Actualités :: Départ de Daouda Simboro de l’Assemblée nationale : « Cette démission ne nous a (...)

Le député Daouda Simboro a rendu sa démission (5 novembre 2019) de l’Assemblée nationale pour, dit-il, honorer ses engagements. Elu sous la bannière de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) et pour le compte de la province de la Kossi, il est l’un des députés frondeurs de l’UPC, constitués autour du groupe parlementaire Renouveau démocratique (RD, crée en août 2017). Cette posture a instauré un climat délétère entre ces treize députés dissidents et leur parti. Comment la direction de l’UPC a-t-elle accueilli donc cette démission ? Réponse avec le porte-parole du parti, député Moussa Zerbo, à travers cet entretien qu’il nous a accordé ce mercredi, 6 novembre 2019.

Lefaso.net : L’actualité politique est, ces dernières heures, marquée aussi par la démission du député Daouda Simboro de l’Assemblée nationale. Avez-vous été surpris par cette démission ?

Moussa Zerbo : Surpris, c’est trop dire ; parce que nous pensons qu’ils ont trop traîné. Le mandat était réclamé par l’UPC, étant donné que lorsque ces camarades sont arrivés à l’Assemblée nationale, ils ont décidé de se comporter comme s’ils n’étaient pas issus d’un parti politique et à partir de cet instant, il fallait vraiment s’y attendre. Nous l’avons dit : vous ne pouvez pas prétendre ne pas aimer la viande du chien et raffoler de sa soupe. Lorsque vous dites que vous n’êtes pas en phase avec un parti, la logique serait que vous rendiez votre démission et que vous alliez faire ce que vous avez à faire.

Mais lorsque vous dites que vous êtes dans le parti, vous arrivez à l’Assemblée nationale et voulez faire comme si vous étiez issus de candidatures indépendantes, là, il y a un problème. Donc quand nous avons appris la démission à travers les réseaux sociaux et par voie de presse, je dirais que quelque part, ça ne nous a pas trop surpris. Mais ce qui a été notre surprise, par contre, c’est ce qui se dit autour de cette démission ; si la démission, c’est dans le but seulement d’aller être un directeur général adjoint d’une banque, notamment de la BADF, si c’est pour cela qu’il a entraîné ses camarades dans une telle aventure, je suis en mesure de dire que la montagne a accouché d’une souris. Ce, d’autant qu’on aurait appris, au départ, que les négociations étaient autour des postes ministériels.

Si au finish, c’est pour aller prendre un poste de directeur général adjoint, je pense que c’est vraiment tomber bas. Je pense aussi que ce ne serait pas juste d’entraîner les camarades et les abandonner à un moment pour un tel poste. Nous trouvons que cela est vraiment déplorable aussi.

La démission, si ça nous a surpris, c’est dans les propos qu’on a lus à travers la presse. Quand il parle d’un engagement qu’il avait pris, cet engagement, je ne sais pas, mais ce n’était pas avec l’UPC. Cet engagement, je ne sais pas non plus si c’était avec les militants ou avec lui-même. Si c’était avec lui-même, ça n’a pas été porté à la connaissance de la population. En quoi peut-on faire confiance à de telles déclarations ? Peut-être qu’il y a eu la pression morale aussi, une pression de la base, qui sait ? Ce sont autant d’éléments qui ne nous permettent pas de prime abord de dire que ce qui est dit est sincère.

Jusque-là, le groupe n’a pas été exclu du parti, les membres non plus n’ont pas démissionné. Pour son départ de l’Assemblée nationale, le député Simboro a-t-il pris langue avec la direction du parti pour informer de sa décision ?

A ce que je sache, le parti n’a pas été saisi par rapport à cette démarche. Comme vous venez de le dire, jusqu’à preuve du contraire, ils n’ont jamais dit qu’ils vont démissionner du parti. Le parti non plus ne les a pas exclus. Donc, s’ils disent qu’ils sont de l’UPC, nous disons qu’ils sont de l’UPC ; puisqu’ils ont simplement signifié qu’ils avaient démissionné du groupe parlementaire et ils ont créé un autre groupe parlementaire. Chose que le parti n’a pas autorisée, mais l’Assemblée nationale a, sur la base de ses textes, autorisé cela. Mais jusqu’à preuve du contraire, le parti ne reconnaît pas ce groupe parlementaire. C’est pour cela que nous avons intenté une action en justice.

De l’UPC/RD, ils sont passés à RD, parce que le législateur a trouvé effectivement qu’ils ne pouvaient pas continuer à utiliser le nom UPC dans la mesure où ce n’est pas l’UPC qui a autorisé la création d’un deuxième groupe parlementaire.

Le suppléant qui va bientôt rejoindre l’Assemblée nationale est-il d’office un pro-RD ?

Nous ne pouvons pas dire cela. Ce qui est sûr, en son temps, vous reconnaîtrez que c’est l’UPC qui a établi ses listes de candidats au niveau des différentes localités (provinces, ndlr). C’est de la même manière que le suppléant a été positionné. Maintenant, la liberté et la latitude reviennent au suppléant de décider : s’il veut entrer en fronde, libre à lui. Le cas échéant, il est militant de l’UPC.

Quel est l’enjeu de cette démission pour l’UPC ?

L’enjeu de ce départ, c’est que, quelque part, nous avons réclamé un mandat. S’il a démissionné de la sorte, on se dit que peut-être, dans les jours à venir, d’autres vont emboîter le pas ; parce que notre objectif est que tous nos mandats puissent nous revenir et que celui qui veut aller faire autre chose, aille. L’enjeu est important pour la simple raison que ces mandats ne devraient pas rester comme cela. Si c’est sur la base d’une pression morale qu’il a démissionné, c’est tant mieux. L’enjeu est de taille pour nous, étant donné qu’on réclamait ce mandat. S’il a démissionné, nous pensons que c’est une bonne chose.

Aux temps forts de la crise, la direction politique de l’UPC déclarait au cours d’une conférence de presse que certains frondeurs regrettaient parce qu’ils s’étaient rendu compte qu’ils ont été embarqués dans une sorte d’inconnu. Est-il toujours possible que certains d’entre eux reviennent ?

Quand vous les prenez individuellement, ils n’ont pas le même problème. Chacun a une raison particulière. S’il y avait un problème qui fédérait tout le monde autour, je pense qu’on pouvait comprendre. Mais il ne s’agit pas de ce cas de figure. Il s’agit tout simplement d’une situation où chacun a une raison particulière. Certains ont essayé même d’envoyer certaines médiations auprès de la direction du parti. On ne va pas être avare dans les informations. Je pense que ce sont des gens qui, quelque part, sont de bonne foi, mais il y a une pression de je ne sais où.

Quelque part, les gens ont été embarqués dans une aventure et aujourd’hui, il faut le dire, il y a certains qui le regrettent. Mais devant le fait accompli, chacun a essayé de jouer au dur ; puisque certains estiment que du fait qu’ils ont été diffamés, vilipendés, ils ne peuvent plus revenir et s’ils doivent revenir, ils ne reviendront pas seuls.

Par rapport à cette actualité, avez-vous un message à l’endroit de vos militants et de la classe politique ?

C’est vrai qu’on dit qu’en politique, tous les coups sont permis. Mais je pense qu’il faut prendre les gens au sérieux. Une élection, ça engage des populations et des partis politiques ; la preuve en est que les gens ont réclamé à cor et à cri qu’on ouvre les candidatures indépendantes. Mais dites-moi…, dans tout le Burkina, il n’y a qu’un seul conseiller municipal candidat indépendant qui a pu se faire élire. Jusqu’à preuve du contraire, les partis politiques restent et demeurent des maillons incontournables dans notre démocratie pour pouvoir aller aux élections. Qu’on le veuille ou pas.

A partir de ce moment, c’est de demander à la classe politique que nous soyons responsables. Les personnes que nous élisons et mettons à des postes de responsabilité doivent comprendre qu’il y a un devoir de loyauté, un devoir moral vis-à-vis des électeurs, du parti et du pays. On ne peut pas se permettre de se comporter comme si on était dans une jungle. Notre démocratie, c’est aussi des textes et des règlements qui encadrent ce milieu. Lorsque des gens arrivent à se comporter de façon liberticide, il y a véritablement un problème. Nous demandons aux populations d’être vigilantes.

Désormais, pour donner notre confiance à une personne, il faut qu’on prenne le soin de savoir qui nous allons voter et qui est en mesure de porter nos préoccupations, de défendre les idéaux de son parti et que chaque parti puisse choisir des hommes et des femmes capables de défendre, en tout temps et en tout lieu, les idéaux que les partis se sont fixé. Qu’ils comprennent et réalisent ce que nos populations sont en droit d’attendre d’eux. Mais pas des députés ou des conseillers qu’on va élire et, une fois arrivés à l’instance décisionnelle, ils se comportent comme s’ils venaient du néant.


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Entretien réalisé par
Oumar L. Ouédraogo
Nicole Ouédraogo
Lefaso.net

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