Actualités :: Elections de 2020 au Burkina : « On va suivre le domaine sécuritaire pour (...)

Le début d’une nouvelle d’année est toujours l’occasion de faire des vœux, de prendre des résolutions et de s’interroger sur ce que pourrait être l’année. C’est aussi l’occasion de faire le bilan de l’année écoulée. En ce début d’année 2020, Lefaso.net a rencontré l’analyste politique Siaka Coulibaly, pour revenir sur les faits marquants de 2019 sur le plan politique, mais aussi pour se projeter sur les enjeux de 2020.

Lefaso.net : Quels sont les faits marquants, selon vous, de l’année écoulée ?

Siaka Coulibaly : A mon avis, le principal fait sur le plan politique, c’est le dialogue politique qui a été initié par le gouvernement courant 2019 et qui a abouti à un résultat qualifié par les acteurs eux-mêmes de positif. Sur le plan formel, on a vu que plusieurs points de l’agenda ont été adoptés de commun accord entre la majorité et l’opposition, si bien qu’on aurait pu espérer que ce dialogue politique débouche sur un contexte politique social plus apaisé, plus favorable au développement et même à la sécurisation du pays.

C’est le principal point pour moi en cette année écoulée, car c’est une rencontre qui a abouti à l’adoption de plusieurs décisions et qui devraient être mises œuvre par la suite. On attend encore de voir quels seront les effets de ce dialogue politique.

Les Burkinabè (autorités, partis politiques, société civile et citoyens) ont-ils été à la hauteur des défis posés au pays en 2019 ?

A mon sens, il y a eu beaucoup de défaillances dans la gestion de la gouvernance en général : politique, économique, sécuritaire… Ce qui fait qu’au bilan, on a une situation pas très reluisante avec beaucoup d’insuffisances. Pour moi, les acteurs n’ont pas du tout été à la hauteur, en particulier les acteurs politiques.

Mais au stade où se trouve le pays aujourd’hui, il s’agit plutôt des acteurs sociaux, les autorités coutumières et religieuses et la société civile qui sont principalement défaillants, parce que n’arrivant pas à influencer les politiques et à les amener à conduire le bateau du pays dans le bon sens.

Quel bilan peut-on alors faire sur le plan politique de cette année 2019 ?

Pour ne pas emboucher la même trompette que les politiciens, je dirais que c’est un bilan qui n’est pas favorable à plusieurs points de vue. Ainsi, au niveau de la sécurité, on n’a plus besoin de revenir là-dessus. Les attaques terroristes qui avaient commencé en 2016 se sont intensifiées et en 2019 ont atteint un paroxysme avec la dimension communautaire qui a été atteinte et surtout avec les déplacés internes.

Là, on ne peut pas dire que la situation a été très bonne dans le pays ; donc c’est un bilan au niveau sécuritaire insuffisant et pas positif. Au plan politique, on a vu le dialogue politique qui a eu lieu qui peut permettre de créditer cette dimension d’une note au-dessus de la moyenne.

Parce que c’est une activité qui a eu lieu même si elle comporte des insuffisances importantes ; à savoir que ce dialogue aurait dû concerner l’ensemble des forces et des acteurs qu’on a identifiés pour que le dialogue soit national et sociétal. Donc, le dialogue est insuffisant, mais le fait de l’avoir organisé est un point important.

On conclura en disant que le bilan est moyen. Sur le plan social, c’est-à-dire du secteur du travail, on a vu une année très mouvementée avec des arrêts de travail, beaucoup de revendications, de confrontations entre le principal employeur qui est l’Etat et les travailleurs et jusqu’à la fin de l’année, on n’a pas vu de grandes conclusions sur cette question de fronde sociale.

On a plutôt vu une sorte d’épuisement des syndicats dans leur lutte, ce qui annonce une année 2020 beaucoup plus mouvementée. Au bilan, le front social n’a pas été également une grande réussite. Sur le plan du développement socio-économique, les données ne sont pas à la disposition du grand public pour estimer si les indicateurs sont favorables. Mais on est obligé d’utiliser les critères informels, notamment l’activité du secteur informel.

Avec les fêtes de fin d’année, les déclarations des acteurs de ce secteur font état d’une baisse des dépenses des ménages pour la célébration des fêtes. On peut penser que, soit il y a une baisse des revenus des ménages, soit le climat ne permet pas aux ménages de faire des dépenses ; si bien qu’au final, l’économie nationale, dans sa dimension informelle, peut être considérée comme n’ayant pas été dans une grande année en 2019.

Quel bilan faites-vous des quatre ans de pouvoir du président Kaboré ?

Le bilan que je dresse est celui du président ; c’est lui qui est à la manœuvre. Avec un système politique semi-présidentiel, c’est le chef de l’Etat qui endosse la responsabilité de la conduite de l’action gouvernementale et en même temps est responsable du bilan qui se présente.

Donc le bilan précédemment établi, à savoir qu’il est très mitigé, est celui du président, si on considère les dimensions sécuritaires, la fronde sociale et le dialogue politique insuffisant. Donc c’est son bilan à lui qui me semble ne pas être ce que lui-même avait proposé de faire, aussi bien pendant la campagne électorale de 2015 que dans ses différents discours d’intention qu’il a tenus pendant son mandat. Il est tributaire du bilan général.

Pour vous, quels sont les grands enjeux de 2020 ?

Pour l’année 2020, les enjeux me semblent très clairs. Il s’agit premièrement de l’enjeu électoral, à savoir que le renouvellement des institutions va avoir lieu en fin d’année. Au vu de l’échéance passée de 2015 et de la gestion des cinq ans du mandat, on peut penser que les élections de 2020 seront mouvementées en termes de recomposition de la scène politique nationale.

C’est un enjeu extrêmement important. Cet enjeu électoral se complexifie avec l’enjeu sécuritaire qui pourrait même faire en sorte que les élections ne puissent pas se tenir. Cela a été évoqué par de hautes personnalités, à savoir que si l’insécurité persistait, il serait fort possible que les élections ne puissent pas se tenir à bonne date. Donc, on va suivre le domaine sécuritaire pour estimer le potentiel même de la tenue des élections.

Principalement, ces deux enjeux apparaissent comme les plus importants, même si les autres restent très importants avec le front social qui risque d’être animé avec les annonces de perceptions sur les impôts qui ont été faites par le gouvernement. Aussi, les autres secteurs de la croissance devraient d’être suivis pour voir s’il y a un relèvement du taux de croissance et surtout une redistribution des fruits de la croissance aux populations, afin que le niveau socio-économique soit plus sécurisé pour les populations. Au finish, il y a beaucoup de défis, de challenges pour 2020. En même temps, c’est une année électorale ; on verra comment les pouvoirs publics vont s’y prendre pour relever ces différents défis et présenter un bilan plus satisfaisant en fin d’année.

Quels vœux formulez-vous pour 2020 ?

Mon vœu, c’est de pour pouvoir relever les différents défis. Il suffirait que le niveau de conscience politique du peuple soit relevé et que ce peuple soit à mesure de faire des choix éclairés, aussi bien en termes de choix de dirigeants que de choix de politique.

Jusqu’à présent, l’histoire du pays est ponctuée de crises importantes, y compris celle dans laquelle on se trouve à l’heure actuelle. Et la seule solution, c’est qu’il y ait un niveau de conscience politique élevé permettant au peuple de faire des choix éclairés. Donc mon souhait, c’est de voir enfin ce peuple être capable d’assumer son propre choix et son propre destin.

Propos recueillis par Juste Ephrem ZIO
Lefaso.net

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