Actualités :: Politique : « En 2020, si les Sankaristes arrivent à s’imposer, nous allons (...)

L’invité de la rédaction de Lefaso.net, Me Bénéwendé S. Sankara, 1er vice-président de l’Assemblée nationale et président de l’UNIR/PS (Union pour la renaissance, parti sankariste) a livré son analyse sur la situation nationale, notamment, le bilan de la VIIè législature, les échéances électorales de 2020, la santé de Djibrill Bassolé et la crise humanitaire….interview.

Lefaso.net : Me BénéwendéSankara, alors que la VIIè Législature s’achève ; dites-nous, ce que vous n’avez pas pu faire ?

Me BénéwendéSankara : Une question très intéressante, mais aussi à la fois embarrassante. Ceci est vrai qu’à l’entame de la VIIè Législature, sous le leadership du président Salifou Diallo, tout un plan stratégique a été élaboré pour cinq (5) ans. Quand on regarde le bilan de d’exécution à un (1) an de la fin de notre mandature, on doit pouvoir se féliciter que beaucoup de choses ont pu se réaliser. Le bilan est parfaitement positif.

Ce qui a été fait, on connait ; même si on ne connait pas tout, parce qu’on ne communique pas assez sur tout ce qu’on fait. Je crois que dans la vie d’un homme politique, comme les députés que nous sommes, on ne peut jamais finir avec les projections sur l’avenir, d’autant plus que nous avons fait le serment de travailler pour le bien-être de nos populations pour leur apporter le réconfort, à travers nos prérogatives qui sont constitutionnelles.

Si on s’en tient à nos prérogatives constitutionnelles, en Mars prochain, nous aurons la session des lois ; c’est une session ordinaire et à partir de septembre, on aura une dernière session ordinaire, sous réserve des sessions extraordinaires qui peuvent être convoquées à la demande du premier ministre par exemple. C’est vous dire que ce qui nous reste à faire dépendra des ordres du jour des conférences des présidents ; et, à ce moment-là, on va voter les lois qui sont sur la table de l’Assemblée nationale.

Par contre déjà, la session extraordinaire, qui vient de s’achever et qui s’est poursuivie avec la conférence de l’UPCI (Union parlementaire des Etas membres de la conférence islamique) a déjà initié deux enquêtes parlementaires sur le foncier et sur la téléphonie mobile, c’est le travail qui commence pour les députés.

En dehors de ça, il y a le rôle transversal du député, le rôle social du député, il est sollicité par les populations. Quand vous êtes député, vous avez un mandat national, vous êtes sollicité sur le registre des problèmes sociaux ; physiquement, il contribue, financièrement, il est sollicité.

Quand les burkinabè s’interrogent s’il faut aller aux élections ou pas dans ce contexte d’insécurité et de crise humanitaire, que répondez-vous ?

Il faut souligner avec force que le Burkina Faso est un pays souverain, qui a sa souveraineté, qui a sa démocratie et qui vit en république sur la base des institutions. Donc, ce qui incarne les institutions, c’est leur fonctionnement régulier ; et, les élections sont une règle cardinale de la dévolution du pouvoir.

Donc, nos textes fondamentaux garantissent aux citoyens cette dévolution qui se fait à la bonne date. Si vous avez suivi le chef de l’Etat, il était précis pour dire que les élections auront lieu à bonne date. Dans le dialogue politique, c’est ce qui a été admis,de faire les élections, en respectant l’agenda légal.

Mais, on dit à l’impossible, nul n’est tenu. Si vous voulez respecter l’agenda parce que vous êtes républicains et démocrates ; et que vous êtes attaqués, parce que vous êtes en guerre, la donne change.

Mais, jusqu’à preuve du contraire, je crois que la situation est en train d’être maitrisée, parce que la difficulté est au nord ; c’est à l’Est, dans une moindre mesure souvent au sud-Ouest. La question qui se pose souvent, lors des débats est qu’il faut dédoubler les élections présidentielle et législatives.

Parce que visiblement, il y a des zones où il n’y a pas eu de recensement. Donc, sous réserve, des mesures sécuritaires qui pourraient être prises en ce sens, je pense que les élections sont en train d’être préparées par la CENI (commission électorale nationale indépendante), et nous sommes dans cette dynamique.

Quand vous entendez dire que votre alliance politique (APMP) au pouvoir est gangrénée par la corruption, qu’avez-vous envie d’y répondre ?

Ils ont leurs raisons ; mais, ce n’est pas tout le monde qui dit cela. Ce sont des opinions pluralistes qui démontrent la liberté d’opinion au Burkina Faso ; c’est une bonne chose, la critique.

Mais souvent, il y a des critiques qui ne résistent pas à la contradiction. Quand on parle de la corruption, c’est sur la base des rapports tels que le REN-LAC ; Transparency international ; et, ces constats nous interpellent, parce qu’effectivement, où tout le monde trouve que l’autorité de l’Etat s’est effritée, il y a une espèce de laisser aller. Donc, cette espèce de laisser aller conduit indubitablement à la corruption, et il faut effectivement sévir.

Et, je crois qu’en 2020, si les sankarites que nous sommes, arrivons à nous imposer dans la gouvernance, ce que nous voulons pour notre pays, ce que nous allons faire, c’est que le Burkina Faso retrouve ses noblesses d’antan. Ce pays est le pays des hommes intègres ; qui malheureusement est en train de foudre son camp, et là, c’est un constat désolant.

Au cours d’une interview, l’opposition politique a estimé que les calculs électoraux étaient en sa faveur en 2020. Est-ce que l’UNIR/PS peut en dire autant ?

(Rire) Ah bon ? Elle dit ça sur la base de quoi ? Ce n’est pas interdit de s’égratigner ; comme on le dit on mooré ; on peut se gratter et en rire en même temps. Je ne le pense pas. Pour être plus sérieux, je crois que le bilan que présente le président Kaboré, malgré la situation sécuritaire, malgré les difficultés, est un bilan positif, malgré la situation de guerre.

Et, je ne pense pas que quelqu’un d’autre pourrait venir annihiler, faire mieux que ce qui est fait. Ce qu’il faut, à mon point de vue, en 2020, c’est de travailler sur des aspects comme la gouvernance, travailler à créer des conditions optimales de l’autorité de l’Etat ; il faut savoir s’affirmer pour pouvoir faire en sorte que la justice puisse fonctionner pour donner confiance aux citoyens, parce que la justice est le rempart des attentes citoyennes.

Je pense que sur le terrain du développement tout court, le Burkina Faso sous le président Kaboré a fait des efforts en matière de développement, des infrastructures, pour réaliser le PNDES. Avec ce bilan, les burkinabè sauront faire la différence entre l’ivraie et le bon grain.

Serez-vous candidat aux futures élections ?

Je suis d’un parti politique, qui a des structures et qui fonctionne régulièrement. C’est ce parti-là qui a toujours désigné son candidat, et, je l’ai été en 2015, de par la volonté du parti. En 2020, le parti décidera également, ce, d’autant plus que le congrès se tiendra bientôt, posez moi la question après le congrès, et je vous répondrai.

En 2020, allez-vous faire de l’espace à un jeune pour présider au destin de l’UNIR/PS ?

Il ne faut pas attendre 2020 pour ça ; vous savez, même si c’est aujourd’hui là, venez et prenez –en ; si vous connaissez l’UNIR/PS, c’est le parti le plus démocratique, tout se dit à l’UNIR/PS, nous voulons la discipline ; je ne suis jamais imposé à la tête de ce parti depuis sa création.

Je vous ai parlé un peu de mon parcours, à partir de 13 décembre 1998 pour que je vienne en politique, c’est une histoire. Nous avons été chassés de la Convention panafricaine sankariste (CPS) qui était dirigée par Ernest Nonguema Ouedraogo, et, à l’époque, c’était ma première expérience politique, je ne comprenais rien des retournements politiques ; on avait dit niet, parce que la direction du parti voulait aller au gouvernement d’ouverture que Blaise Compaoré avait proposé pour désamorcer la crise ; et nous avons refusé. Parce que, nous avons estimé que le groupe du collectif du 14 février dont j’étais membre en ma qualité d’avocat avait déjà une plateforme et qu’il ne fallait pas aller contre ça, et on nous a exclu du parti.

Et, nous avons créé l’UNIR/MS (union pour la renaissance mouvement sankariste), voilà à peu près comment, on est arrivé ; et, c’est les camarades qui ont estimé que j’allais diriger le parti. Puis, les instances se sont retrouvées et ont renouvelé le bureau, ensuite on est allés aux élections. Mais dès que nous sommes allés aux élections et on a eu des députés et des conseillers, nos problèmes ont commencé, parce qu’on n’est pas élu, ou, on n’a pas eu le positionnement, cela devient une guerre, souvent fratricide.

Et, ça j’ai commencé par comprendre que la politique quand vous voulez la mener, il faut tenir compte des ambitions et des égos des personnes, mais quand vous dirigez, il faut tenir compte des textes du parti. L’essentiel, c’est d’être impartial, se mettre au-dessus pour prendre des décisions dans l’intérêt du parti. Si quelqu’un d’autre peut mieux faire, je lui laisse la place, j’ai beaucoup de choses à faire.

A regard du copinage de votre parti (UNIR/PS) avec le MPP, à travers l’APMP (alliance pour les partis de la majorité présidentielle), est-ce qu’il n’est pas souhaitable que le MPP absorbe votre parti définitivement ?

C’est une idée que nous avons eue depuis le président Salifou Diallo quand il était président du MPP, après avoir succédé au président Kaboré. Mais, nous inscrivons cela, dans ce qu’on appelle l’unité de la gauche. Je reste convaincu qu’il faut que les progressistes burkinabè arrivent à créer une synergie, parce que ce qui est important pour notre peuple, ce n’est pas les chapelles politiques ; c’est cette dynamique de se mettre ensemble pour avoir une alternative de développement. Et, si on se met ensemble, le MPP est de la social- démocratie ; il y a d’autres partis qui sont progressistes, qui sont de gauche, je crois qu’on peut avoir un programme commun de développement. Mais pour y arriver, il y a moult obstacles à surmonter. Ce sera une union d’ensemble, et non de l’absorption.

Lorsque vous entendez dire que Bénéwendé Sankara incarnait le changement, mais aujourd’hui, il est dans la « soupe » du MPP ? Que répondez-vous ?

(Sourire) Quand j’étais dans mon cabinet, ma soupe était plus agrémentée que dans la soupe du parti au pouvoir, pour ceux qui me connaissent. Vous savez, qu’on m’a présenté dans une revue, comme l’un des hommes les plus riches du Burkina Faso, je rends grâce à Dieu. Mais, je pense que c’est ceux qui ne me connaissent pas qui veulent me dénigrer, qui tiennent ce genre de propos.

Je suis issu d’une famille vraiment modeste. Je dois ma situation actuelle, à mon éducation et à mon ardeur au travail. J’ai été instituteur, j’ai enseigné à l’école primaire, j’ai été professeur, j’ai travaillé dans les plantations d’hévéa à Dabou en Côte d’Ivoire, je n’oublie pas mon passé.

Si je suis venu en politique le 14 décembre 1998, quand j’ai vu le corps de Nobert Zongo fumant, qui était un ami à moi, avec lequel, on travaillait, lui, journaliste et moi, avocat ; je ne faisais pas de la politique politicienne. Mon engagement a une histoire, laissez les dire, mais cela n’enlève en rien ma détermination et mon engagement, ce sont des convictions politiques qui ne peuvent s’éroder à cause de la médisance ; c’est mal connaitre Me Sankara.

J’ai été baillonné plusieurs fois dans ce pays, il y a eu des moments où mes comptes bancaires étaient fermés, je me levais le matin, on me dit que c’est fermé ; moi j’ai subi ça ; nous avons été ceux qui de ce pays, en avril 2000 ont été embastillés ; rasés et jetés en prison ; moi, je l’ai été plusieurs fois.

Quand on a tué Nébié Flavien (élève assassiné le 6 décembre 2000 lors d’un mouvement de grève à Boussé, ndlr), moi, on m’a pris à la morgue pour m’enfermer à la gendarmerie, il y a tellement de choses dans ce pays. Je crois que je suis un homme qui pardonne, qui sait pardonner ; je ne suis pas un homme de vengeance. Certains de vos confrères ont monté ici, ce qu’ils ont appelé, le groupe des intrigues, face à tout ça j’ai résisté, des canards ont disparu de la circulation, grâce à la main de Dieu. Donc, allons de l’avant, laissons les intrigues, la médisance et construisons ce pays-là, autour des valeurs qui rassemblent.

Au regard de la tournure des événements, peut-on affirmer que la sentence tant attendue dans l’affaire Thomas Sankara échappe encore aux Burkinabè ?

Les burkinabè ont un peu raison puisqu’on ne communique pas assez sur l’affaire Thomas Sankara. J’ai souvent l’impression que les burkinabè veulent une chose et son contraire. A un moment donné, une certaine opinion s’était levée pour pointer un doigt accusateur sur d’autres pays, notamment la France.

Quand dans votre procédure judiciaire, vous impliquez des Etats, la procédure devient très lourde ; en ce sens que vous êtes mémoratifs de ce que Emmanuel Macron est venu au Burkina, il avait promis de lever le secret d’Etat ; du coup, le juge qui était avancé sur le dossier, qui était même prêt à clôturer son dossier, était obligé de faire son instruction, d’instruire son dossier sur la base des éléments nouveaux qui proviennent de la France. Du coup, la procédure est relancée ; ce qui explique en partie, la lenteur du dossier Thomas Sankara.

Djibrill Bassolé qui séjourne actuellement en France dans le cadre des soins, a accordé une interview relative aux conditions de sa détention et ses ambitions politiques. Quelles analyses en faites-vous ?

Je lui souhaite prompt rétablissement. Je pense que Guillaume Soro est aussi en France, ils vont se retrouver là-bas. Ce qu’ils vont faire autour d’une tasse de café, je n’en sait rien ; mais, c’est toujours mieux de se parler be-to-be que de se téléphoner et de se mettre sur écoute, et qui peut justement vous amener à vous condamner pour haute trahison.

Donc ; je peux aussi dire que c’est son droit de s’exprimer, ce qui prouve que la liberté est un peu partout ; ensuite ce que je déplore, c’est que beaucoup se sont battus et lui-même le dit que pour qu’il soit évacué, et il a été évacué. Ce qui veut dire qu’il y a une volonté de par les autorités judiciaires, administratives et politiques de ce pays, à ne pas le laisser ici, à l’évacuer. Sous réserve de respecter les conditions en la matière.

C’est quand même quelqu’un qui est condamné. Ce qu’il faut aussi déplorer, c’est peut-être, si peu arrivé, au lieu de s’occuper de ses soins, parce qu’on nous présentait quelqu’un qui avait un aspect piteux, ce qui l’intéressait, c’est, s’exprimer dans les médias. Peut-être, il avait le besoin de s’exprimer. Même au Burkina, il pouvait le faire. Enfin, j’ai noté que ce qu’il a dit, ce n’est pas méchant. Il reconnait qu’il n’y a pas eu d’obstacle en tant que tel, peut-être la lenteur qu’il faut déplorer. Nous souhaitons qu’il se rétablisse le plus tôt possible et qu’il revienne purger sa peine.

Alors que le premier mandant post-insurrectionnel s’achève, qu’avez-vous envie de dire aux burkinabè ?

Ce que nous souhaitons pour le Burkina Faso, c’est que le Burkina Faso retrouve ses lettres de noblesses, pays des hommes Intègres. La vision était vraiment de faire de ce pays, un pays d’intégrité ; qui malheureusement, est en train de foutre son camp, c’est malheureux.

Je salue la bravoure de nos forces de défense et de sécurité (FDS). Tous les citoyens sont derrière les FDS. Je reste convaincu que nous allons vaincre le terroriste, tout est mis, il y a de la volonté pour vaincre le terrorisme.

Je vous assure que s’il n’y avait pas de terrorisme, le Burkina Faso allait être un pays d’une croissance à deux chiffres, c’est ma conviction. Mais, on nous a imposé une guerre qui freine notre élan, c’est un ennemi commun, il faut lutter ensemble ; maintenant les problèmes internes, nous avons aussi une base pour le dialogue, pour discuter, le gouvernement est ouvert pour la discussion, on doit se regarder pour se dire la vérité.

Edouard KamboissoaSamboé
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