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Médias et culture : « La culture vit au Burkina mais la met-on vraiment en pratique ?", s’interroge Baba Hama

Publié le jeudi 2 mai 2024 à 22h39min

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Médias et culture : « La culture vit au Burkina mais la met-on vraiment en pratique ?

Le Vice-président du Conseil supérieur de la Communication (CSC), Wendingoudi Louis Modeste Ouédraogo, a animé, ce jeudi 2 mai 2024 à Bobo-Dioulasso, une conférence publique sur le sujet « Régulation des médias et promotion culturelle, enjeux de souveraineté », la communication ». Les échanges ont été modérés par l’ancien ministre de la Communication, Baba Hama.

Selon le conférencier, la régulation des médias est un outil essentiel à la promotion « d’une société démocratique inclusive en garantissant la représentation de la diversité culturelle, la protection des valeurs démocratiques et la promotion de la culture nationale ».

A l’en croire, cette régulation qui est nécessaire pour assurer un équilibre entre liberté d’expression et responsabilité sociale des médias, devrait également contribuer davantage à la libre expression culturelle et à la protection des droits des créateurs dans cette société mondialisée de l’information.

« Cependant, prévient-il, la mondialisation de la communication bien qu’offrant des opportunités pour la promotion et la diffusion de la culture nationale, comporte également des risques pour sa diversité et son autonomie ». Raison pour laquelle le conférencier pense qu’il est crucial pour les gouvernements et les acteurs culturels de trouver « un équilibre entre l’ouverture aux influences internationales et la préservation de l’identité de la culture nationale. »

« C’est du reste le rôle important que le Conseil supérieur de la Communication doit jouer, pense le conférencier, en vue de concilier ces deux impératifs sans lesquels la souveraineté tant voulue resterait un vœu pieux ».

Selon Louis Modeste Ouédraogo, dans l’espace communautaire comme l’Alliance des Etats du Sahel (AES), « nous devons nous ouvrir aux cultures des autres pays de l’espace sans véritablement perdre notre identité culturelle. La conséquence à la fin serait d’avoir une identité culturelle commune qui n’est pas contraire à l’identité nationale ».

Dans sa communication, le conférencier a donné quelques pistes en vue de renforcer la régulation des médias et la promotion culturelle.

« Le CSC doit exercer un contrôle plus accru sur l’effectivité de la diversité des contenus diffusés et instaurer le contrôle du respect des quotas de diffusion de la musique burkinabè dans les paramètres de monitoring et rehausser ces quotas. Actuellement, ces paramètres ne font pas ressortir des statistiques claires sur le niveau de respect de ces quotas. C’est une insuffisance que le CSC va combler les jours et mois à venir », a laissé entendre le Vice-président du CSC.

En ce qui concerne les contenus étrangers, le conférencier note la nécessité de les contrôler davantage car « ils ne sont pas toujours adaptés à nos réalités culturelles ni conformes à nos valeurs ». « Mais, précise-t-il, cela doit se faire en étroite collaboration avec les autorités gouvernementales afin d’ éviter les stratégies de contournement visant à importer certaines pratiques contraires à nos valeurs dans l’espace AES ».

Toujours selon Louis Modeste Ouédraogo, le CSC doit étendre la régulation aux nouvelles plates-formes numériques de partage des contenus audiovisuels. « Les mécanismes de régulation ne prennent pas suffisamment en compte les nouveaux supports de diffusion des programmes essentiellement étrangers et qui sont accessibles au public via internet », confie le conférencier.

Il reste convaincu que l’acculturation est aggravée par « le développement rapide de nouveaux services audiovisuels à péage accessibles au public de façon individualisée, notamment les OTT (technologie qui fournit du contenu en streaming via des appareils connectés à Internet, ndlr) ».

Pour Louis Modeste Ouédraogo, la culture n’est pas et ne doit pas être un simple levier de croissance. « Elle poursuit des objectifs politiques que seule une bonne régulation permettra d’atteindre. Comme l’atteste cette interrogation du Pr Serge Regourd : Peut-on penser la culture hors de ses enjeux politiques, et la politique hors de ses déterminants culturels ? ». C’est sur cette réflexion que le conférencier du jour a achevé sa communication, modérée par Baba Hama.

En tant que communicateur et homme de culture, le modérateur a indiqué que la défense de la culture est personnelle. « La culture vit au Burkina mais la met-on vraiment en pratique ? », s’est-il interrogé avant de lâcher « Nous sommes tous responsables ».

Selon Baba Hama, les Burkinabè doivent prendre la résolution commune de consommer local au-delà de l’aspect alimentaire. « Consommer local ne veut dire de consommer que du benga, du babenda, du zamanin. Il y a aussi le warba, le tarka, le denkè-denkè, qu’il faut apprendre à consommer. Et vous verrez que les médias n’auront pas d’autres choix que de répondre à vos desiderata. Les médias sont en quête d’audience et si ce qui vous plaît c’est la musique burkinabè, alors je ne vois pas un média qui va ramer à contre-courant. Bien au contraire ce sera avec plaisir qu’ils le feront », a-t-il conclu.

Fredo Bassolé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 2 mai à 19:55, par Modeles Culturels En réponse à : Médias et culture : « La culture vit au Burkina mais la met-on vraiment en pratique ?", s’interroge Baba Hama

    Comment Mr. Le Ministre Hama definit la culture ? Si la culture est definmie comme les croyances, les valeurs, les normes et les pratiques sociales partagees par un groupe d’ hommes et de femmes et qui restent stablent dans le temps mais pas immuables, cette question ne se pose pas. On n’a pas besoin de mettre en pratique une culture. Elle se vit, que l’ on soit en conscient ou pas. Et toute personne a une culture qui fonctionne comme notre programme mental.
    Il y a certaines personnes dans certaines societes qui ne vous diront jamais les choses en face. D’ autres vous diront sans pren- dre des gants. Toutes ces differentes manieres, c’ est la culture qui les a vus naitre et grandir qui en est la raison,
    Peut- etre veut- il dire que les pouvoirs publics ne valorisent pas suffisamment les cultures en les appuyant financierement, l’ argent etant le nerf de la guerre.
    Mais la encore, je dirai au Ministre de faire tres attention. Quand l’ etat se charge de la culture, elle devient la culture officielle et elle peut entraver la culture sincere, du pays reel.

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