Burkina - Niger : Les jalons d’une coopération décentralisée Sud- Sud posés à YakoLa Maison des Jeunes et de la Culture de Yako, dans la région du Nord du Burkina, a été le théâtre le mercredi dernier, d’une rencontre d’échanges entre les maires de la zone et leurs homologues du Niger. Au nombre d’une quarantaine, les élus locaux nigériens sont venus partager leurs expériences avec leurs collègues de la province du Passoré, notamment dans le domaine des services d’eau potable et d’assainissement. C’est sous la présidence du haut commissaire de ladite province, San Ablassé Soré, que se sont déroulés ces échanges inédits et prometteurs d’une coopération fructueuse entre les deux parties. Pendant près de trois heures, les élus nigériens et du Passoré se sont entretenus sur leurs préoccupations, les uns voulant comprendre les réalités des autres et vice-versa. Les échanges ont été francs et sans tabou. Du niveau de décentralisation dans chaque pays (Burkina et Niger) aux relations avec les autorités de tutelle en passant par le fonctionnement des collectivités dans chaque Etat, ont fait entre autres objet d’âpres discussions ; sans oublier les difficultés que les uns et les autres rencontrent. Même le traitement ou la motivation des élus locaux ont été quelque fois abordés. Au Niger, un conseiller d’une commune rurale pendant une session de conseil municipal a droit à 5 000 F CFA par jour et une indemnité de déplacement de 5 000 F CFA. En ville, l’indemnité de session pour les membres du conseil municipal est fixée à 10 000 F CFA jour, sans compter les frais de déplacement. En outre, quand un fonctionnaire est élu maire au Niger, il garde son salaire et perçoit plusieurs indemnités pour la fonction, la sujétion, et l’eau et l’électricité. Pour ce qui est du fonctionnement des communes au Niger, notamment la désignation des conseillers municipaux, elle se fait après les élections. Pas question de listes de candidatures comme c’est le cas au Faso. La répartition des postes de conseillers au sein des formations politiques se font sur la base des résultats enregistrés par les aspirants. Si les électeurs de votre village ou zone ont plus voté que ceux de la zone d’un concurrent, c’est à vous que revient le siège du conseiller. De même au Niger, tous les villages n’ont pas automatiquement droit à deux ou trois sièges comme au Burkina. Au Faso, il faut pour l’instant passer par les structures étatiques. Mais, sur la question des transferts des compétences aux collectivités locales, en particulier dans les domaines de la santé et de l’éducation, les communes Burkinabè sont mieux loties que celles du Niger. Bref, que retenir de ce séjour très chargé des élus nigériens, eux qui se sont ensuite rendus après Yako, à Ougadougou pour visiter des réalisations d’eau potable à Toukin (zone non lotie de l’arrondissement de Nongr-Maassom) et poursuivre le lendemain leur périple à Zorgho en vue d’échanger également avec leurs homologues de la région ? ‘’Nous sommes parfaitement satisfaits. Il faut pérenniser ce genre de rencontre en ce sens qu’elle favorise non seulement les échanges d’expériences sur le plan technique en termes de gestion des communes, de gestion des services d’eau potable ; mais aussi permet aux communautés des deux pays de se connaître. Donc, le bilan, pour nous, est très positif’’, relève le chef de la délégation nigérienne, Ali B. Thiombiano, par ailleurs coordonnateur d’un programme eau, assainissement dans 12 communes du Niger. « Nous avons le même rôle à jouer au niveau de nos populations. Il faut des échanges d’idées, d’expériences pour que nous puissions ensemble relever le défi. Cette rencontre est vraiment la bienvenue », renchérira le maire de Bagaré, Helène Ouédraogo. Et à Adrienne Ramdé, chargée de projets à Eau Vive Burkina, de noter :’’Globalement, nous sommes satisfaits de ces échanges qui ont été très riches et qui ont permis aux deux parties de mesurer l’état d’avancement de la décentralisation dans leurs localités et également, de se donner des conseils parce que les deux parties ne sont au même stade en matière de décentralisation. Grégoire B. BAZIE Lefaso.net Des élus s’expriment Arimi Moustapha, Conseiller de Queskerou « C’est véritablement une école » ‘’Nous avons fait des visites de terrain. Nous avons eu des entretiens avec des élus locaux. C’est véritablement une école. Nous nous sommes échangés beaucoup d’informations. Nous pensons que dans peu de temps, nous allons demander à nos partenaires d’initier la même rencontre au Niger, au cours de laquelle nous allons étayer davantage nos échanges d’expériences. Je note que le Burkina est en avance sur le Niger, par rapport au transfert des compétences, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé. Chez nous, une loi a été adoptée dans ce sens, mais l’application n’est pas encore effective.’’ Rasmata Djiguemdé, maire de Samba : « Nous allons doucement mais sûrement »
‘’ C’est une belle initiative. Il faut ce genre d’échanges pour avancer. Je note à l’issue de cette rencontre que le processus de décentralisation, au Burkina comme au Niger, a démarré, avec le constat que le Niger est un peu plus en avance. Au Burkina, nous allons doucement, mais sûrement. Ernest N. Ouédraogo : maire de Bokin : « Nous espérons les rattraper un jour »
‘’Nous avons échangé sur nos problèmes. C’a été particulièrement passionnant et très intéressant. N’eût été le temps ou leur programme très limité, on serait resté à échanger toute la journée. Djibo Maimouna, maire de Walam : « Très édifiant » ‘’ Ce voyage d’études que nous avons mené en terre burkinabè a été très fructueux. En tout cas, nous avons appris beaucoup de choses. Le séjour nous a été très édifiant. Nous espérons à notre tour recevoir les élus du Burkina pour que nous puissions échanger davantage parce qu’il y a beaucoup de questions qui sont en suspens et nous aimerions quand même les développer pour que chacune des parties profite plus des expériences de l’une et de l’autre’’. Propos recueillis par GBB Lefaso.net |
Vos commentaires
1. Le 19 mars 2012 à 08:31 En réponse à : Burkina - Niger : Les jalons d’une coopération décentralisée Sud- Sud posés à Yako
Qu’ils apprennent vite et repartent chez eux. Vous savez comment ils traitent les non Nigeriens chez eux ?