Actualités :: Burkina : L’UPC, la présidentielle, les velléités ethniques, le pouvoir (...)

« Ensemble avec Zèph, un nouveau départ en toute sécurité ». C’est sous ce thème que le « parti du lion », l’Union pour le progrès et le changement (UPC), première force de l‘opposition politique, sonne la mobilisation le samedi, 25 juillet 2020 au Palais des Sports de Ouaga 2000 pour son Congrès extraordinaire d’investiture de son candidat à la présidentielle de novembre 2020. Prenant prétexte de ce rendez-vous beaucoup attendu par militants et sympathisants de ce parti, nous avons rencontré Dr Désiré Boniface Somé, vice-président à l’organisation du Congrès, et ce, sur bien d’autres questions liées aux élections.

Lefaso.net : L’investiture de votre candidat à la présidentielle du 22 novembre 2020 s’annonce dans quelques jours au Palais des sports de Ouaga 2000, faut-il comprendre que les forces politiques se jaugent également en ce lieu, quand on sait que le parti au pouvoir y est passé le 11 juillet et que d’autres s’y annoncent après vous ?

Dr Désiré Boniface Somé : Au départ, nous avions prévu notre évènement au stade du 4-août. Ensuite, le stade municipal Issoufou Joseph Conombo. Finalement, on a retenu le Palais des Sports de Ouaga 2000 pour tenir compte des aléas du temps. Nous sommes en saison de pluies, et comme les deux autres lieux ne sont pas couverts, il faut craindre la pluie. C’est la raison pour laquelle, notre choix s’est finalement porté sur le Palais des Sports de Ouaga 2000. Quoique la salle va déborder (c’est évident), mais au moins, nous aurons une bonne partie des militants, militantes et sympathisants à l’intérieur de la salle.

Lefaso.net : L’investiture est en principe subordonnée à la désignation du candidat par les congressistes, ce d’autant que la candidature au candidat du parti à la présidentielle est ouverte à tout militant… Dans l’hypothèse de plusieurs candidatures, quelle va être la conduite ?

Dr Boniface Somé : L’UPC est un parti politique démocratique très ouvert et organisé. Alors, les candidatures à la présidentielle sont ouvertes jusqu’au 23 juillet 2020. Dans l’hypothèse de plusieurs candidatures, nous avons prévu un processus de sélection pour aboutir au meilleur candidat que le parti va retenir. Dans tous les cas, nous avons prévu la concurrence à tous les niveaux : à la présidentielle comme à la législatives. Nous avons, en tant que parti républicain, mis l’accent sur une désignation ; si elle n’est pas consensuelle, qu’elle soit par vote. C’est-à-dire qu’à défaut de consensus, l’on pourrait passer au vote.

Lefaso.net : Parfois, au sein des partis politiques, cette démocratie est de façade ; tant dans les réalités sont tout autres. Est-ce que tous les militants ont vraiment la possibilité de postuler, sans crainte de représailles politiques ?

Dr Désiré Boniface Somé : Ce que vous dites est une réalité, malheureusement en Afrique. Mais à l’UPC, nous sommes convaincus que seule la démocratie, à travers des faits et gestes démocratiques, des processus démocratiques à l’interne, peuvent convaincre le peuple. C’est pourquoi, chez nous, le vin n’est pas tiré d’avance. C’est vrai qu’un parti a des responsables, des ressources humaines ; celles-ci peuvent à un moment donné s’équivaloir, mais par l’expérience, chacun sait où se situe véritablement sa capabilité, laquelle lui donne aussi véritablement des ambitions. Ceci est déterminant.

Les capabilités, c’est en termes d’expériences politiques, d’expériences professionnelles, de capital social, humain et financier. L’ensemble de ces capabilités permettent, véritablement et honnêtement aux différents candidats de se positionner et normalement de faire des arrangements pour un parti qui a de grosses ambitions. Les différents compétiteurs doivent, au gré de tout ce que je viens d’énumérer, être à mesure de mener sereinement, le plus objectivement possible, le processus pour la désignation d’un candidat.

C’est vrai, un parti est créé sous l’impulsion d’un leader politique, et l’opinion retient de façon systématique que c’est ce dernier qui sera le candidat. Mais comme je le disais tantôt, il faut faire prévaloir les principes démocratiques à l’intérieur et convaincre l’ensemble des militants que c’est le processus qu’il faut. Ce sont ces processus qui doivent être en vigueur, réalistes, pour permettre la désignation d’un candidat.

Lefaso.net : Parlant de capacité, combien faut-il débourser pour pouvoir déposer sa candidature ?

Dr Désiré Boniface Somé : Nous avons retenu 2 000 000 Francs CFA pour tout candidat qui souhaiterait déposer son dossier de candidature. Il retire donc son dossier auprès du comité en charge de la question.

Lefaso.net : Les autres critères ?

Dr Désiré Boniface Somé : Ce sont essentiellement des critères qui tournent autour des valeurs qui prévalent pour toute bonne organisation. Une organisation, c’est d’abord le militant, le responsable et c’est la conscience d’appartenance. Il faut, bien-sûr, d’autres valeurs, telles que la solidarité, l’esprit d’ouverture, l’accessibilité, la compétence, l’intégrité, l’honnêteté. Dans la compétition, l’UPC a prévu dans un premier temps, un canevas de valeurs et les moyens, c’est après.

Pour dire que chez nous, ce que nous mettons en relief, ce sont les valeurs et subséquemment, les considérations matérielles et financières. Nous avons, du reste, dans notre projet de société, mis en avant (que ce soit celui de 2015 ou celui à venir) qu’une société doit être d’abord des valeurs et les moyens viennent secondairement. Lorsqu’un homme incarne des valeurs, les moyens ne font que suivre. Il faut donc faire prévaloir les valeurs, c’est autour de celles-ci que se construisent les choses.

A l’UPC, nous avons toujours mis en avant, les valeurs, les hommes de valeurs et ce sont ces personnes que vous retrouvez la plupart du temps à la tête des organes du parti. Nous disions tantôt que nous sommes le seul parti, à ce jour, à même de faire l’union ; l’union des Burkinabè, l’union des partis politiques. Nous l’avons démontré à travers notre expérience de dix ans d’existence, en travaillant avec l’ensemble des partis politiques (que ce soit le CDP que nous avons combattu autour d’un seul point, qui est l’article 37) que ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir et leurs alliés. L’UPC a donc montré qu’elle sait unir les Burkinabè autour de l’essentiel et c’est ce dont notre pays a besoin aujourd’hui.

Lefaso.net : L’investiture de votre principal challenger, le candidat du MPP, a connu l’adhésion d’environ 70 partis politiques (même si ce sont les partis de l’alliance qui ont accompagné le mandat en achèvement), cela ne vous effraie-t-il pas ?

Dr Désiré Boniface Somé : Pour nous, ce n’est pas une question de quantité qui permet de convaincre le peuple, c’est plutôt une question de qualité. L’UPC, c’est un esprit, une intelligence, une expérience. Alors, un rassemblement de partis politiques dans lequel, si on tire le chapeau au pouvoir (le MPP), le reste, vous avez des partis qui ne peuvent même pas, du point de vue de leurs militants, remplir une cabine téléphonique, ça ne nous dit rien. Donc, qu’ils soient 70 partis, cela n’effraie guère l’UPC qui vise directement le peuple et qui a aussi sa coalition en termes de partis amis qui le soutiennent. Mais au gré de l’expérience que le parti au pouvoir a eue, ce sont les Burkinabè qui vont juger.

La quantité, c’est le nombre d’électeurs et nous pensons que les Burkinabè ont vécu cette expérience, qui est extrêmement amère sur le plan économique, le plan social et même sur le plan physique en termes de déchirement de notre nation. De toute l’expérience de notre pays, depuis qu’il est indépendant, nous n’avons jamais vu un gouvernement ou un pouvoir aussi catastrophique que celui-là. Donc, pour nous, ce n’est pas une question de regroupements de ‘’partillons’’ qui va nous effrayés, c’est le peuple qui va juger et qui va sanctionner. C’est le peuple qui va prendre conscience du comportement et du message de l’UPC.

Lefaso.net : Pour comparaison…, 2015-2020, pensez-vous que l’UPC a aujourd’hui l’avantage du contexte ?

Dr Désiré Boniface Somé : Le contexte, c’est que nous avons un parti au pouvoir qui est véritablement une catastrophe pour les Burkinabè. Pourtant, ils avaient dit en 2015 que leur candidat est la solution. A ce jour, les Burkinabè ont-ils trouvé une solution à un seul de leurs problèmes ? Prenons le cas de la jeunesse, ils ont promis, par an, 50 000 emplois ; à ce jour, quelle est la réalité ? Alors que la jeunesse monte en puissance.

En termes de connaissances, de compétences, de maturité, que devient cette jeunesse-là, si un pouvoir n’est pas à mesure de libérer un génie créateur pour trouver du travail pour celle-ci. Un parti au pouvoir qui n’est pas à mesure d’être imaginatif pour répondre à cette préoccupation des jeunes fait courir le pays à la ruine. C’est ce que cette jeunesse-là a constaté, celle consciente bien entendue. C’est cette pro-activité que l’UPC propose (et c’est ce qu’il a proposé en 2015) : capacité de création d’emplois, capacité de sécurisation du peuple, capacité de croissance économique sur fond de valeurs sociétales endogènes : le "Burkidlim" (intégrité, ndlr).

L’UPC, au départ, a semblé être un parti contestataire ; aujourd’hui, le parti s’est affirmé comme un parti de gouvernement. C’est du reste la raison pour laquelle, beaucoup de gens avaient estimé que sous le mandant actuel, et au regard des dérives de gouvernance, l’UPC allait reprendre la rue par des marches-meetings, des contestations et autres. Non, l’UPC a une autre stratégie, bien élaborée depuis la prise du pouvoir par le MPP.

Après seulement un an d’exercice du pouvoir de ce parti et de ses alliés, l’UPC avait déjà tiré la sonnette d’alarme en constatant que c’était le tâtonnement. Du tâtonnement (au départ), nous sommes passés aujourd’hui à la catastrophe. Voyez-vous, pour une gestion d’une année, sur les questions économiques, les marchés ont été estimés à plus de 1 100 milliards de FCFA qui ont été donnés en termes d’entente directe. Où se situe l’émulation de la concurrence entre les entreprises ? Comment s’en sortir, si on n’est pas ami avec le pouvoir (puisqu’il s’agit d’ententes directes sous clientélisme non déclaré mais imaginable).

Qu’en est-il des jeunes qui viennent de créer leurs entreprises avec des valeurs ajoutées en termes de connaissances et de compétences. L’UPC ne va jamais tolérer de telles pratiques qui débouchent sur la corruption endémique qui prévaut, la malversation. Donc, un pouvoir qui se veut sérieux gouverne par les meilleurs. Cela passe par des compétitions et la sélection des meilleurs. On ne peut pas faire des ouvrages où ce qui motive celui-là qui offre le marché, c’est sa part de gâteau (et c’est ce que nous vivons avec les ententes directes, ici ce n’est pas le peuple qu’on veut servir).

L’UPC qui va arriver au pouvoir dans quelques mois s’attend à reprendre beaucoup de ce qui a été prétendument réalisé ; parce que réalisée sur ces entrefaites de corruption, ça ne peut pas être des infrastructures sérieuses. D’ailleurs, lorsqu’on nous rabâche les oreilles qu’il y a eu des goudrons, etc., mais, l’ensemble des voies réalisées ont été une prévision du pouvoir passé et la plupart des financements ont été prévus et obtenus par le gouvernement passé. Ce que les Burkinabè doivent savoir, c’est que si l’UPC prend le pouvoir (l’Etat étant une continuité), nous allons dire la part des choses, le plus franchissement possible : voici ce que les gouvernements passés ont prévu et voici ce que nous allons ajouter (ça se trouve déjà dans notre projet de société).

Lefaso.net : Allez-vous jouer la carte de l’honnêteté, voulez-vous dire ?

Dr Désiré Boniface Somé : Nous allons jouer la carte de l’honnêteté, pour que le peuple voit ce qui est fait par nous-mêmes et ce que nous avons fait en termes de continuité de l’Etat, qui nous a été laissé par les autres. Regardez ce pouvoir actuel, dans tous les domaines, tout est couvert de mensonges, d’arrogance, de vols, de corruption, pendant que les terroristes dessinent désormais la carte du pays pour nous et les chancelleries occidentales lui donnent la couleur qu’elles veulent.

L’UPC ne peut pas s’accommoder de cela. Je ne vous apprends rien de ce qui est de l’importance que notre leader, Zéphirin Diabré, accorde à ces valeurs pour notre pays. C’est un homme qui n’a plus rien à prouver, en termes de compétences. Quand vous avez gouverné 192 pays (je parle du PNUD où il a été administrateur adjoint) sur le plan économique et social, ce n’est pas la gouvernance d’un seul pays qui va vous poser des limites. Quand du haut de vos compétences, vous vous retrouvez à l’université de Harvard aux Etats-Unis, de l’expérience de ce pays et de ce que nous connaissons en ses hommes de valeur, il n’y a pas mille Africains qui sont passés à Harvard.

Quand vous prenez l’histoire de Zéphirin Diabré, son parcours et les dossiers qu’il a administrés pour le monde entier, je ne pense pas que l’histoire en a connu plus de deux chez nous. Le Burkina a donc la chance, à travers Zéphirin Diabré, de redevenir un pays normal, stable et sécurité, un pays véritablement qui avance ayant une forte croissance équitablement distributive.

Gouverner un pays, ce n’est pas une question de promesse, c’est une question de compétences. Dire qu’on est une solution parce qu’on a duré dans l’exercice du pouvoir-là…, à l’arrivée, on voit le résultat. Mais la question de compétence, c’est la question d’anticipation, de prévision. La compétence, c’est la question d’intégrité, d’exemplarité. Et pour l’instant, vous l’aurez constaté, depuis le parcours politique de cet homme, je ne pense pas qu’une certaine presse ait révélé quelque part des frasques, des manquements ; partout où il est passé, du plan national à l’international le concernant.

Par contre, ce que nous avons chez nous ici, c’est véritablement le jour et la nuit. Je le dis, si véritablement, les Burkinabè sont honnêtes (et je sais qu’ils sont honnêtes), ils doivent l’essayer. Si les Burkinabè sont conscients de leur avenir (je sais qu’ils le sont), ils doivent essayer Zéphirin Diabré. Et des vis-à-vis sont tellement conscients de cette force de Zéphirin Diabré, sa probité, qu’ils ne savent pas par où l’attaquer. C’est ainsi qu’ils glissent subtilement la question de t’ethnie. Mais ça, nous n’en avons cure. Nous, nous sommes simplement convaincus que les Burkinabè doivent être dirigés, non pas sur la base de la religion, du groupe ethnique…, mais simplement sur la base des compétences.

Lefaso.net : Justement, sur cette considération ethnique…, comment l’analysez-vous ; est-ce un sujet pris au sérieux par la direction politique du parti ?

Dr Désiré Boniface Somé : Nous, nous faisons confiance aux Burkinabè. C’est un sérieux discours quelque part, qui est développé et relayé par des esprits malsains, qui ne connaissent même pas l’histoire des rapports des groupes ethniques du Burkina Faso. Ce sont de petits intellectuels au profil mal dégrossi qui utilisent cela à des fins politiques, sans jamais s’imaginer de la dangerosité d’un discours de ce genre. Ces types de discours ont servi des actions dans des pays qui se remettent difficilement aujourd’hui. Mais nous sommes sereins, car nous savons que le peuple burkinabè est mature, un tel discours ne peut pas prospérer auprès de lui.

D’ailleurs, l’ensemble de l’opinion nationale et internationale est témoin de ce qu’il est (M. Diabré) capable de construire une nation unie, forte. Imaginez-vous qu’on vous dise un jour qu’à cause de votre groupe ethnique, vous et vos enfants ne pourrons prétendre à la haute marche du pays, à être présidents chez vous, mais pendant ce temps qu’un Noir, aux Etats-Unis, est devenu président… Voyez-vous un peu ce qu’il peut en être comme frustration ! Les mentalités aussi désuètes, qui sont dans ce discours, ne sont donc pas ouvertes au monde et veulent tirer le pays vers le bas et c’est une situation dont il faut véritablement prendre attention, la combattre et promouvoir autre chose.

Lefaso.net : Avec cette ferme volonté d’arriver au pouvoir, et en référence à l’expérience que vous avez vécue en 2015 (certains des vôtres sont partis, parce que vous avez opté de rester dans l’opposition), ne craignez-vous pas que si vous ratez encore 2020, le parti se retrouve en difficulté avec ses propres cadres et militants, déçus ?

Dr Désiré Boniface Somé : A l’UPC, nous avons formulé notre démarche sur plusieurs hypothèses, et l’hypothèse la plus prospère, plausible, à tous points de vue, c’est l’accès au pouvoir. Que nous soyons minimalistes ou maximalistes, dans tous les cas, l’UPC sera au pouvoir. Il fait confiance au peuple burkinabè. Bien entendu, on ne dit jamais, « jamais ». Nous savons aussi que nous ne sommes pas seuls à partir à cette compétition électorale, nous allons prendre le pouvoir à la présidentielle et aux législatives. Que ce soit l’UPC tout seul, que ce soit en coalition avec les autres partis du CFOP-BF (Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso).

En aucune hypothèse, ces pouvoirs-là n’échapperont à l’UPC. Dans tous les cas, nous avons prévu, au cas où il y aurait un second tour, que tous les autres partis du CFOP-BF soutiennent le candidat le mieux placé. Quand vous observez l’envergure du CFOP-BF, des partis qui y sont, on ne saurait y voir un échec à tous les niveaux. Que ce soient aux législatives où la coalition sera majoritaire à l’Assemblée nationale qu’à la présidentielle où la coalition va conduire le président à Kosyam. C’est donc dire, à tous les coups, l’après-22 novembre 2020, l’UPC est sereine, confiante. Si le parti ne gouverne pas par l’Assemblée nationale, il gouvernera par Kosyam.

Pour nous, l’hypothèse la plus plausible, c’est qu’on gouvernera par tous les deux (Assemblée nationale et Kosyam). Et puisque nous ne sommes pas gourmands, nous sommes prêts à partager ; nous estimons que ce pays-là a besoin de réconciliation sociale, de réconciliation politique. C’est pour cela, l’UPC ne va pas occuper toutes les instances de gouvernance de ce pays. Même en cas de victoire sans coalition, le parti a prévu de s’ouvrir aux autres partis en leurs ressources et compétences les meilleures, pour pouvoir travailler avec tout cadre reconnu comme compétent, pour le développement de ce pays.

Chez nous, les considérations idéologiques du genre « si vous n’êtes pas avec moi, c’est que vous êtes contre moi » ne prospèrent pas. La théorie de la séparation physique, comme nos amis de l’autre côté les ont mises en œuvre jusqu’à une récente date, exécuter quelqu’un à cause de la différence idéologique, l’UPC n’est pas dedans. Avec la théorie de la démarcation physique, on connaît où se trouve le pays avec les crimes de sang, l’UPC s’en démarque.

L’UPC ira puiser les compétences où elles existent. Et nous n’avons pas dit qu’en prenant un cadre compétent du CDP, de la NAFA, du MPP…, c’est pour le suborner politiquement, c’est juste pour ses compétences dont on a besoin pour le développement du pays. Si vous observez un peu, le camp qui nous gouverne, ce n’est pas le cas ; pour eux, ce n’est que leur chapelle et ceux qui viennent à la soupe. Avec cette mentalité-là, le pays ne sera jamais prospère un jour. Il faut s’ouvrir ; les nations les plus prospères sont celles qui tirent avantage des compétences, peu importe l’origine.

Nous, nous allons donc descendre les barrières idéologiques pour puiser dans chaque parti politique, les compétences qui s’y trouvent (bien entendu, si celles-ci veulent s’y mettre pour le développement du pays). Et ça va m’étonner qu’un Burkinabè qui se trouve quelque part, on l’appelle pour le développement du pays et il refuse parce qu’il est de tel ou tel autre teint politique. C’est cette vision-là aussi que notre leader, Zéphirin Diabré a ; l’ouverture d’esprit. Il faut donner la possibilité à tous ceux qui ont des compétences et qui veulent les mettre au service du pays, de le faire. Nous avons des jeunes qui sont extrêmement brillants, mais à cause de ce type d’exclusions, ils sont cloitrés quelque part, en train de s’effriter avec leurs expériences, leurs connaissances.

C’est vraiment dommage. Je sais de quoi je parle ; en tant qu’enseignant-chercheur à l’Université Pr Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, de mon expérience, je sais combien sortent de nos universités, de nos écoles au Burkina et combien sont-ils franchement brillants et combien se retrouvent sur le carreau ; parce que tout simplement n’ayant pas quelqu’un qui se trouve dans les entrailles politiques du type de ce que nous connaissons aujourd’hui où tout est affairisme, clientélisme, népotisme. C’est le gouvernement et la gouvernance par la médiocrité. J’appelle médiocrité, l’incapacité qui est servie au peuple. J’appelle médiocrité, le tâtonnement.

J’appelle médiocrité, l’incapacité de produire véritablement des résultats acceptables, l’incapacité d’unir les Burkinabè. Avec l’attitude de ceux qui nous dirigent aujourd’hui, on n’a plus une société. Regardez un peu la fronde sociale, on peut ne pas être d’accord sur le plan politique, mais on doit être d’accord pour travailler, mais si aujourd’hui les Burkinabè ne sont pas au travail, c’est aussi une question de gouvernance.

Vous ne pouvez pas servir au quotidien un mauvais exemple aux fonctionnaires et vouloir quelque part qu’eux, ils se sacrifient. C’est cela la réalité aujourd’hui au Burkina ; le comportement des travailleurs (du public comme du privé) est justifié au regard de ce qui leur est servi chaque jour en termes de gouvernance. De mauvais exemples ne peuvent que servir de mauvaises causes et le pays est dans cette situation.

Lefaso.net : En conclusion ?

Dr Boniface Somé : Les médias constituent le 4ème pouvoir, ils sont essentiels dans le jeu démocratique ; de ce fait, je souhaite qu’ils mettent en lumière, toutes les réalités, pour permettre aux Burkinabè de faire un choix conséquent pour sauver le pays. L’UPC n’est pas un parti qui veut se sauver.

L’UPC veut, non pas se servir, mais servir les Burkinabè. Zéphirin Diabré n’est pas revenu si tôt au Burkina Faso pour se servir, loin de là ; il est revenu au Burkina Faso sur la base de son expérience de gestion à l’international pour servir le Burkina. C’est ce que les Burkinabè doivent comprendre, et il est encore temps pour qu’ils le comprennent. Nous souhaitons donc que les médias continuent d’être le moyen d’éclairage des consciences pour que nous ayons, véritablement, un pays parce qu’un parti sérieux et un homme sérieux auront accédé à sa gouvernance.

Interview réalisée par Oumar L. Ouédraogo
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