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Réfection du Boulevard circulaire : Le Burkina risque de perdre le don de 22 milliards du Japon

vendredi 8 juillet 2016.

 

Le Réseau des organisations de la société civile pour le développement (RESOCIDE) et l’association Cercle d’éveil (CEDEV) ont animé une conférence de presse dans l’après-midi du 07 juillet 2016. Objectif : interpeller le chef de l’Etat sur le mauvais choix opéré par le gouvernement sur la réfection du boulevard des Tensoba communément appelé boulevard circulaire. Mais aussi et surtout lui demander d’agir pour rattraper ce qui peut encore l’être.

Courant 2015, le gouvernement japonais a fait un don au Burkina d’un montant de 22 milliards de francs CFA, destiné à la réfection du tronçon de 6,5 km du boulevard des Tensoba, connu sous le nom de Boulevard circulaire situé entre l’échangeur de l’Est et celui de Ouaga 2000. Les études topographiques, géographiques, de déplacement des réseaux (ONATEL, ONEA, SONABEL…), d’impact social et environnemental ont même été réalisées. Ces études de faisabilité ont été financées à hauteur de 500 millions de francs CFA et sont actuellement au stade de validation.

Estimant la procédure de financement japonaise assez longue, le gouvernement a décidé de contracter un prêt auprès de la Banque ouest-africaine de développement pour réfectionner le même boulevard et ainsi parer au plus pressé. Et, le ministère des infrastructures a demandé à la partie japonaise de réaffecter le financement dudit projet pour l’aménagement d’autres tronçons. Le RESOCIDE et le Cercle d’éveil dénoncent cette décision et interpelle le président Kaboré pour qu’il agisse vite pour éviter à notre pays de perdre le don japonais.

« La décision est encore rattrapable »

« La décision est encore rattrapable, ce qui nous amène à interpeller le président du Faso afin qu’il l’arrête purement et simplement dans l’intérêt supérieur du peuple burkinabè qu’il a juré de servir loyalement. En ce qui concerne le projet initial dont la réalisation était assurée gratuitement par le gouvernement japonais, le gouvernement burkinabè a engagé une procédure de prêt de 20 milliards de francs CFA auprès de la BOAD. L’accord de prêt a été signé le 24 juin 2016 à Lomé entre le gouvernement et la BOAD portant sur un aménagement partiel et non total du boulevard », soutient Siaka Coulibaly, le secrétaire général du RESOCIDE.

Avant de poursuivre en ces termes : « Il est évident que la requête gouvernementale de réaffectation du don vers d’autres projets par ailleurs jugée inopportune par la partie japonaise sera sans doute annulée, car selon les procédures portant sur les dons au Japon, cette somme objet d’un accord gouvernemental ne peut plus être réaffectée à d’autres projets. En clair, si le gouvernement burkinabè introduit une demande de réaffectation du don pour la réalisation d’autres projets, le gouvernement japonais n’aura d’autre choix que d’annuler le don de 22 milliards ».

Quelles conséquences dans les relations Burkina-Japon ?

Aussi, les deux OSC organisatrices de la conférence de presse de presse se posent plusieurs autres questions, dont entre autres : Quel est l’intérêt d’un pays comme le Burkina, déjà fortement endetté et pauvre, de refuser un don pour s’endetter ? Le gouvernement a-t-il évalué les implications en matière de coopération future entre le Japon et le Burkina Faso ? Les pertes en termes d’opportunités de financement du développement de la part du Japon ont-elles été suffisamment calculées avant la prise de la décision du ministère des infrastructures ?

Pire, elles estiment que la question de l’urgence ne peut être résolue par le prêt BOAD. Car, soutiennent-elles, au regard aux procédures en matière de financement au niveau des institutions financières, les fonds ne peuvent être débloqués avant fin 2016.

Mais, le prêt étant déjà un acquis, Siaka Coulibaly, Evariste Faustin Konsimbo et leurs camarades suggèrent à l’exécutif burkinabè de négocier plutôt la réorientation du prêt BOAD pour la réfection des autres tronçons pour lesquels le gouvernement veut affecter le don japonais.

« La lettre d’annulation est déjà prête »

Nous appelons le Chef de l’Etat à instruire instamment son gouvernement, en particulier le premier ministre, le ministre de l’économie, des finances et du développement et celui des infrastructures, d’arrêter immédiatement la procédure en cours de prêt BOAD pour la réalisation d’un projet dont le financement est acquis par don, donc gratuitement offert, et de reprendre les négociations avec le gouvernement japonais avant que celui-ci ne décide d’annuler le don octroyé au peuple burkinabè. Au demeurant, si la procédure de prêt doit continuer, il convient de la réorienter vers la réhabilitation des autres tronçons ci-évoqués

Car, « si la lettre du gouvernement arrive demandant la réaffectation, la lettre d’annulation est déjà prête. C’est pour ça on a été obligé d’attirer l’attention si c’est possible de rattraper pour ne pas perdre les 22 milliards », confie Siaka Coulibaly.

Mais, ont-ils contacté le ministère des infrastructures pour lui faire ces suggestions ? « Nous préférons passer par voie de presse pour toucher le gouvernement, d’une part pour l’urgence et d’autre part pour ne pas s’embourber dans des procédures. Nous n’avons pas autant de temps pour nous intéresser seulement à ce dossier », lancent les organisateurs de la conférence de presse.

Moussa Diallo
Lefaso.net

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