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Burkina - Niger : Les jalons d’une coopération décentralisée Sud- Sud posés à Yako

Publié le vendredi 2 mars 2012 à 02h12min

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La Maison des Jeunes et de la Culture de Yako, dans la région du Nord du Burkina, a été le théâtre le mercredi dernier, d’une rencontre d’échanges entre les maires de la zone et leurs homologues du Niger. Au nombre d’une quarantaine, les élus locaux nigériens sont venus partager leurs expériences avec leurs collègues de la province du Passoré, notamment dans le domaine des services d’eau potable et d’assainissement. C’est sous la présidence du haut commissaire de ladite province, San Ablassé Soré, que se sont déroulés ces échanges inédits et prometteurs d’une coopération fructueuse entre les deux parties.

Pendant près de trois heures, les élus nigériens et du Passoré se sont entretenus sur leurs préoccupations, les uns voulant comprendre les réalités des autres et vice-versa. Les échanges ont été francs et sans tabou. Du niveau de décentralisation dans chaque pays (Burkina et Niger) aux relations avec les autorités de tutelle en passant par le fonctionnement des collectivités dans chaque Etat, ont fait entre autres objet d’âpres discussions ; sans oublier les difficultés que les uns et les autres rencontrent. Même le traitement ou la motivation des élus locaux ont été quelque fois abordés. Au Niger, un conseiller d’une commune rurale pendant une session de conseil municipal a droit à 5 000 F CFA par jour et une indemnité de déplacement de 5 000 F CFA. En ville, l’indemnité de session pour les membres du conseil municipal est fixée à 10 000 F CFA jour, sans compter les frais de déplacement.

En outre, quand un fonctionnaire est élu maire au Niger, il garde son salaire et perçoit plusieurs indemnités pour la fonction, la sujétion, et l’eau et l’électricité.

Pour ce qui est du fonctionnement des communes au Niger, notamment la désignation des conseillers municipaux, elle se fait après les élections. Pas question de listes de candidatures comme c’est le cas au Faso. La répartition des postes de conseillers au sein des formations politiques se font sur la base des résultats enregistrés par les aspirants. Si les électeurs de votre village ou zone ont plus voté que ceux de la zone d’un concurrent, c’est à vous que revient le siège du conseiller. De même au Niger, tous les villages n’ont pas automatiquement droit à deux ou trois sièges comme au Burkina.
Pour investir dans une commune au Niger, par exemple dans le domaine de l’eau potable et de l’assainissement, il faut forcément passer par la municipalité en question car cela permet, selon les élus nigériens, une appropriation des investissements au niveau local.

Au Faso, il faut pour l’instant passer par les structures étatiques. Mais, sur la question des transferts des compétences aux collectivités locales, en particulier dans les domaines de la santé et de l’éducation, les communes Burkinabè sont mieux loties que celles du Niger.
Avant de se retrouver avec les élus locaux du Passoré à Yako ce mercredi, les Nigériens étaient la veille respectivement dans la commune de Bagaré et de Lâ-Toden. A Bagaré, ils ont visité des réalisations d’eau potable et échangé avec les élus de la localité. A Lâ-Toden, ils ont visité un site maraîcher exploité en majorité par des femmes. Une visite qui a également été ponctuée par des échanges avec les élus de la commune, avec à leur tête le maire Yaya Djiguemdé.

Bref, que retenir de ce séjour très chargé des élus nigériens, eux qui se sont ensuite rendus après Yako, à Ougadougou pour visiter des réalisations d’eau potable à Toukin (zone non lotie de l’arrondissement de Nongr-Maassom) et poursuivre le lendemain leur périple à Zorgho en vue d’échanger également avec leurs homologues de la région ?

‘’Nous sommes parfaitement satisfaits. Il faut pérenniser ce genre de rencontre en ce sens qu’elle favorise non seulement les échanges d’expériences sur le plan technique en termes de gestion des communes, de gestion des services d’eau potable ; mais aussi permet aux communautés des deux pays de se connaître. Donc, le bilan, pour nous, est très positif’’, relève le chef de la délégation nigérienne, Ali B. Thiombiano, par ailleurs coordonnateur d’un programme eau, assainissement dans 12 communes du Niger. « Nous avons le même rôle à jouer au niveau de nos populations. Il faut des échanges d’idées, d’expériences pour que nous puissions ensemble relever le défi. Cette rencontre est vraiment la bienvenue », renchérira le maire de Bagaré, Helène Ouédraogo.

Et à Adrienne Ramdé, chargée de projets à Eau Vive Burkina, de noter :’’Globalement, nous sommes satisfaits de ces échanges qui ont été très riches et qui ont permis aux deux parties de mesurer l’état d’avancement de la décentralisation dans leurs localités et également, de se donner des conseils parce que les deux parties ne sont au même stade en matière de décentralisation.
Donc, nous ressortons de ces échanges très satisfaits. Nous ne regrettons pas d’avoir initié cette démarche de coopération Sud –Sud’.
En effet, la présente rencontre d’échange entre élus locaux du Passoré et du Niger s’inscrit dans le cadre de l’accompagnement de l’ONG Eau Vive aux communes du Burkina Faso et du Niger pour leur permettre de prendre en charge leur développement, notamment en matière d’accès aux services d’eau et d’assainissement. Après les communes de Bagaré et de Lâ-Toden où elle est active depuis 200, l’ONG française de solidarité internationale entend étendre bientôt son accompagnement à l’ensemble des communes de la province du Passoré.

Grégoire B. BAZIE

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Des élus s’expriment

Arimi Moustapha, Conseiller de Queskerou « C’est véritablement une école »

‘’Nous avons fait des visites de terrain. Nous avons eu des entretiens avec des élus locaux. C’est véritablement une école. Nous nous sommes échangés beaucoup d’informations. Nous pensons que dans peu de temps, nous allons demander à nos partenaires d’initier la même rencontre au Niger, au cours de laquelle nous allons étayer davantage nos échanges d’expériences. Je note que le Burkina est en avance sur le Niger, par rapport au transfert des compétences, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé. Chez nous, une loi a été adoptée dans ce sens, mais l’application n’est pas encore effective.’’

Rasmata Djiguemdé, maire de Samba : « Nous allons doucement mais sûrement »

‘’ C’est une belle initiative. Il faut ce genre d’échanges pour avancer. Je note à l’issue de cette rencontre que le processus de décentralisation, au Burkina comme au Niger, a démarré, avec le constat que le Niger est un peu plus en avance. Au Burkina, nous allons doucement, mais sûrement.
J’ai également suivi avec beaucoup intérêt l’exposé sur l’intercommunalité entre les cinq communes du canton de Kornaba.
J’ai beaucoup été émerveillée par le bilan de cette intercommunalité. J’ai vraiment trouvé formidable qu’une mutuelle de cinq communes puissent générer autant de revenus’’.

Ernest N. Ouédraogo : maire de Bokin : « Nous espérons les rattraper un jour »

‘’Nous avons échangé sur nos problèmes. C’a été particulièrement passionnant et très intéressant. N’eût été le temps ou leur programme très limité, on serait resté à échanger toute la journée.
Il y a quelques différences entre le mode de fonctionnement des communes du Niger et les nôtres. Quand il s’agit par exemple de la désignation des membres des conseils régionaux, ils sont élus au Niger. Ici, deux conseillers sont désignés dans chaque commune pour siéger au conseil régional. Les Nigériens sont en avance en matière de décentralisation parce qu’ils ont commencé avant. Nous espérons les rattraper un jour’’

Djibo Maimouna, maire de Walam : « Très édifiant »

‘’ Ce voyage d’études que nous avons mené en terre burkinabè a été très fructueux. En tout cas, nous avons appris beaucoup de choses. Le séjour nous a été très édifiant. Nous espérons à notre tour recevoir les élus du Burkina pour que nous puissions échanger davantage parce qu’il y a beaucoup de questions qui sont en suspens et nous aimerions quand même les développer pour que chacune des parties profite plus des expériences de l’une et de l’autre’’.

Propos recueillis par GBB

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