Répression à Conakry : Les premiers cadavres de Dadis CamaraLes démocrates guinéens semblent les damnés de la sous-région ouest africaine. Le régime de Moussa Dadis Camara, précipitamment présenté comme un sauveur, vient de montrer son vrai visage à une opposition qui a voulu le défier sur le plan de la mobilisation : quatre-vingt-sept morts. Un autre pouvoir s’installe dans le sang à l’instar de ceux de Ahmed Sékou Touré et de Lansana Conté. Les larmes de la trahison et du désespoir coulent. Les Guinéens ne sont pas encore sortis de l’auberge. Quatre-vingt-sept morts, des dizaines de blessés, des leaders politiques arrêtés. Des tirs à bout portant, des viols … Conakry a encore basculé dans la terreur. La manifestation contre une éventuelle candidature du chef de la junte s’est heurtée à un piège savamment mis en place par les “bérets rouges”, la garde prétorienne de Dadis. La méthode ressemble fort bien à celle utilisée contre le Mahamat Gandhi et sa bande en Inde dans les années 1940 par l’armée coloniale britannique. L’homme fort de Conakry vient d’offrir un sinistre cadeau d’anniversaire d’indépendance à ses compatriotes : un bain de sang et son lot de morts. En sacrifiant quatre-vingt-sept d’entre eux, il s’inscrit dans la logique de la gestion du pouvoir d’Etat dans son pays. La répression de la première manifestation d’envergure de l’opposition, lundi 28 septembre dernier, sonne comme un signal fort du régime de Moussa Dadis Camara aux “ assoiffés ” de la démocratie. Entre belles paroles, démagogie et gesticulations, le capitaine a conquis de sitôt une bande de naïfs qui a pris fait et cause pour lui jusqu’à ce lundi noir. Sans le savoir, les Guinéens ont fabriqué un monstre qui ne pense aujourd’hui qu’à s’accaparer du pouvoir d’Etat par une astuce bien en vogue en Afrique : “Acheter les consciences et instrumentaliser des populations aux prises à la pauvreté et à la misère pour réclamer sa candidature et son maintien à la tête du pays”. Après le premier test de sa popularité à Labé, la deuxième ville du pays, le chef de la junte a sans doute perçu la réplique de l’opposition comme un affront surtout au moment où l’Union africaine et même la France commencent à donner de la voix pour dénoncer sa probable candidature à la présidentielle. “Hier, ce sont des assaillants postés aux frontières qui veulent envahir le pays. Aujourd’hui, ce sont des manifestants à l’intérieur qui ont dévalisé les armes des commissariats pour attaquer le régime en place”. Les lauriers d’une autre dictature Pendant que le Liberia, la Sierra Léone et la Guinée-Bissau voisins se sont inscrits dans la voie de la raison, les premiers martyrs guinéens tombés sous les velléités de leur troisième chef d’Etat riment bien avec les cinquante-et-une longues années abusées dans la quête du bien-être, du progrès et démontrent à plus d’un titre que les Guinéens ne se rassassieront pas aussi vite de leur soif de liberté et de démocratie. “Il n’y a pas une personnalité qui ne se révèle pas sous l’emprise du pouvoir”, avertissent les psychologues. Nombre de ses collaborateurs se sentent déjà humiliés et trahis seulement après neuf mois d’exercice du pouvoir. Devant le drame condamné des quatre coins du monde, l’homme fort de Conakry, pour tout regret, n’a exprimé qu’une "désolation" lapidaire clamant du coup son impuissance face à un système qu’il a lui-même créé en neuf mois. Le “Château d’eau d’Afrique” éprouve des difficultés réelles plus d’un demi-siècle après à satisfaire le désir de satiété et d’opulence de ses filles et fils. Dans sa logique d’errance, le Conseil national de la démocratie et le développement (CNDD) se convainc que pour tenir les rênes du pouvoir aussi longtemps en Afrique, il faut envoyer des rafales effrayant longtemps le peuple afin de mieux nourrir ses ambitions et asseoir un règne sans fin. Les larmes ne font que couler. Le régime cherche à s’imposer et ne lâchera pas du lest. Il sait que la communauté internationale manquera de l’unanimité tant attendue pour prendre des sanctions radicales à son encontre. Auréolés par le double jeu de certains dirigeants africains, ses membres jouent aujourd’hui leur destin en se frayant une voie, fut-elle ensanglantée, vers la conservation du pouvoir. La répression du 28 septembre vise à rendre aphones une opposition politique et une société civile s’illustrant singulièrement en Afrique par son dynamisme. Le double jeu envers le général Mohamed Ould Abdel Aziz qui a délibérément mis fin à un régime démocratique et parvenu à se faire enfin élire à la tête de l’Etat est une faiblesse aussi raisonnablement exploitable en Guinée. Les immenses richesses de ce pays sont encore loin de profiter aux populations. Jolivet Emmaüs (joliv_et@yahoo.fr) Sidwaya |
Vos commentaires
1. Le 30 septembre 2009 à 20:34, par Sebgo En réponse à : Répression à Conakry : Les premiers cadavres de Dadis Camara
Mes sinceres condoleances a toutes ces victimes, la tolerence et l’inpunite dont ont joui la pluparts des leadeurs africains ne pouvaient que reproduire des prototypes ailleurs dans d’autre pays.
2. Le 1er octobre 2009 à 10:05, par plus jamais ca En réponse à : Répression à Conakry : Les premiers cadavres de Dadis Camara
moi je dirais que dadis fait une honte pour tout militaire dans le monde ce qui est sur et certien qu’il reste au pouvoir ou pas un jour viendras un cortaige va l’accompagné dans son sou terrain meme hytler a ete plus fort que lui mais presentemennt il est ou l’armée continue son reigne dadis doit moirire
3. Le 1er octobre 2009 à 15:33, par WOBG-ZANDSANEM En réponse à : Répression à Conakry : Les premiers cadavres de Dadis Camara
DADIS ne fait pas la honte mais c’est toi qui n’est pas à mesure de comprendre les choses. pourquoi les opposants ont enfreint à la loi pour tenir leur rencontre le 28 septembre au stade du 28 ? c’est une analyse d’intellectuels mais des ecoeureux.