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Tibiafouba Madiega : « Je suis journaliste culturel, je ne suis pas un créateur de contenus »

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mercredi 29 mai 2024.

 

Surnommé le Train à grande vitesse de l’information (TGV) en raison de ses nombreux voyages, Tibiafouba Madiega est l’un des journalistes culturels les plus connus du Burkina Faso. Il a aussi construit sa notoriété grâce à sa présence sur le réseau social Facebook. Nous l’avons reçu au sein de la rédaction de Lefaso.net où nous avons parlé de l’usage qu’il fait des réseaux sociaux et de son regard sur la culture et le showbiz burkinabè.

Lefaso.net : Comment avez-vous commencé le journalisme ? Était-ce votre plan de carrière ?

Tibiafouba Madiega : J’ai commencé le journalisme depuis le lycée Philippe Zinda Kaboré. Nous avions en son temps un journal qui s’appelait ‘‘Zindatimes’’. C’est un de nos devanciers qui avait mis ce journal sur pied et après son départ, je suis venu le réveiller. C’était un journal papier imprimé aux éditions Sidwaya à douze pages et on le vendait à 100 francs CFA l’unité. Avant ça, j’étais aussi animateur radio à Ouaga FM. J’ai parcouru beaucoup de chaînes jusqu’à ce que ça devienne une passion pour moi depuis mes années de lycée.

Parlez-nous de la création de votre magazine Africa Stars et est-il actuellement fonctionnel ?

Le magazine Africa Stars a vu le jour depuis le 1er mars 2012. Je voulais apporter une contribution à la promotion de la culture burkinabè ici et ailleurs parce que je ne m’intéresse pas trop aux questions politiques. Chacun se perfectionne dans un domaine bien précis de son choix ou de sa passion. Par exemple, à la RTB il y a ceux qui sont à la santé et ici à Lefaso.net il y a ceux qui se perfectionnent sur l’économie, la diplomatie et ainsi de suite. J’ai trouvé que le domaine de la culture est assez bien pour moi, donc je suis allé vers cette direction.

Aujourd’hui, j’ai arrêté le journal en version papier. Vous êtes d’accord avec moi qu’aujourd’hui le monde a changé. Nous avons basculé vers le digital et en cela il faut féliciter le fondateur de Lefaso.net qui est le doyen des médias en ligne au Burkina Faso. Le fondateur a été visionnaire, il a compris qu’avec le temps la version papier n’aura plus assez d’impact. Ça ne sert à rien d’aller payer l’impression à 400 000 francs CFA et payer la distribution alors qu’aujourd’hui, tout le monde est sur le téléphone.

Au regard de votre présence sur les réseaux sociaux, vous définissez-vous actuellement comme un créateur de contenu ou comme un journaliste culturel ?

Je suis journaliste culturel, je ne suis pas un créateur de contenus et la preuve, je continue de faire le tour du monde à travers le service de reportages. Donc je ne suis pas un créateur de contenus. Oui je suis très présent sur les réseaux sociaux, mais je ne crée pas des contenus. J’anime souvent pour amuser la galerie mais ce n’est pas ça forcément ce que je fais.

Quelle est l’utilité des réseaux sociaux pour vous ?

De nos jours, les gens utilisent très mal les réseaux sociaux alors que l’on peut devenir milliardaire en utilisant très bien les réseaux sociaux. On peut avoir sa petite boutique et avec la publicité, facilement on peut avoir beaucoup de clients et se retrouver milliardaire. Malheureusement, au Burkina Faso beaucoup utilisent les réseaux sociaux pour dénigrer ou pour insulter. Je pense que ça ne devrait pas être notre objectif premier. Aujourd’hui, si je fais le tour du monde, c’est en grande partie grâce à la bonne utilisation que je fais des réseaux sociaux.

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Beaucoup de gens ne savent pas que les réseaux sociaux sont une banque de données à caractère personnel et qu’on arrive à identifier quelqu’un à travers ce qu’il publie sur la toile. Lorsque je passe sur le profil de quelqu’un et que je lis ses publications et ses commentaires, j’ai déjà une idée de sa personnalité. Au Burkina Faso, on utilise très mal des réseaux sociaux et pourtant on pouvait les utiliser pour s’enrichir.

Comment faites-vous pour participer parfois à des événements culturels à l’international où beaucoup de journalistes culturels ne sont pas invités ?

Je pense que tous les journalistes culturels ont accès à tous les évènements mais seulement nous sommes au Burkina Faso là où souvent, il y a un peu trop d’hypocrites. J’ai peut-être eu des opportunités qui m’ont permis de beaucoup voyager dans plusieurs endroits. Mais au Burkina Faso, peu de gens viennent vers moi pour demander comment Madiega fait pour aller aux États-unis, au Canada ou dans certains pays européens. Ce n’est pas à moi d’aller tirer les gens pour leur dire de me suivre. Sinon, il n’y a pas de secret. Seul le travail paye tôt ou tard pour ceux qui travaillent bien. Je pense aussi qu’il faut quand même être ambitieux mais il est vrai que nous n’avons pas le même objectif aussi.

Quelle est votre appréciation de la culture et du showbiz burkinabè ?

Si on regarde 20 ans en arrière et on regarde maintenant, on sent quand même une nette amélioration et que le showbiz bouge. Nous avons beaucoup de gens qui sont bien formés et ce n’est plus la même chose. Je suis content de voir des artistes qui remplissent le Palais des sports, qui remplissent le stade municipal et ça prouve qu’il y a vraiment de l’évolution. Je vois des artistes qui partent prester au Canada, aux États-unis, en Europe et ce n’était pas le cas avant donc je pense que le showbiz quand même se porte bien. Même si avec la question sécuritaire beaucoup d’artistes n’arrivent plus à aller dans les provinces, je pense que d’ici là cette question sera réglée s’il plaît à Dieu et chacun va pouvoir s’épanouir dans son activité.

Avez-vous quelque chose à ajouter ?

Je remercie Lefaso.net pour cette tribune qui m’est offerte pour parler de moi. Je crois que Lefaso.net nous a montré la voie à suivre depuis des décennies à travers le digital et aujourd’hui, même les chaînes de télévision sont sur le digital. Nous n’avons plus besoin de prendre forcément une télécommande pour regarder la télévision et le monde est en plein mouvement. Je souhaite beaucoup de courage aux acteurs culturels. Ce n’est pas évident en ce moment car beaucoup se battent et veulent des spectacles. Les artistes veulent sortir mais la situation sécuritaire les empêche. Il y avait la covid qui avait empêché les gens de travailler mais aujourd’hui on en parle plus. Donc tôt ou tard chacun va pouvoir vivre de son art. Je vous remercie.

Farida Thiombiano
Lefaso.net



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