Basile L. Guissou, Ancien ministre burkinabè des Relations extérieures : « Il n’y a nulle part au monde une structure comparable à l’OUA »Ancien ministre burkinabè des Relations extérieures et de la Coopération pendant deux ans (1984-1986) sous la période révolutionnaire, directeur de recherches en sociologie politique au Centre national de recherches scientifiques et technologiques (CNRST), Basile Laetare Guissou fait incontestablement partie des témoins et connaisseurs de l’histoire politique du Burkina Faso et de l’Afrique. Rencontré ce 20 mai 2013 au lancement à Ouaga 2000 des activités de commémoration des 50 ans de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) devenue Union africaine (UA), le délégué général du CNRST a bien voulu répondre aux quelques questions que nous lui avons posées sur l’OUA. Lefaso.net : Que vous inspire la présente célébration des 50 ans de l’Organisation de l’unité africaine ? Basile L. Guissou : Il faut saluer le fait que notre ministère des Affaires étrangères et de la Coopération ait initié cette commémoration des 50 ans de l’Organisation de l’unité africaine. Parce qu’à l’évidence, l’Afrique vient de loin. Je disais tantôt qu’en 1945, à la sortie de la seconde guerre mondiale, quand on créait l’Organisation des Nations-Unies, il n’y avait que deux pays africains présents : l’Ethiopie et le Libéria. Tout le reste de l’Afrique n’existait, appartenait à l’extérieur. C’était des propriétés des pays européens colonisateurs. Mais, en 1960 il y avait déjà 32 pays africains indépendants qui se sont réunis à Addis pour créer l’Organisation de l’unité africaine. Et aujourd’hui, nous sommes en présence d’au moins 54 Etats qui commémorent les 50 ans de la création de cette organisation continentale qui est unique en son genre. On ne le dit pas assez, il n’y a nulle part au monde une structure comparable l’OUA. Parce que c’est d’abord une structure politique, ailleurs, c’est des unions économiques. C’est la seule structure qui réunit des Etats d’un même continent à cette échelle et avec des objectifs purement politiques. L’OUA a été créée pour garantir l’intégration africaine et surtout la libération du colonialisme et de l’apartheid. Ces objectifs ont été largement atteints. Maintenant, il reste à intégrer l’Afrique, à construire une économie qui tienne la route, à résister aux chocs externes qui déstabilisent de nombreux pays africains. Qu’est-ce qui a changé pour l’Afrique entre l’époque que vous étiez ministre des Relations extérieures et de la Coopération et maintenant ? A l’époque, le poids de l’Afrique dans les affaires du monde étaient nettement inférieur à ce qu’il est aujourd’hui. A tous les points de vue, le poids du continent dans les affaires du monde a augmenté de 1984 à aujourd’hui. Le Premier ministre Tiao vient de relever l’action du Président du Faso en matière de paix sur le continent. Qu’en dites-vous ? C’est quand même l’actualité brûlante. Prenez le Mali, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Togo, et même le Niger, dans presque tous les pays voisins, le Burkina s’est investi en criant haut et fort, « si le toit du voisin brûle, prépare toi », parce que si tu ne l’aides pas à éteindre le feu, ça va prendre chez toi. Nous ne le faisons pour les autres, nous le faisons d’abord pour nous-même en nous impliquant dans le recherche des solutions aux crises. Mais, au Mali le Burkina après avoir prôné le dialogue, a fini par entrer en guerre en y envoyant ses troupes…. Ecoutez, les deux vont ensemble. Moi je suis un dialecticien-là. Ce n’est pas unilatéral. C’était le dialogue ou la guerre. Dans tous les cas, qu’on commence par l’un ou l’autre, il est préférable de résoudre les différends par la discussion et le dialogue. C’est ce que les esprits raisonnables souhaitent. Mais, malheureusement, tout le monde n’est pas raisonnable. Quand les autres vous tirent dessus, vous êtes obligés de dégainer aussi si vous voulez faire entendre. Quels sont, selon vous, les défis à venir de l’Union africaine ? Pour moi, c’est très simple. Je crois que l’Afrique, comme le dit Joseph Ki-Zerbo, doit refuser de rester un ustensile aux services des autres, pour créer son propre agenda. C’est tout. Il faut qu’on cesse de dépendre des autres. Pour ne pas dépendre des autres, il faut être uni. Je crois fermement que le cercle à venir sera le siècle de l’Afrique. Parce que le processus d’intégration, qu’on veuille ou pas, est en marche. Et plus on va échouer, mieux on va se comporter et plus vite l’intégration va se faire. C’est une évidence, aucun pays africain ne peut s’en tirer seul, qu’il soit classé premier ou cinquante quatrième. Mais, quel est le rôle des chercheurs que vous êtes dans la dynamique de construction de cette Afrique de demain ? Les chercheurs ont beaucoup fait. Si je vous cite les travaux de Joseph Ki-Zerbo, Cheick Anta Diop, Théophile M’Benga, Kwamé N’Krumah, etc., vous verrez qu’ils jouent un grand rôle. Les productions de cette élite intellectuelle qui écrit, fait des recherches et des publications pour indiquer toujours mieux pourquoi l’Afrique peut et doit aller à l’unité. C’est un long chemin qui a été parcouru. Et la structuration actuelle de l’Union africaine à partir des régions me semble une formule qui marche. Par exemple pour la crise au Mali, c’est la CEDEAO qui est en première ligne. Pour la Centrafrique, c’est l’équivalent de la CEDEAO, la CEMAC qui est aussi en première ligne. Entretien réalisé par Grégoire B. BAZIE Lefaso.net |
Vos commentaires
1. Le 23 mai 2013 à 21:25, par chineur En réponse à : Basile L. Guissou, Ancien ministre burkinabè des Relations extérieures : « Il n’y a nulle part au monde une structure comparable l’OUA »
Ce machin de l’UA n’est qu’un club de chefs d’état et de gouvernement. Son action n’est pas du tout bénéfique pour l’africain à la base. Il est temps qu’on dépasse ce merdier pour aller à une fédération qui va prendre en compte les aspirations réelles des peuples africains. l’union africaine est dirigée depuis l’extérieur et elle a à sa tête des charlots à la solde des occidentaux.
2. Le 23 mai 2013 à 23:20 En réponse à : Basile L. Guissou, Ancien ministre burkinabè des Relations extérieures : « Il n’y a nulle part au monde une structure comparable l’OUA »
Il n’ y a pas une structure comparable comme l’ UA mais qu’est-ce que l’UA a fait de facon concrete ? Prrrrrr !!!!
3. Le 23 mai 2013 à 23:21 En réponse à : Basile L. Guissou, Ancien ministre burkinabè des Relations extérieures : « Il n’y a nulle part au monde une structure comparable l’OUA »
Ca aurait ete mieux qu’ il y ait qiuelque chose de comparable sinon ca ressemble a un monstre.
4. Le 24 mai 2013 à 00:16 En réponse à : Basile L. Guissou, Ancien ministre burkinabè des Relations extérieures : « Il n’y a nulle part au monde une structure comparable l’OUA »
Monsieur Basile est un on dialecticien, mais pendant cinquante ans l’Afrique palabre pour l’union. Pense-t-il qu’un jour le Mali, le BF, le Niger, en ne prenant que ces trois pays font federer ? Ainsi on aura un President au lieu de trois, un Ambassadeur a l’Onu au lieu de 3, un Ambassadeur a l’UE aulieu de 3, etc. Le probleme de l’Afrique, ce sont les dirigeants qui savent que s’ils unissent l’Afrique, certains vont aller au chomage. Voila le probleme de l’union pour l’Afrique. Si il n’y a pas de rupture, les chercheurs pourront encore ecrire, "nous devons nous unir" (Nkrumah) pendant encore 50 ans, rien ne se fera,
Le 24 mai 2013 à 10:47, par CI En réponse à : Basile L. Guissou, Ancien ministre burkinabè des Relations extérieures : « Il n’y a nulle part au monde une structure comparable l’OUA »
l’UA est un machin totalement inutile tous simplement parce que comme le disait un membre eminent du syndiact des présidents fondateurs"je prefère être la tête d’une souris que la queu d’un elephant"
Le 24 mai 2013 à 15:46 En réponse à : Basile L. Guissou, Ancien ministre burkinabè des Relations extérieures : « Il n’y a nulle part au monde une structure comparable l’OUA »
J’ ai beaucoup de respect pour cet homme charismatique. Il m’a trouve du boulot au CNRs et je ne cesserai jamais de le remercier., Il est mon Dieu et je ne tolere opas qu’ on essai de gater son nom. Sankara est mort, est-ce qu’ il fallait refusr de vivre aussi ? et si on vit on doit mettre la main a la patte. Il est celui qui a supporte Sankara jusqu’a la derniere minute apres les Valere -la ont trahi fuir nuitamment sans lui dire. Est-ce que lui il allait s’asseoir et les Gaspards -la allait venir le cueillir encore mettre l’electricite sur son dos et le fouetter matin midi soi. Moi je l’ ai vu en mars 1988 quand il venait d’etre libere. Il etait sec comme un sideen a causse des tortures. Donc il n’esst pas bete. Si tu peux pas luuter contre ton voleur, faut l’ aider a transporter tes biens. Valere a voulu faire le malin, ujourd’ hui entre eux d’eux, qui est mieux> Faut pas on va se flatter. La vie continue et Guissou a le sens de l’ histoire.
5. Le 24 mai 2013 à 03:01, par un passant En réponse à : Basile L. Guissou, Ancien ministre burkinabè des Relations extérieures : « Il n’y a nulle part au monde une structure comparable l’OUA »
La CDEAO n’est pas en premiere ligne au Mali. La France et le Tchad sont montes en premiere ligne pendant que la CDEAO allait de reunion en reunion...
6. Le 24 mai 2013 à 10:33, par kamani En réponse à : Basile L. Guissou, Ancien ministre burkinabè des Relations extérieures : « Il n’y a nulle part au monde une structure comparable à l’OUA »
Oui bien sur comme il n’ya nulle part au monde ou on modifie les constitutions, pille les pays entre memes familles et copains, detourne etc. nest-ce pas Mr le defenseur tetu du pouvoir, mebre du bureau politique du CDP ?
Le 24 mai 2013 à 11:32 En réponse à : Basile L. Guissou, Ancien ministre burkinabè des Relations extérieures : « Il n’y a nulle part au monde une structure comparable à l’OUA »
Non, monsieur Guissou, l’équivalent de la CEDEAO en Afrique centrale n’est pas la CEMAC, mais la CEEAC, la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale, qui regroupe en plus des pays de la CEMAC, c’est à dire ceux qui ont comme monnaie le F CFA, la RDC, Sao Tomé, le Burundi, l’Angola.
L’équivalent de la CEMAC en Afrique de l’ouest est l’UEMOA.
Si un chercheur comme vous ne sait pas ça, c’est désespérant !
Le 24 mai 2013 à 14:47, par cota En réponse à : Basile L. Guissou, Ancien ministre burkinabè des Relations extérieures : « Il n’y a nulle part au monde une structure comparable à l’OUA »
Je suis doublement déçu d’apprendre de sources sûres que les cotas des pays africains ne couvrent pas un dixième du budget de l’UA. C’est l’Union européenne et autres qui nous financent. Pas de vraie union, de développement dans cette dépendance financière. De l’une chose l’autre : soit les pays sont de mauvaise foi et ne paient pas leurs cota, soit la machine UA est tellement grosse que le total des cotas est inférieur au budget de la machine. Quelque chose doit être fait si nous plaçons notre espoir à cet organisme.
Alors qui peut m’éclairer : est ce que les Etats (la plupart bien sûr) sont à jour de leur cota ? Est ce que les pays africains comme l’Afrique du Sud, la Lybie qui paient plus que les autres n’ont pas une prééminence ce qui fausserait le principe de l’égalité des Etats.
7. Le 24 mai 2013 à 11:45 En réponse à : Basile L. Guissou, Ancien ministre burkinabè des Relations extérieures : « Il n’y a nulle part au monde une structure comparable à l’OUA »
Union Africaine ! qu’est ce que c’est ?je me demande ! je pense et crois fermement que l’égoisme et l’égocentrisme de l’Homme noir ne lui permettront jamais de parvenir à l’union tant souhaitée.Chaque président veut etre chez lui le chef de ses pauvres au lieu d’etre citoyen éclairé parmi les citoyens unis pour le meme combat : celui du bien-etre général