Burkina : Amnesty international dénonce des violations commises par des groupes armés et les forces gouvernementales en 2022LEFASO.NET
mercredi 29 mars 2023.« Des groupes armés et les forces armées gouvernementales ont commis de graves violations du droit international humanitaire. Le conflit armé a continué de saper les droits à l’alimentation, à l’eau, à la santé et à l’éducation. Des cas de détentions arbitraires et des violations du droit à la liberté d’expression ont été signalés ». C’est ce qui ressort du rapport 2022-2023 de Amnesty international sur les droits humains dans 156 pays dont le Burkina Faso. Ledit rapport a été présenté aux journalistes, ce mercredi 29 mars 2023 à Ouagadougou. Au rang des violations commises par les groupes armés, Amnesty International note le blocage de l’accès et l’approvisionnement commercial de plusieurs villes dans le Nord et l’Est du Burkina par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). « A Djibo, le GSIM a attaqué et détruit des biens à caractère civil, dont des infrastructures hydrauliques, ce qui a eu des répercussions pour plus de 300 000 habitants. En juin, des membres de l’État islamique au Sahel (EIGS) ont attaqué le village Seytenga, tuant au moins 80 personnes, civiles pour la plupart », indique Aziz Kabré d’Amnesty international. De sa présentation, il ressort qu’un convoi civil d’approvisionnement composé de 207 véhicules qui se dirigeait vers Djibo sous escorte militaire a été attaqué par des assaillants armés à Gaskindé. Quid des violations du droit international humanitaire commises, selon Amnesty International, par les forces gouvernementales ? Pour l’ONG, les forces françaises soutenant l’armée nationale ont tué quatre civils, en février, lors d’une frappe aérienne contre le groupe armé Ansarul Islam. « Aucune enquête visant à déterminer la légalité de cette attaque n’avait été ouverte à la fin de l’année », regrette Amnesty International. L’organisation note également qu’en août 2022, les autorités nationales ont reconnu leur responsabilité dans la mort de « plusieurs » civils lors de frappes aériennes contre des groupes armés sur l’axe Kompienga - Pognoa, près de la frontière avec le Togo. « 4,9 millions de personnes en insécurité alimentaire » Pour ce qui est du droit à l’alimentation, Amnesty international a relevé « une hausse des prix des biens de consommation qui a impacté la sécurité alimentaire dans le pays surtout dans les régions du Nord, du Sahel et de l’Est. Et selon les chiffres du Bureau des nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), 4,9 millions de personnes ont été confrontées à l’insécurité alimentaire entre le début de l’année et le mois de septembre. « 4 258 écoles fermées ou à l’arrêt en fin septembre 2022 » En ce qui concerne le droit à l’éducation, l’organisation rappelle les chiffres de l’UNICEF qui faisaient état de 4 258 écoles fermées ou à l’arrêt en fin septembre 2022. « Les autorités nationales, avec le soutien de l’UNICEF et d’autres organisations, ont mis au point des émissions de radio pédagogiques à destination des enfants déplacés par le conflit ou qui n’étaient pas scolarisés pour d’autres raisons. En septembre, l’UNICEF a annoncé que 292 861 enfants avaient eu accès à ces émissions », fait ressortir le rapport. Arrestation de Bala Sakandé et agression du journaliste Luc Pagbelguem Pour ce qui est des violations contre la liberté d’expression, Amnesty international a recensé l’arrestation et la détention en mars 2022 de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé. Libéré par la gendarmerie, il avait publié un communiqué de presse dans lequel il appelait à mettre fin à la détention illégale du président destitué, Roch Kaboré. Environ deux mois plus tard, soit le 19 mai, le journaliste de la télévision BF1, Luc Pagbelguem, était agressé par des éléments de la sécurité du Premier ministre d’alors, Albert Ouédraogo, alors qu’il couvrait un événement. Cet épisode qui a fait réagir les organisations professionnelles des médias a également retenu l’attention d’Amnesty international. Recommandations Dans son rapport, Amnesty international a formulé des recommandations sur le plan régional. L’organisation exhorte entre autres les États africains à redoubler d’efforts dans la lutte contre l’impunité à travers des enquêtes « approfondies, indépendantes, impartiales, efficaces et transparentes » sur les crimes de droit international et en traduisant en justice les auteurs présumés dans le cadre de procès équitables devant des tribunaux civils. Selon Yves Boukari Traoré, directeur exécutif d’Amnesty international Burkina Faso, les Etats doivent prendre des « mesures immédiates » pour garantir les droits à l’alimentation, à la santé et au logement, et mettre fin au harcèlement et aux actes d’intimidation qui visent les défenseurs des droits humains, les journalistes et les militants. Ils doivent également prendre des mesures pour que les personnes réfugiées, migrantes ou déplacées soient protégées et aient accès sans restriction à l’aide humanitaire, notamment à la nourriture, à l’eau et à un abri. « Rien n’a avancé sur le plan mondial. Les grandes puissances ne se préoccupent pas véritablement des droits humains. Par exemple, les pays occidentaux ont accumulé des stocks de vaccins en 2021 et 2022 alors que les pays pauvres en avaient besoin. La même attitude a été observée quand il y a eu la guerre en Ukraine », regrette Yves Boukari Traoré d’Amnesty international Burkina Faso. L’organisation recommande que les pays à faibles revenus bénéficient « davantage d’équité et d’inclusion grâce à la réforme mondiale de l’imposition soutenue par les nations unies, qui permettra de fournir des ressources supplémentaires essentielles à cet effet ». Cliquez ici pour lire le rapport HFB Lire aussi : « Les groupes armés sont nos ennemis à tous », rappelle Yves Boukari Traoré d’Amnesty international Burkina Faso Vos réactions (4) |