des perceptions, ce n’est pas exactement la mesure de la corruption, mais ce sont de bonnes nouvelles, parce que les perceptions sont importantes pour la gouvernance », relativise-t-il. « Par contre, il y a des chantiers importants à engager tout de suite ; la réforme de l’ASCE-LC doit être engagée avec plus de célérité, il y a des textes qui traînent, il faut qu’on les adopte vite », recommande-t-il. De son avis, il faut donner l’autonomisation financière, indispensable à cette autorité, pour que la lutte contre la corruption ait vraiment la vigueur requise. « Il nous semble que c’est le chantier le plus important dans notre pays, si nous voulons avoir deux choses : de l’argent (des ressources publiques importantes, parce que l’Etat perd plusieurs dizaines de milliards par an à cause de la fraude massive) et la crédibilité de la gouvernance. Le vrai problème, ce n’est pas seulement que la corruption nous prive de ressources publiques indispensables, c’est que la corruption sape la crédibilité, la légitimité de la gouvernance et par conséquent, on n’est pas en mesure d’engager des reformes considérables parce que la crédibilité est faible, la légitimité manque parfois », soutient Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo. Au plan de la gouvernance sécuritaire, le directeur exécutif de l’institut note une « exacerbation de la situation inédite » de défis terroristes. Il énumère plus d’une centaine d’attaques depuis avril 2015, plus d’une centaine de morts et une « situation extrêmement grave » dans la partie septentrionale du pays avec les mines anti-personnelles. « Les mines anti-personnelles, il faut les poser aujourd’hui, et elles vont avoir des effets plusieurs années, voire des décennies après. Nous pensons qu’il faut, de façon urgente, construire un élan national pour faire en sorte qu’on arrive à bout de ce défi, nous sommes profondément convaincus que ce n’est pas impossible au Burkina Faso de se sortir de cette situation », a-t-il expliqué. Un défi sécuritaire majeur
« Cependant, nous notons quelque chose de grave : dans notre pays, nos Forces de défense et de sécurité sont de plus en plus (c’est la nouveauté), en train de s’aliéner le soutien et la collaboration des populations locales. Il y a des rapports qui parlent d’exactions, il y a des témoignages très clairs qui indiquent que des populations, parce qu’elles appartiennent à la partie septentrionale de notre pays, qui se sentent lésées, piétinées, parfois blessées, voire tuées, par nos forces régulières. Je ne leur jette pas la pierre, mais j’indique que c’est une situation extrêmement grave parce que c’est un paramètre critique de la lutte contre le terrorisme. Si vous voulez lutter contre le terrorisme, il faut indispensablement que votre population soit avec vous, et ça, il faut le traiter, faire en sorte qu’on ait un élan national pour aller à la lutte », révèle Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo. Le sujet sur la gouvernance sociale, les grèves et le dialogue social sera aussi scruté. « Vous connaissez la situation inédite… Il est impératif qu’on trouve des voies et moyens pour remettre le pays au travail. Il est impératif que des discussions s’engagent, de façon beaucoup plus crédible, beaucoup plus professionnelle, que nous trouvons plus vite des voies et moyens pour sortir de la situation actuelle et remettre le pays au travail », a lancé Dr Ouédraogo. Le directeur-pays de Diakonia, Luther Yaméogo, a salué l’initiative de ce dialogue démocratique. « C’est déjà un gage de redevabiolité, puisqu’il s’agit d’un exercice de redevabilité, de responsabilité assumée et d’imputabilité politique que dire ce qu’on fera, de faire ce qu’on a dit et de revenir dire qu’on a fait ou comment on l’a fait », a soutenu M. Yaméogo, magnifiant « l’intrépidité et la perspicacité » des productions de l’institut Free Afrik. Pour lui, le thème « Réarmer la gouvernance » autour duquel l’institut invite à réfléchir est, lui-même, porteur d’un programme. « Il n’y a pas mieux qu’un séminaire qui rassemble des acteurs clés de la société civile, du secteur privé, des institutions gouvernementales de contrôle à revoir des analyses et discuter ensemble pour voir comment mieux avancer. (…). Qu’un institut indépendant puisse discuter avec tous les autres acteurs pour approfondir encore ses études pour ensuite les présenter au public est un élément extrêmement important dans une démocratie », a jugé le chef de la section gouvernance de la délégation de l’Union européenne au Burkina, Thomas Huyghebaert. Cet atelier s’achève le vendredi, 12 janvier 2018 par un panel à partir de 16 heures à la DGOOP pour échanger sur le constat que Free Afrik a fait sur les grèves et ses propositions qu’il va discuter avec les syndicats, le secteur privé et le gouvernement. OL |
Vos commentaires
1. Le 11 janvier 2018 à 03:19, par Bila En réponse à : Gouvernance au Burkina : « Il faut, de façon urgente, construire un élan national … », Dr R. Seydou Ouédraogo, directeur exécutif de Free Afrik
J’inviterai Dr Ouédraogo a resté dans son domaine (scientifique) sinon à vouloir surfer sur ce qui draine l’opinion (la politique) il risque de perdre sa crédibilité. Conseil désintéressé !
Le 11 janvier 2018 à 09:25, par Tchèba En réponse à : Gouvernance au Burkina : « Il faut, de façon urgente, construire un élan national … », Dr R. Seydou Ouédraogo, directeur exécutif de Free Afrik
Ainsi donc quand on dit évaluation scientifique là c’est politique quoi ? C’est quoi ces genres d’esprits fermés là-même ?
2. Le 11 janvier 2018 à 03:22, par gomsida En réponse à : Gouvernance au Burkina : « Il faut, de façon urgente, construire un élan national … », Dr R. Seydou Ouédraogo, directeur exécutif de Free Afrik
Le délit d’apparence est là, qu’est ce que l’ASCE-LC fait pour mettre la lumière sur les biens trop exhibitionnistes (maisons, voitures, terrains,...) que des fonctionnaires réalisent sous nos yeux et nos barbes dans la quasi-totalité des villes du Burkina ? Commencer à faire quelque chose dans ce domaine, cette action une portée dissuasive. Sinon, je vous informe que détourner au Faso est chose normale de nos jours !
3. Le 11 janvier 2018 à 07:14, par Sawadogo Luc En réponse à : Gouvernance au Burkina : « Il faut, de façon urgente, construire un élan national … », Dr R. Seydou Ouédraogo, directeur exécutif de Free Afrik
Le sentiment national reviendra dès que les hommes se sentiront égaux. En dépolitisant l’Administration publique comme au Rwanda pour que toute position comportant des avantages s’acquiert par recrutement transparent et non par "coquinage", non seulement on réanime le sentiment national mais aussi, on supprime la source de la corruption et des détournements. Sinon, les parvenus, même méritants sont obligés de retourner des enveloppes qui ne peuvent venir de leurs salaires pour remercier et pour conserver leur poste.
Ils en font à tel enseigne que eux n’ont plus besoins de leur salaire normal.
Si on considère que le Burkina est le pays dont le taux des "nabas" nommés est de loin le plus élevé des pays de l’UEMOA, alors vous comprenez que c’est grave.
4. Le 11 janvier 2018 à 11:13, par Substance Grise En réponse à : Gouvernance au Burkina : « Il faut, de façon urgente, construire un élan national … », Dr R. Seydou Ouédraogo, directeur exécutif de Free Afrik
La démocratie coûte trop chere á l’Afrique .Alors les principent de bonne gouvernance doivent voir le jour rapidement si non les crises sociales vont aller de manière croissante.
Il faut que cette démocratie nous tire vers le developpement au lieu d’etre un couvert par lequel les gouvernants s’enrichissent plutot que de travailler.
Qu’attendent les chefs d’etats africains pour aller dans le sens de la bonne gouvernance
Sans une ressource humaine de qualité ;aucun developpement ne sera possible
5. Le 11 janvier 2018 à 11:57, par Substance Grise En réponse à : Gouvernance au Burkina : « Il faut, de façon urgente, construire un élan national … », Dr R. Seydou Ouédraogo, directeur exécutif de Free Afrik
La démocratie coûte trop chere á l’Afrique .Alors les principent de bonne gouvernance doivent voir le jour rapidement si non les crises sociales vont aller de manière croissante.
Il faut que cette démocratie nous tire vers le developpement au lieu d’etre un couvert par lequel les gouvernants s’enrichissent plutot que de travailler.
Qu’attendent les chefs d’etats africains pour aller dans le sens de la bonne gouvernance
Sans une ressource humaine de qualité ;aucun developpement ne sera possible
6. Le 11 janvier 2018 à 13:37, par Bernard Luther King ou le Prophete Impie En réponse à : Gouvernance au Burkina : « Il faut, de façon urgente, construire un élan national … », Dr R. Seydou Ouédraogo, directeur exécutif de Free Afrik
Du courage au Dr R. Seydou. Mon admiration pour tes valeurs intellectuelles. Je t’necourage surtout à t’eprouver davantage sur le plan moral et spirituel pour davantage servir les Burkinabè et les Africains en general. Car je pretends connaitre les vraies solutions aux problemes dont vous parlez : "un seul mot et le Burkina Faso est gueri". Nous depensons trop dans la resolution des problemes, chose normale. Des solutions simples existent : efficaces, durables, et d’une rentabilité exponentielle. Mais helas ! Le temps n’est peut etre pas encore arrivé.
A bas Dieu et vive l’universalité d’esprit !