Accroissement de la production rizicole : Le « miracle » du riz pluvial strictQuatrième production du Burkina Faso, le riz constitue la première céréale d’importation du pays. Dans un contexte de flambée des prix des produits de première nécessité, au plan international et de difficultés à aménager les bas-fonds, les chercheurs dans le domaine agricole, semblent trouver une solution : le riz pluvial strict ou riz de plateau. Jadis produit sur des sols très humides ou submergés, il est désormais possible de cultiver du riz sur des terrains favorables aux autres céréales. Les producteurs s’émerveillent devant une spéculation miraculeuse. Longtemps accusé d’être très vorace en eau, des chercheurs ouest-africains ont réussi la prouesse de défier le riz et de l’amener à produire sur les mêmes terres consacrées aux autres céréales (maïs, sorgho, mil, etc.). Cette avancée agronomique accomplit dans la maîtrise de la production du riz pluvial, qualifié de strict sonne comme un véritable espoir pour l’assurance de la sécurité alimentaire au Burkina Faso. Son exploitation commence à s’insérer avec optimisme, dans la campagne agricole traditionnelle du pays. Des deux côtés de la route latéritique à l’entrée de la commune rurale de Kindi dans le Boulkiemdé, s’étendent à perte de vue, en ce début de mois d’août, des champs parsemés de riz au stade de levée. Un groupe d’hommes et de femmes s’y active, dans une bonne ambiance, à sarcler le champ communautaire. Il n’y a pas de plan d’eau et en plus, riz, maïs, mil et sorgho se disputent le même espace. Dans cette localité située à environ 80 km au Nord-Ouest de Ouagadougou, le Riz pluvial strict (RPS) convainc et séduit les agriculteurs sur son changement de comportement en s’adaptant aux sols arides. « L’année passée lorsque nous avons commencé à semer du riz sur cette espace habituellement réservée à la culture du mil, du maïs et du sorgho, nous étions la risée de certaines personnes du village. Et pourtant, nous avons récolté », témoigne, avec un brin revanchard, le président du groupement « Relwendé » de Kindi, Michel Nana. « Lorsque nous avons reçu les semences du riz pluvial strict la saison écoulée, il fallait chercher un site accessible et visible pour permettre à la population de suivre, pas à pas, son évolution. Tous les groupements de paysans ont ensuite, été invités régulièrement, à des visites commentées pour leur permettre de mesurer les avantages de cette variété », a indiqué le chef de la Zone d’appui technique (ZAT) de Kindi, Seydou Zidouemba. En outre, selon ce technicien supérieur d’agriculture, une « parcelle vitrine » de 0,25 ha où ont été appliqués tous les paquets technologiques a fini par convaincre les producteurs de Kindi qu’il était désormais, possible de produire du riz, dans presque toutes les surfaces cultivables de leur localité. Et le miracle agricole s’annonce plus plausible, en cette présente campagne agricole. En témoignent les 9,5 ha de terres emblavées avec une prévision de plus de 20 tonnes de riz à la récolte. « Les paysans de Kindi avaient laissé tomber depuis belle lurette, la culture du riz parce qu’ils ne récoltaient presque rien. Mais les choses vont changer », reconnaît Michel Nana, appuyée par la responsable des femmes du groupement, Thérèse Kaboré qui précise, en plus, que le RPS présente un bon goût à la cuisson. L’expérience engrangée l’année dernière par le groupement « Relwendé » dans la production de cette spéculation, suscite des émules sur toute l’étendue du territoire communal. Aussi, d’autres producteurs se sont appropriés les semences avec ces précurseurs. Pour cette saison, tout le village s’est lancé dans l’aventure, en semant 23 hectares de riz. « La commune rurale de Kindi n’est donc plus au stade de l’essai du riz pluvial strict », se réjouit le technicien Seydou Zidouemba. Rupture de la dépendance extérieure en riz L’agriculture occupant 80% de la population, le Burkina Faso entend accroître sa production rizicole et réduire sa facture d’importation de cette denrée, à travers la promotion accrue du RPS entreprise l’année dernière. Selon la Direction de la vulgarisation et de la recherche/développement (DVRD), la consommation individuelle de cette céréale est passée de 4,5 kg/habitant/an en 1960 à 18,1 kg en 2000 avec un pic, dans les grands centres urbains, soit 50 kg/habitant/an. Incapable de combler le gap manquant, le pays importe par an plus du tiers de sa consommation nationale avec des sorties annuelles en devises évaluées à plus de 40 milliards de FCFA. Selon le responsable du projet RPS, Jean de Dieu Nikiéma, l’autosuffisance en riz peut être atteinte à travers une vulgarisation de ces variétés. « Elles se produisent sur les hautes terres comme les autres céréales. Elles n’ont pas besoin de lame d’eau », précise-t-il. L’espoir est donc permis et les responsables de la DVRD sont passés à la vitesse supérieure, cette année. « Vu l’engouement, nous voulons aller à 10 000 ha pour une production attendue d’environ 20 000 tonnes. En plus, nous voulons augmenter les rendements et produire 2 000 tonnes de semences certifiées pour les campagnes à venir », a expliqué Jean de Dieu Nikiéma. Et les paysans ne se laissent pas conter. Ils accourent tous vers cette spéculation à merveille. Les régions du Centre, du Nord et du Sahel, considérées comme les terres les plus arides du pays que le projet avait écartées parce que jugées zones moins favorables à la production du riz, ont pourtant commencé leur expérimentation, cette campagne agricole. Selon la directrice régionale de l’Agriculture du Centre Yvette Tiendrébéogo, sa zone a reçu à cet effet, 2,35 tonnes de semences de RPS de types FKR45N et FKR43. Là aussi, la stratégie est la même pour convaincre les plus sceptiques. Le champ-école de 1000 m2 de Bazoulé, localité située à 35 km à l’Ouest de Ouagadougou, regroupe 25 producteurs. « La parcelle a été subdivisée en quatre parties. Deux sont exploitées par les paysans comme ils l’entendent et les autres font l’objet de pratiques technologiques, c’est-à-dire de fumure organique, de NPK et d’urée. En fin de saison, on comparera les résultats », a souligné le point focal du projet RPS de la région du Centre, Daouda Kaboré. En effet, en ce début d’août, les plants connaissent une bonne levée et la différence est déjà nette. Après deux mois seulement d’activités dans le champ-école, le vieux Harouna Kaboré a vite opéré son choix : « J’ai cultivé du riz de bas-fonds en Côte d’Ivoire. Mais, produire du riz sur une telle surface, c’est la première fois que je le fais. Mais, je suis déjà conquis ». Une large diffusion du RPS pourrait certes, contribuer à atteindre cette révolution verte. Mais sur le terrain, les producteurs souhaitent plus de soutien pour l’acquisition des intrants et des machines agricoles, afin d’augmenter les superficies. Avec bien sûr, la bénédiction de dame nature consentie par la générosité des vannes du ciel, étant donné que l’agriculture burkinabè reste toujours tributaire de la pluviométrie. Sié Simplice HIEN Sidwaya Vos réactions (6) |