![]() Burkina : La paix, ce n’est pas pour demainUne tribune de Maixent Somé, citoyen engagé
mardi 3 octobre 2017.Hier, 02 octobre 2017, j’ai regardé la cérémonie de lancement de la campagne de collecte de fonds pour la construction d’un mémorial Thomas Sankara, en présence de son camarade de lutte John Jerry Rawlings qui fut très ovationné.... A la fois émouvant et instructif. Le stade était aux 3/4 vide ! Sankara à toutes les sauces, mais Sankara nulle part dans les réalités du Burkina, à part dans l’esprit de quelques gardiens du temple, et d’une jeunesse qui, pour la plupart, n’ont même pas lu le DOP dont c’était l’anniversaire... Cela ne trompe plus personne ! La paix, ce n’est pas pour demain. Tout d’abord dans le monde politique et militant, personne ne recherche la vérité et la justice. De même, des crimes de sang et des crimes économiques, chacun met le projecteur sur ce qui peut affaiblir, voire éliminer un adversaire politique, mais planque soigneusement ce qui pourrait l’éclabousser lui-même... Et pourtant, la liste exhaustive des victimes d’assassinats politiques est connue depuis longtemps et est sur la place publique. Ces assassinats, arrestations arbitraires et tortures ont débuté en 1982 sous le CSP, sont montés en puissance sous le CNR de Sankara, ont connu une inflation à partir du Putsch du 15 octobre 1987, pour connaître enfin une accalmie après l’assassinat de Norbert Zongo et ce jusqu’à la fin du règne de Blaise Compaoré. Du côté des territoires et des populations également, ce n’est guère reluisant. Selon le nouveau dogme néo-libéral, il fallait dégraisser le mamouth étatique. Alors on a démantelé l’Etat dans les rares secteurs où il était balbutiant : Education, Santé, Défense. Abraham Lincoln disait : « Si vous pensez que l’éducation est trop chère, alors essayez l’ignorance ! ». Accessoirement, ces PAS ont également été l’occasion de brader le patrimoine étatique dans des privatisations sauvages et oligarchiques ! Résultat, nos états ainsi faillis ont définitivement abandonné les zones de leurs périphéries, et des pans entiers de leurs territoires, donc de leurs populations ! La nature ayant horreur du vide, d’autres s’y sont installés. Ont construit des systèmes sociaux en marge de la république. Et on se réveille presque trente ans plus tard pour faire mine d’être surpris par le résultat ??? Oui, l’Etat ne contrôle pas le Sahel. Le PNUD a publié un rapport accablant la semaine dernière sur le radicalisme violent. Ses bases sociales ne sont plus à démontrer ! Oui, nous avons des territoires, mais également des populations en rupture avec notre république importée, non enracinée, inachevée, et notre nation que nous nous plaisons encore à croire qu’elle est en cours de construction ! Elle ne l’est plus depuis déjà assez longtemps pour qu’il nous faille enfin accepter de comprendre ce que nous voyons sous nos yeux !!! Et maintenant, quoi ? A mon humble avis, notre seule voie de salut passe par un droit d’inventaire honnête et sans complaisance sur notre courte histoire. Hope this helps, Maixent SOME Vos réactions (33)
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