Proposition de loi sur le droit de grève : L’Unité d’action syndicale fermement opposéeDans la lettre ci-après adressée au Président de l’Assemblée nationale, l’Unité d’action syndicale dit son opposition ferme à la proposition de loi sur le droit de grève au Burkina Faso. Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, Le 21 avril 2017, l’Unité d’Action Syndicale (UAS) a reçu une correspondance N°2017-048/AN/CAGIDH par laquelle la Commission des Affaires Générales Institutionnelles et de Droits humains (CAGIDH) nous transmettait une proposition de loi de l’Assemblée Nationale relative à l’exercice du droit de grève dans les services publics accompagnée de son exposé des motifs. Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, Le contenu de la proposition de loi a franchement indigné l’Unité d’Action Syndicale. Par la présente, elle tient à relever que le mouvement syndical burkinabè, depuis sa naissance en 1946, a régulièrement dépassé le cadre corporatiste pour prendre en compte les questions de liberté, d’intégrité, bref, les intérêts supérieurs de notre peuple ; il a toujours su jouer son rôle aux différents tournants de l’histoire de notre pays. Ainsi : – Dès sa naissance en 1946, le mouvement syndical s’est engagé, dans le cadre de l’Union Générale des Travailleurs d’Afrique Noire (U.G.T.A.N), aux côtés du RDA, dans la lutte contre le colonialisme et pour l’indépendance de la Haute-Volta ;
– De 1998 à 2014, les syndicats de notre pays ont largement contribué à l’éveil des consciences, à la lutte contre l’impunité et pour les libertés, toute chose qui a concouru à l’avènement de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 ;
Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, Ces quelques rappels montrent que les syndicats de notre pays ont contribué de façon inestimable à l’ancrage de la démocratie dans notre pays, cela, grâce au courage et à la lucidité des devanciers qui se sont toujours préoccupés des questions de liberté et de démocratie. Par ailleurs, nous estimons que de tous les pouvoirs que notre pays a connus, le vôtre est celui qui doit le plus à la lutte de notre peuple en général, à celle des travailleurs en particulier, lesquels ont consenti d’énormes sacrifices dans leur quête de justice, de liberté et de progrès social. La proposition de loi qui nous a été transmise constitue une remise en cause grave des acquis des travailleurs et de leurs droits. Entre autres dispositions liberticides, nous notons :
Ainsi, la proposition de loi viole les droits des travailleurs consacrés par la constitution et les conventions du BIT que notre pays a ratifiées, notamment les conventions N° 87 et 98. De plus, elle porte des germes de politisation encore plus poussée de l’administration, de division, de confrontation professionnelle, voire de guerre civile. Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, L’exposé des motifs de cette proposition de loi indique clairement que celle-ci est en rapport avec les luttes que de nombreux secteurs d’activités mènent actuellement. Malheureusement, les options envisagées dans cette loi procèdent d’un mauvais diagnostic des différentes grèves en ce que ledit diagnostic, très curieusement, ne prend en compte que les effets et non les causes de ces interruptions de travail. En tout état de cause, l’UAS se réserve le droit, en fonction de l’évolution de la situation, de saisir les organes de l’Organisation Internationale du Travail d’une plainte contre les autorités burkinabè quant à leur volonté manifeste de remettre en cause les libertés syndicales. Veuillez croire, Excellence Monsieur le Président, en notre ferme engagement et détermination à contrer toute velléité de remise en cause des libertés dans notre pays. Ont signé : Bassolma BAZIE Augustin Blaise HIEN Olivier Guy OUEDRAOGO FO/UNS ONSL USTB El Hadj Inoussa NANA Paul N. KABORE Yamba Georges KOANDA Pour les Syndicats Autonomes : Juste Koumara LOGOBANA Ampliations : – Présidence du Faso ;
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