Actualités :: Processus électoral : Faible taux d’enrôlement chez les Burkinabè de (...)

Lancé le 4 janvier 2020 pour une durée de 23 jours (26 janvier 2020), le processus d’enrôlement des Burkinabè de l’étranger ne répond pas à ses promesses. Sur une projection d’environ deux millions de personnes attendues, et à moins d’une semaine de l’échéance, seulement 14 185 Burkinabè étaient enrôlés dans l’ensemble des 22 Ambassades et Consulats retenus à travers le monde. C’est ce qui ressort de la conférence de presse de l’institution en charge des élections, la Commission électorale nationale indépendance (CENI), animée ce mardi, 21 janvier 2020 à Ouagadougou sur le sujet.

« C’est une grande surprise. Vous avez tous été témoins du débat autour du vote des Burkinabè de l’étranger. Vous avez vu la passion qui était évidemment sous-jacente à ce processus. C’est pour cela d’ailleurs que nous avions eu peur, au point que, pour l’étranger, nous avons recruté 800 opérateurs de kits ; parce que nous nous disions que la CENI ne doit pas être débordée. Mais une semaine après, nous avons dû remercier quelques opérateurs de kits ; parce que nous les avions disponibilisés, ils ne travaillaient pas et il fallait les payer. Pour nous, honnêtement, c’est une grande et étonnante surprise. Maintenant, quelle est la raison, je pense qu’après, on peut ensemble regarder et faire, évidement, le diagnostic », a avoué le président de la CENI, Newton Ahmed Barry. Au 17e jour, c’est-à-dire à six jours de la clôture, ce sont 14 185 enrôlés qui ont été enregistrés par les équipes de la CENI (voir détails avec le fichier joint), pour un potentiel d’environ 2 000 000.

Aussi note-t-on que le processus n’a pas démarré au même moment dans les 22 Ambassades et Consulats. En effet, explique le président de la CENI, animateur de la conférence, l’opération d’enrôlement a accusé du retard dans quatre pays à savoir, les Etats-Unis, l’Allemagne, le Canada et l’Arabie Saoudite.

« L’Allemagne a commencé quelques jours après, les Etats-Unis environ une semaine après, le Canada, il y a à peine une semaine et l’Arabie Saoudite est toujours en attente de démarrage. (…). Nos kits sont partis sous le sceau de la valise diplomatique. Mais il se trouve que les Etats-Unis, comme nombre de pays, sont rigoureux sur un certain nombre de choses ; ils ont donc pris le temps sur nos colis. Après une semaine, et avec l’intervention des diplomates, ils ont permis que les valises entrent. En Allemagne, c’est une question de logistique. Là où nous avons jusqu’à présent des difficultés, c’est au niveau de l’Arabie Saoudite », explique Newton Ahmed Barry.

Le premier responsable de l’institution a également, et en réaction à des questions de journalistes, profité pour donner des précisons sur des préoccupations soulevées par certains acteurs politiques. Ainsi, sur l’emplacement des équipes de la CENI dans certains pays, Newton Ahmed Barry a d’abord rappelé que pour ouvrir une juridiction électorale dans un pays, il faut que le nombre de Burkinabè immatriculés auprès de l’Ambassade ou du Consulat atteigne au moins 500.

Autrement, la forte présence de Burkinabè dans une contrée n’implique pas un potentiel d’enrôlés, si ceux-ci ne sont pas immatriculés auprès de l’Ambassade ou du Consulat. « Les Burkinabè peuvent être nombreux (dans une ville), mais non immatriculés. Ils peuvent être 3 000 à Montréal par exemple, mais s’ils ne sont que dix qui sont immatriculés, ce n’est pas parce qu’on va amener un dispositif là-bas pour enrôler qu’on aura plus ; on n’aura que dix, puisque ce sont ces dix-là qui remplissent les conditions », expose-t-il.

Quid des bisbilles autour de la juridiction électorale de New-York ?

En effet, des organisations et personnes-ressources récusent le président de la Commission électorale indépendante de Consulat de New-York ; les protestataires affirment que celui qui a été porté à la tête n’est vraiment pas de la société civile. Ce qui pourrait, selon eux, porter atteinte à un enrôlement conséquent des Burkinabè dans cette circonscription. Les requérants ont, à cet effet, signé une pétition, transmise (selon des sources) à la CENI, en appui à leur requête.

Sur la préoccupation, le président de la CENI explique : « La loi dit que, lorsqu’on met les démembrements en place, on a huit jours pour le contentieux. C’est-à-dire que si vous voulez récuser quelqu’un, vous ne devez pas le faire en dehors des huit jours permis par la loi. Nous avons mis en place le démembrement de New-York entre le 1er et le 15 novembre. Aujourd’hui, celui qui veut récuser, peut toujours aller devant les juridictions, s’il le veut, mais, il est forclos. Même si vous n’aimez pas quelqu’un, si vous êtes forclos par rapport à une action, on ne le fait pas parce qu’on déteste la personne ou qu’on l’aime. La question, c’est la loi. Deuxièmement, les démembrements, comme la CENI elle-même, sont présidés par un représentant de la société civile, et à l’étranger, la loi dit que ce représentant est désigné parmi les associations reconnues par l’Ambassade ou le Consulat. Donc, quand la CENI va, elle s’adresse à l’ambassadeur ou au consul pour lui demander quelles sont les associations de la société civile reconnues, qui sont susceptibles de compétir pour participer au démembrement. C’est ce que nous avons fait. La personne en question a été élue normalement. Pour nous, ce débat n’a pas lieu d’être  ».

Cap sur la révision du fichier électoral au plan national

A quelques jours de la fin de la constitution du fichier électoral des Burkinabè de l’étranger, la CENI a le regard tourné vers l’enrôlement au plan interne. L’opération se déroulera du 3 février au 31 mars 2020. Sur cette phase, la CENI a, « de façon opérationnelle », divisé le pays en trois zones, avec plus de 4 602 points d’enrôlement dans la première zone et environ 4 600 dans les autres zones. Les équipes d’enrôlement passeront deux semaines dans chaque zone, à l’exception de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, où elles mettront 21 jours (pour tenir compte du statut particulier de ces deux entités administratives).

En outre, la CENI, de concert avec ses partenaires, travaille également sur les personnes déplacées. Une étude est en cours pour voir comment intégrer cette catégorie de personnes, confie le président Newton Ahmed Barry. Ce point est aussi une des recommandations du dialogue politique national.

Instruite du faible engouement à la première étape du processus (enrôlement au niveau de la diaspora), la CENI invite l’ensemble des acteurs (partis politiques, société civile, etc.) à s’impliquer dans la mobilisation pour l’enrôlement au plan interne.

En regards des réalités du terrain, l’idée d’une prorogation de la durée de validité des Cartes nationales d’identité burkinabè (CNIB) qui expirent en 2020 est nourrie, confie Newton Ahmed Barry. En clair, précise-t-il, il s’agit de voir avec le gouvernement, si une telle dérogation peut être faite. Ce qui va permettre à ceux qui ne pourront pas renouveler leur CNIB de pouvoir les utiliser pour le vote.


Oumar L. Ouédraogo
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