Noël chez les animauxAujourd’hui, c’est Noël. Date anniversaire, pour ainsi dire, de la naissance de Jesus-Christ, né il y a 2011 ans. Notre journal a coutume de faire une édition spéciale à l’occasion en proposant à ses lecteurs des articles dans l’air de cette fête. Cette année, votre quotidien vous invite à vivre l’événement à travers un conte intitulé “Noël chez les animaux” : en fait, il s’agit d’une homélie de l’abbé François-Xavier Damiba qu’il a prononcée en 2003 et que nous avons tirée de son livre “Voyez comme Dieu est bon !” Lisez plutôt. Le Lion, le premier s’avança et dit : L’assemblée garda le silence et La Girafe dit : Le Poisson, qui n’était pas de son avis, contesta : Beaucoup de camarades faillirent se laisser convaincre par les propos du nageur, mais la Gueule-tapée releva une difficulté exégétique2 : « Le Christ doit pouvoir dire sur la croix : ‘J’ai soif !’ Or Le Poisson a toujours la bouche pleine d’eau » (cf. Jn 19, 28) ... on lui refusa alors la paternité de l’Enfant et l’on passa la parole à L’Escargot qui dit :
Ce n’est pas du vin que Yahvé leur envoie, mais un Fils, car c’est un Fils qu’il leur faut. Ils vivaient dans l’esclavage et la peur. Dieu ne leur dépêche pas des guerriers, mais un bébé, car c’est un bébé qu’il leur faut, un sauveur. La lampe repousse les ténèbres, mais ne les supprime pas. Le vin amuse le cœur, mais ne le guérit pas. Le guerrier apporte la trêve, mais il n’apporte pas la paix. « Aujourd’hui vous est né un sauveur », nous dit l’Ecriture. Le métier de ce nouveau-né, c’est de sauver, c’est-à-dire de repêcher ceux qui vont à la mort pour les ramener à la vie. Le Seigneur seul sait ce qui est bon pour l’homme. Quand je parle des hommes, j’embrasse les animaux, bien sûr ! Il faut donc apprendre à accueillir le don de Dieu comme il vient. Tu espérais beaucoup d’enfants dans ton foyer et tu n’en as même pas un seul, accueille le don de Dieu et dis merci. C’est ce qu’il te faut, selon le dessein mystérieux de Dieu ! Tu rêvais d’un mari doux et te voilà embarquée à jamais avec un buveur de « lait de panthère »3. Accueille le don de Dieu et dis merci. C’est ce qu’il te faut, selon les voies insondables de Dieu. Ainsi, moi, L’Escargot, Dieu m’a doté en tout et pour tout d’une coquille et je m’en contente. Vous voyez que Jésus doit être mon fils ! Et quand on dira : « Et le Verbe s’est fait chair », personne n’aura du mal à comprendre, puisqu’il sera mollusque de la tête aux pieds ! Tu as raison, renchérit La Souris. Dieu seul sait ce qu’il faut à chacun. A Adam et Eve, il savait qu’il fallait tout, sauf des pommes. Et ces malheureux ont eu tort de tenir coûte que coûte à manger de ces fruits. Au lieu de manger les pommes, ils auraient dû manger le serpent qui, lui, n’était pas interdit. Ils l’ont compris, mais un peu tard (cf. Gn 2, 16-I7). Mon frère L’Escargot a dit quelque chose d’important. Et comme sa calvitie lui donnait plutôt l’air d’un mahométan, beaucoup pensèrent que si Jésus était de sa famille, celui-ci refuserait de changer l’eau en vin quand il se rendrait aux noces de Cana (cf. Jn 2, 1-11). Le Ver de terre prit alors la parole et dit : L’homme d’aujourd’hui a de la place pour accueillir Dieu : des moquées, des églises, des temples, mais il n’a point de temps. Alors, Noël murmure aux oreilles de tous les contemporains : « Bonnes gens, apprenez à prévoir une petite place pour Dieu dans votre temps » ! De grâce, laissez Jésus naître chez moi ! Et chacun dira en l’écoutant : « D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ? N’est-il pas le fils du Ver ? Ses frères ne s’appellent-ils pas Vermisseaux et ses sœurs Vermicelles ? D’où lui vient donc tout cela ? » (cf. Mt 13, 54-56). Le Ver voulait de nouveau argumenter quand Sire Hyène leva la main et gronda : N’est-ce pas évident ? Et c’est aux affamés, aux pauvres, aux bergers que cela est annoncé en premier : « Ne craignez pas ... Allez dans la ville de David ... vous trouverez un cadeau enveloppé et posé dans une assiette pour animaux. Mangez ! » (cf. Lc 2, 10-12) Ah oui, manger ! C’est cela Noël : « Je mange, je remange, je bismange, je trimange ». Du présent ! Le présent de l’indicatif, c’est mon temps préféré, du reste ! Je ne suis pas comme Le Charognard qui aime le passé décomposé ! Chacun trouva que l’objection était d’un poids christologique incontournable et l’on donna la parole à sa Majesté Le Cochon, qui commençait à trépigner d’impatience. Il lança sans hésiter :
L’assemblée ne répondit rien, mais visiblement, personne ne voulait d’un Dieu Cochon. L’écureuil, qui n’a pas froid au yeux, osa le dire, après s’être assuré qu’il se trouvait à bonne distance de l’omnivore : « Je n’ai rien contre personne, mais je pense qu’il serait sage que nous évitions d’avoir un Dieu Cochon. Il ne pensera qu’à son ventre et ne multipliera le pain que pour sa famille ! » (cf. Mt 14, 13-21). Je connais quelqu’un qui dit mieux, répondit L’Ane : le Diable ! C’est un gars charitable à ses jours : Il accepte bien les candidats de Dieu en enfer, mais je n’ai jamais entendu le contraire. Ce n’est quand même pas rien, ça ! J’ai un autre exemple : mon patron. L’autre jour, il surprend sa femme en train de faire des choses pas bien avec un commerçant sur le divan du salon. Quand son meilleur ami apprend le scandale, il conseille à mon patron de bien réfléchir et de prendre la bonne décision. Le lendemain, l’ami lui demande : « Alors, Nicolas, qu’as-tu décidé ? » Et il répond : « J’ai vendu le divan » ! Tu vois comme mon patron aime sa femme ! N’est-ce pas un champion du « Je t’aime » ? Tu n’as rien compris à la mystique de l’incarnation, reprit Le Bouc, mais je vais te prouver que Dieu seul est le champion de l’amour. Ecoute d’abord cette histoire : un imam, un pasteur et un curé se rencontrent et échangent pour savoir ce que chacun fait des quêtes obtenues à la mosquée, au temple et à l’église. « Moi, dit l’imam, je trace une ligne par terre. Je me place sur la ligne. Je jette l’argent en l’air. Ce qui tombe du côté droit, c’est pour Allah, ce qui tombe du côté gauche, c’est pour moi. C’est bien, mais moi, dit le pasteur, c’est différent. Je pose une calebasse et je jette l’argent en l’air. Ce qui tombe dans la calebasse, c’est pour Dieu, ce qui tombe en dehors, c’est pour moi. C’est bien, mais moi, dit le curé, je fais encore différemment. Je ne trace rien du tout au sol et je ne pose aucun récipient. Je jette l’argent en l’air et je dis : ‘Dieu, garde ce dont tu as besoin et laisse-moi le reste’. Ce qui retombe, c’est pour moi ». Tu vois comment ces hommes se jouent de Dieu. Et pourtant celui-ci ne dit rien. Bien au contraire, il continue à faire lever son soleil sur l’imam, sur le pasteur et sur le curé ! Dieu est vraiment le champion de l’amour. Voilà pourquoi il est toujours heureux, car l’amour est la seule richesse qui apporte le bonheur. Comme Le Bouc se voyait déjà vainqueur et que, dans quelques petits instants, il deviendrait l’heureux Père du sauveur, il entonna « Rosalie » de Georges Ouédraogo qu’il alterna avec son autre cantique préféré : « Je t’aime, moi non plus ». Beaucoup de candidats passèrent après Le Bouc, mais l’on trouva toujours à redire : L’Irondelle ? « Il ne fait pas le printemps ». Or le Christ doit faire le printemps. Le Chien ? Ce sera un Dieu bagarreur. Il ne pourra jamais dire : « Heureux les artisans de paix ... ! » (Mt 5, 9) Sans oublier que sa famille prône l’union libre ! Le Crapaud ? C’est un type sans histoire, mais il n’a pas de langue : il ne pourra pas parler aux foules ! (Lc 9, 11). Le Grillon ? Il fait beaucoup de bruit. Dieu ne fait pas de bruit. Il sera donc incapable de se taire le Vendredi Saint quand Pilate lui demandera ce qu’est la vérité On 18, 38). Vous savez, chez les animaux, quand les types de 200 kilos manifestent leur désir, les types de 40 kilos les écoutent. C’est alors qu’on se rappela ces grandes paroles de l’Ecriture : « Jérusalem, Jérusalem [. .. ] combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes... ! » (Mt 23, 37) Quand Le Porc-épic est en voyage, n’est-ce pas Le Hérisson qui le remplace, comme le dit le proverbe ? On se saisit alors de La Poule, on l’emmaillota comme il faut, puis on la coucha dans la crèche et la fête commença. Notes : 2.L’iguane est appelée familièrement gueule-tapée. L’Observateur Paalga |
Vos commentaires
1. Le 23 décembre 2011 à 04:10 En réponse à : Noël chez les animaux
Vraiment fort ! Dieu bénisse abondamment !
2. Le 23 décembre 2011 à 15:12 En réponse à : Noël chez les animaux
IL est né, le Divin Enfant, dans une étable, l’habitat des animaux domestiques. Emmailloté et couché dans une mangeoire, la table de ces animaux. La première visite qu’Il reçut, Lui le Berger de toute humanité (l’animalité & l’humain) fut celle de bergers d’animaux.
Dans l’attente de Noël, « Viens, Seigneur Jésus, relève toute humanité, ainsi annoncé par le Prophète Isaïe dans son livre 11 ». Puisse tout homme constater que chaque Noël est un pas en avant vers l’entente parfaite entre tous les hommes. Noël, une marque de la qualité de l’Humanité !
3. Le 23 décembre 2011 à 16:57, par mame En réponse à : Noël chez les animaux
J’ai vraiment pris plaisir à lire cette homélie.Dieu vous bénisse et vous donne la grâce de partager avec nous la parole de Dieu.
4. Le 23 décembre 2011 à 19:16 En réponse à : Noël chez les animaux
La Hyenne est vraiment forte !
5. Le 24 décembre 2011 à 13:45, par etika En réponse à : Noël chez les animaux
c’est vraiment très cool, l’homélie soyez bénis