Actualités :: Burkina Faso : Ce que les Burkinabè attendent du prochain président du Faso, (...)

Comme en 2015, la Convention des organisations de la société civile pour l’observation domestique des élections (CODEL) apportera sa contribution pour des scrutins acceptés, transparents et libres, grâce à sa plateforme de veille électorale. C’est aussi dans cette dynamique que la faîtière a rendu public un rapport sur les attentes des Burkinabè à prendre en compte par les candidats en course à la présidentielle du 22 novembre 2020. Le contenu de cette étude a été dévoilé ce mercredi 7 octobre 2020 à Ouagadougou, au cours d’un déjeuner de presse qui a aussi permis aux responsables de la faîtière de revenir sur les actions jusque-là menées, et de présenter les perspectives.

Ce sondage d’opinion sur les politiques publiques prioritaires vise à mettre sur l’agenda de la campagne électorale et les projets de société, les attentes des Burkinabè. Il se veut donc un plaidoyer auprès des candidats à l’élection présidentielle afin que ceux-ci tiennent compte des attentes des citoyens lors de la campagne et dans leurs projets de société. Cette étude devra également permettre aux médias de prendre en compte ces préoccupations lors des entretiens qu’ils auront avec les candidats.

2 534 personnes âgées de 18 ans et plus ont constitué l’échantillon de cette étude menée du 15 au 23 juillet 2020. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, et la sélection des cibles a été faite de façon systématique et proportionnellement à la structure de la population au niveau national, selon les critères d’âge, de sexe et de catégorie socio-professionnelle, expliquent les responsables de la CODEL.

Selon les organisateurs, la majeure partie des personnes interrogées étaient sans appartenance politique, soit 83,7%, et celles ayant affirmé leur appartenance syndicale ou politique se répartissent entre la majorité présidentielle (7,97%), l’opposition politique (4,74%) et les syndicats (3,51%).

Le rapport fait ressortir que la majeure partie des Burkinabè n’ont pas une bonne perception de la situation du Burkina. 32,1% la décrivent comme un pays sous haute menace terroriste, et 31,8% comme un pays malade qui a besoin d’un médecin à son chevet. A l’actif de cette perception, le terrorisme et son cortège de conséquences, les mouvements sociaux, le Covid-19, la pauvreté et la propension à la gouvernance au gré des opinions exprimées sur les réseaux sociaux. « A ce propos, un enquêté décrit le Burkina Faso comme ‘‘un enfant de la rue ; n’importe qui l’éduque : le fou, l’intellectuel. On a permis que les décisions soient prises en fonction des réseaux sociaux’’ », rapporte l’étude, qui apprend également que des enquêtés nourrissent l’espoir de la restauration du Burkina à l’horizon 2025.

Pour eux, les élections du 22 novembre 2020 pourraient constituer un tournant décisif dans l’histoire politique du pays. Pour 40% des personnes enquêtées, le prochain scrutin (présidentiel, ndlr) apportera une thérapie aux maux qui minent le pays ; 23,2% pensent que le scrutin pourrait, à défaut, être une partie de la réponse. Les sceptiques et les indécis sont moins nombreux avec respectivement 20,2% et 16,4% des enquêtés.

Me Halidou Ouédraogo, président de la CODEL est, lui, revenu sur le déploiement des observateurs à travers le territoire national et la diaspora.

« Les personnes interviewées sont optimistes quant au changement escompté de l’élection présidentielle. En effet, quatre personnes sur cinq ont exprimé une opinion favorable à l’avènement du changement à l’issue de l’élection présidentielle du 22 novembre. Mais ce changement résultera de l’éveil de la conscience populaire pour un choix axé sur la qualité du programme du candidat, de la transparence du processus électoral qui permettra de garantie l’intégrité du scrutin, du courage et de la ténacité du président qui sera élu et de la prise en compte des aspirations réelles du peuple dans les différents projets de société », note-t-on.

« Les élections du 22 novembre pourraient amener la classe politique, dans un dynamisme de conquérir le pouvoir, à élaborer un programme contenant des solutions aux différentes crises », fonde un interviewé.

Les personnes sceptiques, elles, justifient leur sentiment par le contexte politique burkinabè caractérisé par l’analphabétisme, la gestion clanique du pouvoir (qui fait que tout changement d’homme ne rime pas toujours avec la qualité de gouvernance). Certaines personnes sont par ailleurs convaincues que la crise que vit le Burkina est si profonde qu’elle ne peut être résolue par une simple élection.

Intention de vote le 22 novembre 2020 et priorités

L’étude indique qu’une bonne majorité des Burkinabè est disposée à participer aux prochaines échéances électorales, soit 79,2%. « Si cette vérité statistique se perpétue jusqu’aux élections, le taux de participation sera historique », projettent les responsables de la CODEL, pour qui, il appartient aux partis et formations politiques de maintenir cette flamme, voire de l’attiser dans le but de réduire davantage la proportion des indécis.

66,9% de Burkinabè ont pour déterminant du scrutin, la qualité du programme de société du candidat ; 16, 2%, c’est tenant compte de la personne du candidat ; 9,6% pour autres raisons (pour le changement, par devoir civique) ; 5,1% pour l’appartenance politique du candidat et 2,1% par affinité avec le candidat. Aussi note-ton que dans la région du Sud-Ouest, 31% de personnes disent ne pas voter, tandis qu’au Nord, 94,1% des personnes affichent leur intention de voter.

Les priorités du prochain quinquennat sont, selon les interviewés, la sécurité (55,8%), la santé (11%), l’emploi des jeunes (8%), l’éducation (6,3%) et l’accès à l’eau potable (5,5%).

« Les Burkinabè nourrissent l’espoir que le prochain président trouvera, dans les meilleurs délais, l’antidote contre le terrorisme qui engendrera un retour progressif des populations dans leurs localités d’origine. Ce souhait a été vivement exprimé dans les entretiens qualitatifs », révèle le rapport.

Lydia Zanga a insisté sur la nécessité pour les candidats de prendre en compte les attentes des citoyens

Les Burkinabè souhaitent également la poursuite, l’élargissement de la gratuité des soins, le relèvement du plateau technique des structures publiques de santé, la construction des Centres de santé et de promotion sociale (CSPS) dans tous les villages et de Centres médicaux dans les chefs-lieux de commune.

Les enquêtés pensent aussi que les Burkinabè doivent se réconcilier avec eux-mêmes. « Deux actions phares doivent guider la réconciliation nationale dans le prochain quinquennat. Il s’agit de la création d’un cadre de concertation permanent entre la majorité politique et l’opposition politique d’une part, et le gouvernement et les organisations syndicales d’autre part. Ce cadre de concertation a été suggéré par 47,3% des Burkinabè.

La présente étude a révélé que la réconciliation nationale nécessite un dialogue entre tous les fils du pays. Ce dialogue doit se faire dans un cadre inclusif. En outre, la création d’un cadre de dialogue permanent entre le gouvernement et les organisations syndicales devrait permettre d’apaiser le front social et remettre les fonctionnaires au travail. La deuxième action phare concerne le mode opératoire de la réconciliation nationale. 31,3% des enquêtés demandent le respect de la tryptique ‘‘vérité, justice et réconciliation nationale’’ », expose Lydia Zanga, secrétaire exécutive de la CODEL. La justice et l’exploitation minière sont par ailleurs les domaines dans lesquels le nouveau président du Faso est attendu par les Burkinabè.

La rencontre a permis de faire le point des activités menées du début du processus électoral à ce jour. A moins de deux mois des scrutins, la CODEL prévoit plusieurs actions. Ainsi, outre les plaidoyers, on liste un atelier sur le financement privé des partis politiques et le plafonnement des dépenses de campagne (qui aboutira sur l’adoption d’un code de bonne conduite), le recrutement de journalistes pour faire du fact-checking pendant la campagne électorale et après (opération Fumée sans feu), le recrutement de 200 moniteurs pour le suivi d’éventuels cas de violences électorales et la mise en place de la situation « room » électorale avec 3 800 observateurs.

O.L
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